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S'engager en historienne
Michelle Perrot
- CNRS
- Les Grandes Voix De La Recherche
- 18 Janvier 2024
- 9782271149404
Michelle Perrot nous invite à une véritable traversée féminine du XXe siècle.
Si Michelle Perrot est avant tout connue pour ses travaux sur l'histoire des femmes, ses thèmes de prédilection et de recherche dépassent pourtant largement ce champ. Initiée d'abord à l'histoire du mouvement ouvrier et à l'étude des grèves au XIXe siècle par son maître Ernest Labrousse, elle s'est aussi intéressée aux prisons, à l'histoire de l'intimité et à celle de la vie privée. C'est-à-dire à la périphérie des zones de pouvoir, avec un regard enraciné dans le présent.
Revenant sur son parcours intellectuel au sein duquel s'entremêlent enseignements, projets éditoriaux, séminaires, mobilisations et combats, elle rend compte de sa trajectoire singulière et nous invite à une véritable traversée féminine du XXe siècle. -
La première étude de fond sur une forme de violence sexuelle largement sous-estimée.
Procès de Mazan : un moment de rupture sur la question du viol conjugal.
Selon des représentations bien ancrées dans les esprits, le viol est commis dans un lieu isolé par un inconnu violent et armé. Pourtant en France, 9 fois sur 10, la victime connaît l'agresseur et dans ce cas une fois sur deux, le violeur est le conjoint ou un ex-conjoint.
Depuis longtemps, le viol est considéré en France comme un crime. Le viol conjugal faisait exception. Le mari avait le droit d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, y compris contre la volonté de cette dernière et par la force. Depuis 2006, le code pénal reconnaît le viol entre conjoints comme un viol aggravé. Pourtant, les victimes portent rarement plainte et lorsqu'elles le font, les affaires sont souvent jugées, non pas en cour d'assises comme tous les crimes, mais au tribunal correctionnel.
Le viol conjugal a changé de dimension lors du procès dit de Mazan. Ce procès et la place qu'a prise la victime feront-ils décider autrement de quand un viol est un viol ?
Un crime du quotidien éclairé ici par les contributions de médecins, psychologues, sociologues et juristes. -
Le sida : première grande épidémie moderne, qui a fait 40 millions de victimes en 40 ans.
Fin de la pandémie annoncée par l'ONU pour 2030.
Juin 1981, Californie : les premiers cas de sida sont cliniquement constatés sur quatre patients atteints d'une forme rare de pneumonie. Depuis un peu plus de quatre décennies, la maladie a fait plus de 40 millions de victimes sur tous les continents, et profondément bouleversé certains fondements des sociétés contemporaines : sexualité, politiques de santé publique, comportements individuels et collectifs face au risque, solidarité et concurrence internationales, rapport à la science, militantisme et engagement citoyen. Comme toute maladie transmissible,
le sida interroge fondamentalement, à différentes échelles, le vivre-ensemble et le besoin de vivre en société.
Synthèse des nombreux travaux publiés enrichie par l'étude d'archives inédites, cette histoire du sida propose une approche élargie, tant géographiquement (aussi bien en Amérique qu'en Europe et Afrique) que du point de vue des thématiques (économique, sociétale, politique, sanitaire, culturelle, scientifique). Elle vise à explorer les différents enjeux qui font du VIH-sida une maladie si particulière, et un défi toujours actuel, pour peindre le portrait le plus complet possible de cette " première pandémie des temps modernes " dont on annonce la fin pour 2030.
Aussi bien pour un public curieux que pour les chercheurs et étudiants en sciences sociales comme en médecine, cet ouvrage interroge le rapport de nos sociétés contemporaines au risque infectieux et pandémique. -
De haute lutte. La révolution de l'avortement
Stephanie Hennette-Vauchez, Laurie Marguet
- CNRS
- Societe
- 9 Janvier 2025
- 9782271151759
Une histoire du combat pour la défense de ce droit à l'avortement, et des questions qu'il a soulevé ces dernières décennies.
Historique et capitale, la loi Veil de 1975 était néanmoins un texte prudent qui ne consacrait pas un " droit " des femmes à avorter. Elle définissait un cadre contrôlé permettant, au terme de plusieurs entretiens et d'un délai de réflexion imposé, d'obtenir une interruption de grossesse sans encourir les foudres de la loi. Si l'avortement n'était plus un comportement à punir, il demeurait un choix transgressif.
En dépit des nombreuses évolutions de la législation, d'un recours à la pratique qui demeure extrêmement stable, et de son ancrage social, culturel et politique, la question de l'avortement reste éminemment sensible. Les débats parfois virulents qui, en France, ont entouré sa constitutionnalisation, en ont été la preuve, et les mena ces, toujours renouvelées dans leurs formes, ne faiblissent pas.
Cet ouvrage, saisissant l'occasion du cinquantième anniversaire de la loi Veil, entend faire le point sur les connaissances, les étapes juridiques, les difficultés qui demeurent et les représentations sociales et culturelles de ce geste qui, depuis des temps immémoriaux, consti tue une donnée structurante de la vie des femmes.
La mobilisation des savoirs académiques dans des domaines aussi divers que le droit, la sociologie, l'his toire, l'anthropologie, la psychologie, la littérature, le cinéma, l'analyse des pratiques militantes, etc., permet de mettre à distance et à l'épreuve nombre d'idées reçues qui continuent de nourrir la perception commune de l'avortement. -
Les écosystèmes, un bien commun
Sandra Lavorel
- CNRS
- Les Grandes Voix De La Recherche
- 5 Septembre 2024
- 9782271150639
Étudier les écosystèmes pour comprendre les services qu'ils nous rendent.
Une contribution scientifique essentielle pour parer les effets du changement climatique.
Spécialiste d'écologie fonctionnelle, une discipline qu'elle a largement participé à fonder, Sandra Lavorel mime les effets du réchauffement climatique sur les prairies alpines. Elle étudie ainsi en profondeur le fonctionnement non pas d'organismes particuliers, mais d'un écosystème dans son entier, afin d'établir les indispensables services qu'ils rendent : fourniture de nourriture, de combustible, de matériaux, stockage du carbone, qualité des eaux, résistance à l'érosion, pollinisation des cultures, etc.
Pour cela, il lui faut cartographier finement les différents milieux, répertorier et mesurer plantes, insectes et animaux. Ce qui permet la modélisation informatique, indispensable aux prévisions à court, moyen, et long termes.
Ces analyses trouvent un prolongement dans le pilotage des évaluations de la biodiversité au niveau national comme international, dans le but non seulement de dresser un état des lieux, mais également de proposer des solutions. -
Une oeuvre littéraire et de fiction pour mieux saisir ce que font les processus génocidaires au corps et à l'esprit.
" Travail de sciences sociales authentique, ce livre a choisi d'emprunter les chemins inusités d'une autre écriture que celle habituellement mise en oeuvre par leurs spécialistes. Fiction non fictionnelle, Les vivantes n'est pas un roman, mais un récit. Le récit d'une survie physique, psychique et peut-être spirituelle. La survie d'une jeune fille plongée pendant cinq ans dans l'enfer sur terre créé par les Khmers rouges. Un récit à la croisée des sciences sociales, des disciplines de la psyché et de la littérature que seul un auteur en prise de longue date avec le sort des victimes du Kampuchea démocratique pouvait écrire. " -
Le pouvoir des lectrices - Une histoire de la lecture au XIXe siècle
Isabelle Matamoros
- CNRS
- Histoire
- 6 Mars 2025
- 9782271151698
Les pratiques de lecture des femmes à travers des écrits personnels féminins.
Quel est le processus historique de la sédimentation des différences sexuées en matière de goûts de lecture ?
Dans les années 1800-1840 domine l'idée que les lectrices ne s'approprieraient pas correctement les livres. Leur accès au savoir est limité, sous peine de mettre en péril l'équilibre entre les sexes. Contre ces préjugés, Isabelle Matamoros nous plonge au plus près du quotidien des lectrices et de leurs pratiques. Elle propose non une histoire des représentations et des discours sur la lecture des femmes, mais une histoire genrée de la lecture avec les femmes. Que lisaient-elles ? Quel sens donnaient-elles à leurs lectures ?
Ce qui rapproche les femmes qui composent la biographie chorale de ce livre c'est qu'elles lisent. Un peu, beaucoup ; dans leur jeunesse ou tout au long de leur vie ; de manière hésitante ou plus experte ; des romans, de l'histoire ou de la philosophie ; seules, par-dessus l'épaule d'un frère ou d'un père, entre femmes, ou en société.
Si les récits des femmes ici convoqués témoignent du poids des normes, ils laissent surtout transparaître de nombreux usages du livre : se distraire, s'échapper du quotidien, débattre, apprendre, enseigner, ou agir en politique. Et surtout, dans une France corsetée par le Code civil, le désir de s'émanciper. -
Le féminisme, ça pense !
Geneviève Fraisse
- CNRS
- Les Grandes Voix De La Recherche
- 11 Mai 2023
- 9782271147196
D'où tu parles ? : l'interjection bien connue des amphis de 1968 se trouve ici prise au sérieux, comme une invitation à dire non un état ou une situation, et moins encore un bilan, mais une trajectoire, une dynamique. Forte d'une oeuvre philosophique qui déploie les enjeux de la pensée féministe, Geneviève Fraisse relie ses différents points d'articulation - la redécouverte des révolutionnaires de 1848, les rapports femmes/raison, l'historicité des sexes, les notions de genre , de consentement ou d' habeas corpus - et ses résonances biographiques ou implications pratiques, avec le MLF d'abord et jusqu'au Parlement européen. Elle met ainsi en relief une conception de la recherche visant, loin des solutions toutes faites, à augmenter le problème .
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Un va-et-vient constant entre les pensées d'hier et les enjeux d'aujourd'hui.
À distance de l'idée de backlash automatique, une réflexion sur la profondeur historique du processus de libération des femmes.
L'Ancien Régime prend fin en 1789 avec la proclamation de l'égalité des citoyens, la chose est entendue. Mais il n'existe pas, pour les femmes, un moment historique précis, un point décisif qui marquerait la fin de leur oppression, la fin du patriarcat. Pour autant, avant et après la Révolution, puis dans les premières décennies du XIXe siècle, les principes démocratiques ne sont pas sans effets sur la pensée de leur émancipation.
Trente-cinq ans après Muse de la raison, qui mettait en lumière les incertitudes d'une " démocratie exclusive " des femmes, Geneviève Fraisse scrute ici les intuitions et les conséquences de ces principes chez celles et ceux qu'on peut qualifier de logiciennes et logiciens de l'égalité : Choderlos de Laclos, Olympe de Gouges, Fanny Raoul, Stendhal, Germaine de Staël ou Charles Fourier. De manière à chaque fois pertinente, chacun déploie les transformations possibles des relations entre les sexes.
À distance de l'idée de backlash mécanique, ils et elles viennent nous dire, deux siècles plus tard, à quel point la marche vers l'égalité est puissante, avec son histoire autant que sa raison. -
Côté femmes : une autre histoire de la philosophie en France.
Une période clé de l'organisation et de l'activité philosophiques envisagée depuis ses contradictions et ses marges.
" Femme, être incomplet et condamné à une éternelle enfance, tu prétends t'élever à la philosophie ! Quel aveuglement est le tien ? " Les mots de Victor Cousin donnent le ton et annoncent la politique d'exclusion menée sous la IIIe République. Qu'est-ce donc qu'être philosophe en France entre 1880 et 1949 ? C'est d'abord et avant tout porter une barbe : être un homme. Cette situation n'est pas sans susciter des rébellions, des transgressions, parfois des travestissements.
Mêlant combats individuels et collectifs, cette enquête novatrice révèle un pan de l'histoire des femmes aux XIXe et XXe siècles et fait ressortir une galerie de femmes philosophes qui s'affirment en dépit des obstacles : de Jenny d'Héricourt et Julie Favre jusqu'à Dina Dreyfus et Simone de Beauvoir, en passant par Jeanne Crouzet, Julie Hasdeu, Clémence Royer, Jeanne Baudry, Léontine Zanta, Alice Steriad, Lucy Prenant, Hélène Metzger, Renée Déjean, Yvonne Picard, Simone Weil ou Marguerite Buffard Flavien. -
Algérie. La guerre, prises de vues
Marie Chominot, Sébastien Ledoux
- CNRS
- Histoire
- 5 Septembre 2024
- 9782271152015
Des auteurs et autrices de renom s'emparent de la photographie pour renouveler l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne.
Renouveler l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne à partir de la photographie : tel est l'enjeu du présent livre. Rassemblant une vingtaine de chercheurs et chercheuses, il offre des mises en perspective originales de la guerre au plus près de ses acteurs, saisis par l'objectif ou saisissant eux-mêmes des situations qu'ils ont souhaité immortaliser.
Au fur et à mesure de l'analyse, les mots viennent animer ces images provenant souvent d'archives familiales, parfois de la justice ou de l'armée. Les photographies sont ainsi projetées dans une histoire collective que les auteurs documentent par les travaux les plus récents : l'engagement des indépendantistes, les disparus de la bataille d'Alger, la torture, le discours du général de Gaulle à Alger en mai 1958, le sort des harkis, l'exil des rapatriés, la lutte fratricide entre le FLN et le MNA, les camps de regroupement, la guerre psychologique menée par l'armée française ou l'année 1962.
Les regards, points de vue, lieux - en Algérie et en métropole - qui en ressortent nous permettent de comprendre la pluralité des expériences de cette guerre coloniale, mettant au jour autant d'écarts irréductibles que de correspondances. -
La transe pourrait-elle, à l'instar de l'hypnose, constituer un outil thérapeutique ?
Une enquête menée au sein d'un réseau de chercheurs visant à étudier le potentiel médical de cette pratique.
Transe : derrière ce terme à la définition floue réside un phénomène commun, universel et ancestral. Délestée de ses apparats ethnologiques ou mystiques, elle améliorerait nos potentiels cognitif, psychique et organique. C'est la découverte réalisée à l'aube des années 2000, en Mongolie, par l'ethno-musicienne française Corine Sombrun.
À son retour en France, elle s'est entourée de neuroscientifiques pour examiner ce qui, au niveau cérébral, induit les phénomènes de la transe. À l'instar des états de méditation et d'hypnose, désormais fort bien connus, la transe pourrait ainsi devenir un outil thérapeutique complémentaire aux soins standard, pour apaiser certains maux (syndromes psychiatriques, stress, addictions) ou améliorer certaines compétences (concentration, puissance physique, agilité, logique
et rationalité).
Mais pour cela, il est nécessaire que la recherche académique analyse le phénomène et dégage des preuves formelles, phénoménologiques et cliniques. C'est l'objectif ambitieux et téméraire d'un réseau de chercheurs, médecins et professionnels de santé, qui sort la transe de sa gangue ésotérique pour l'instaurer comme pur objet d'étude scientifique. Céline Loozen a enquêté pendant deux ans au coeur de ce réseau émergent, pour en examiner les objectifs et les méthodes, et nous introduit, avec ce livre, à ces travaux prometteurs. -
Enquête sur les nouveaux classiques, de l'Opéra de Paris au Bolchoï
Comment faire vivre et renouveler un art de répertoire dit " classique " et souvent renvoyé, à ce titre, au passé ? Qui sont les chorégraphes qui créent des ballets aujourd'hui et comment se positionnent-ils sur une scène artistique valorisant avant tout la création contemporaine ? Pourquoi les femmes chorégraphes sont-elles si rares dans un domaine pourtant essentialisé comme féminin ?
Voici quelques-unes des questions explorées dans cette enquête au coeur de quatre compagnies majeures - le Ballet de l'Opéra de Paris, le Bolchoï, le New York City Ballet et l'English National Ballet. Attentive au détail des gestes et des corps, cette plongée au sein des studios restitue les interactions qui président au processus de création de nouveaux ballets et interroge leur esthétique comme leur construction.
Réflexion sur les héritages culturels, les manières de les perpétuer ou de les transformer, cette étude met ainsi en lumière les frictions que ne manque pas d'occasionner un art transnational bousculé par les questions d'ouverture culturelle et de diversité, un art entretenu dans des institutions prestigieuses souvent aux prises avec leur identité classique. -
Condamnées à mort : L'épuration des femmes collaboratrices à la libération 1944-1949
Marc Bergère, Fabien Lostec
- CNRS
- Nationalisme Et Guerres Mondiales
- 7 Mars 2024
- 9782271144713
Un bilan chiffré définitif et exhaustif de l'épuration féminine.
L'épuration et la violence au prisme du genre.
Contrairement à une légende tenace, toutes les femmes collaboratrices n'ont pas été graciées par les tribunaux de l'épuration à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont 650 à être frappées par la peine capitale, dont 45 sont finalement exécutées. Jamais, depuis la Révolution française, autant de femmes n'avaient été condamnées et mises à mort en si peu de temps.
Qui sont ces condamnées à mort, de quelle façon ont-elles collaboré, comment vivent-elles leur épuration et par qui sont-elles jugées ? Fabien Lostec brosse le portrait individuel et collectif de ces femmes. Il nous montre qu'au-delà de l'image
de la collaboratrice sentimentale, elles se sont résolument engagées au service de l'ennemi, ont commis des actions violentes et des tortures, ont provoqué des déportations et des assassinats.
La morale et le droit s'entremêlent lors de leurs procès, puisqu'elles sont accusées d'être de mauvaises épouses et/ou mères et, plus largement, de mauvaises femmes. L'auteur examine le temps du jugement jusqu'à la mort pour celles dont le recours en grâce est rejeté et n'oublie pas le temps de l'incarcération ni celui de la sortie de prison pour celles qui bénéficient d'une commutation de peine.
Une étude fine qui vient renouveler par le genre l'histoire de l'épuration et de la violence politique. -
Artistes femmes : la parenthèse enchantée XVIIIe - XIXe siècle
Séverine Sofio
- CNRS
- Biblis
- 23 Mars 2023
- 9782271146908
Entre?1750 et?1850, l'univers des beaux-arts connaît de profondes mutations, dont l'une des conséquences est la banalisation d'une image positive de la "?dame artiste?" : des barrières s'abaissent, des contraintes se desserrent et la pratique de la peinture est rendue plus accessible aux femmes.
S'ouvre alors une période de créativité foisonnante associée aux noms - de moins en moins oubliés aujourd'hui - de Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Adélaïde Labille-Guiard, Marie-Guillemine Benoist, Marguerite Gérard, Constance Mayer, Victoire Jaquotot, Lizinka de Mirbel, Rosa Bonheur...
Pourquoi les artistes femmes ont-elles bénéficié à cette époque de l'intérêt de leurs contemporains et de conditions de travail relativement égalitaires ? Pour le comprendre, cet ouvrage, centré sur le quotidien du travail de création, traite de la pratique des beaux-arts, de son organisation, de ses réalités professionnelles, institutionnelles et économiques. Il met en lumière comment s'est manifestée cette suspension relative et provisoire de l'infériorisation des femmes dans le monde de l'art. -
Michelet, précurseur de la figure moderne de la sorcière comme femme puissante.
Un Michelet méconnu sur une thématique très actuelle.
Au moment où la figure des sorcières revient en force par le biais de la culture féministe, l'historien Jules Michelet, avec La Sorcière paru en 1862, s'affirme comme l'un des inventeurs de ce mythe moderne mais aussi comme le précurseur de contestations tout à fait actuelles.
S'identifiant à sa Sorcière, Michelet, penseur bien souvent jugé hérétique, rompt avec une histoire classique et part en exploration dans le continent perdu de la sorcellerie, qui à son époque n'a pas encore donné lieu à de véritables recherches. Il s'appuie sur sa connaissance générale de l'histoire médiévale mais aussi sur la fiction, la poésie, le conte et le mythe pour reconstituer la figure de la sorcière. À travers elle, il évoque la femme créatrice, son rapport alternatif avec le monde naturel et dénonce le grand enfermement des femmes aux Temps modernes.
Paule Petitier, attentive à la richesse du texte de Michelet, en déploie le subtil feuilletage et les enjeux relatifs à la place des femmes dans le monde et l'histoire. -
Qui a découvert un nombre exceptionnel de comètes et d'astéroïdes?? Une femme. Qui a permis d'organiser la population stellaire?? Des femmes. Et la loi permettant d'arpenter l'Univers?? Encore et toujours... une femme?! Pourtant, quand il s'agit de citer au hasard un «?astronome historique?», on pense le plus souvent à des hommes?: Galilée, Copernic, ou plus près de nous, Hubble. Certes, au cours des siècles, les femmes n'ont guère eu l'occasion d'accéder aux sciences en général et à l'astronomie en particulier. Est-ce pour autant une raison de croire en l'absence totale de leurs contributions??
À rebours des idées reçues, Yaël Nazé retrace le parcours de quelques scientifiques importantes qui ont en commun une particularité?: leur sexe. L'ouvrage suit la trame des grandes découvertes, chaque domaine donnant lieu à une description des phénomènes astronomiques concernés et à un récit où l'on retrouve les grandes figures féminines de l'astronomie.
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Justice d'exception ; l'Etat face aux crimes politiques et terroristes
Vanessa Codaccioni
- CNRS
- Biblis
- 8 Février 2024
- 9782271149749
Justice d'exception
L'État face aux crimes politiques et terroristes
Qu'ont en commun des activistes de l'OAS, des espions soviétiques, des gauchistes de Mai 68 et de la Gauche prolétarienne, des autonomistes corses, basques et bretons ou des membres d'Action directe ? D'avoir été jugés par la Cour de sûreté de l'État, une juridiction d'exception créée par le général de Gaulle à la fin de la guerre d'Algérie et supprimée par François Mitterrand en 1981.
Réservant à des milliers de militants un traitement radical et spécifique (gardes à vue prolongées, arrestations de nuit, jugement par des militaires ou examens psychiatriques), elle illustre une tradition française de justice politique. Or, ces dispositions contre les "?ennemis intérieurs?" ne disparaissent pas avec la cour au début des années 1980 : elles sont au contraire peu à peu réintégrées dans l'arsenal sécuritaire pour constituer le socle de la lutte antiterroriste.
De la répression de l'OAS au jugement des "?malfaiteurs terroristes?" par une justice dérogatoire au droit commun aujourd'hui, ce livre retrace toute la généalogie de l'antiterrorisme sous la ve?République. Il engage aussi une réflexion plus générale sur les frontières ténues entre justice ordinaire et justice politique, ainsi que sur l'utilisation de dispositifs d'exception en régime démocratique. -
Femmes de presse, femmes de lettres ; de Delphine de Girardin à Florence Aubenas
Marie-Ève Thérenty
- CNRS
- Biblis
- 14 Septembre 2023
- 9782271148315
Dès le XVIIIe?siècle, et plus encore au XIXe, des femmes sont des actrices de la presse écrite...
Dès le XVIIIe?siècle, et plus encore au XIXe, des femmes sont des actrices de la presse écrite. Revenant sur la manière dont elles ont réussi à s'infiltrer dans l'article politique, dans la chronique judiciaire ou dans le grand reportage, cet ouvrage propose un panorama des femmes journalistes, du XIXe?siècle à 1944. Pour faire passer leur prose, ces femmes ont parfois privilégié la narration, la fiction, l'écriture intime aussi. Elles ont dû inventer des pratiques, créer des postures, imposer des écritures. Subalternes elles-mêmes, elles ont par ailleurs souvent choisi d'enquêter sur les exclus. Il serait néanmoins caricatural d'affirmer l'existence d'un modèle unique de la femme journaliste qui s'opposerait à son pendant normatif masculin, car il existe une infinité de façons d'être femme journaliste.
Après l'octroi du droit de vote aux femmes françaises, les contraintes et les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes. Pourtant, l'univers de presse reste discriminant, comme en témoignent trois cas plus contemporains : Françoise Giroud, Marguerite Duras et Florence Aubenas. -
Pas sérieux s'abstenir : Histoire du marché de la rencontre XIXe-XXe siècle
Claire-Lise Gaillard
- CNRS
- Histoire
- 1 Février 2024
- 9782271135384
Le marché de la rencontre n'a pas attendu Meetic, Tinder ou Grindr pour prospérer. Tout au plus l'ère numérique lui a-t-elle conféré, en même temps qu'un regain de vitalité, une légitimité nouvelle ?
Le marché de la rencontre n'a pas attendu Meetic, Tinder ou Grindr pour prospérer. Tout au plus l'ère numérique lui a-t-elle conféré, en même temps qu'un regain de vitalité, une légitimité nouvelle. Pendant près de deux siècles, ce domaine d'activité de réputation douteuse a fait de la discrétion une qualité première.
Son entremise est longtemps demeurée taboue dans les familles.
L'examen des registres d'agences matrimoniales et de la presse dédiée aux annonces permet néanmoins de lever le voile. Par-delà les figures chères au vaudeville - ambitieux coureurs de dots, parents autoritaires, oies blanches ou vieilles filles rêveuses -, qui sont les créateurs de ces agences, quels sont les services qu'ils proposent et quelle en est la clientèle ?
Du Courrier de l'hymen dans les années 1790 au Chasseur français (qui revendique 4,5?millions de naissances), les annonces sont aussi la source d'une histoire de l'ordinaire, à hauteur des hommes et des femmes à la recherche d'amour et de bons partis. Par leurs silences entendus et leurs connotations équivoques, elles nous apprennent ce qui, selon les époques, est communément perçu comme admis, désirable ou au contraire inacceptable. Elles sont ainsi des indices de la transformation des sociétés, qu'il s'agisse de l'équilibre entre enjeux économiques et romantiques, du poids des stéréotypes de genre ou des failles grandissantes de la société bourgeoise patriarcale. -
La forêt : histoire, usages, représentations et enjeux
Stéphanie Thiebault
- CNRS
- 8 Juin 2023
- 9782271141637
La forêt est devenue depuis une dizaine d'années un sujet politique majeur de nos sociétés menacées par la crise environnementale et climatique. Les récents incendies, l'accélération de la déforestation inquiètent et mobilisent un nombre croissant de citoyens, d'élus et de scientifiques.
Séquestration du CO2, régulation des précipitations, réservoir de biodiversité... la forêt est indispensable à la survie de la planète et de l'humanité. Son prix n'est plus celui des arbres que l'on abat, que l'on vend pour faire du carton, du papier ou des meubles. Elle a une valeur intrinsèque qui doit être considérée comme telle et respectée.
En Europe, elle est le produit de dix millénaires d'aménagements, de coutumes, de codes, d'ordonnances et de lois, d'artisanats et surtout d'un imaginaire collectif forgé par les innombrables contes et légendes, signes identitaires, remis au goût du jour par le romantisme forestier du XIXe siècle.
Croisant écologie, archéologie et histoire, les notices de ce livre, courtes et précises, s'appuient sur une iconographie associant oeuvres d'art, photographies et schémas explicatifs. La connaissance de l'évolution des écosystèmes forestiers et de leurs relations avec les sociétés humaines au cours du temps constitue le fil d'Ariane de cet ouvrage. -
Tout les oblige à mourir : L'infanticide génocidaire au Rwanda en 1994
Violaine Baraduc
- CNRS
- Cnrs Anthropologie
- 21 Mars 2024
- 9782271148797
La logique génocidaire à son point d'incandescence : l'infanticide.
Un questionnement sur la place des femmes dans les massacres à l'occasion de la commémoration des trente ans du génocide.
En 1994, le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda n'épargne pas les relations les plus intimes. Dans certaines familles " mixtes ", des grands-parents, des oncles, des tantes, des cousins, des maris, et même des pères ou des mères, s'en prennent à leurs proches. Ainsi de Béata Nyirankoko et Patricie Mukamana. Après plusieurs semaines de massacres sur tout le territoire, ces deux paysannes hutu se résignent à tuer les enfants qu'elles ont eus avec leur maris tutsi.
À partir d'entretiens, d'archives judiciaires et d'observations, cette enquête donne à entendre les voix des deux mères et celles de différents membres de leur famille, accusés ou rescapés. Interrogeant le rôle des femmes et des rapports de genre dans les tueries, elle dévoile certains rouages essentiels du retournement des liens affectifs et sociaux à l'oeuvre durant un génocide commandité par l'État, mais massivement exécuté par la population. -
L'immensité de notre Univers ne cesse d'intriguer et de stimuler les imaginations.
Pour mieux appréhender l'infiniment grand et l'histoire de l'Univers depuis ses tout premiers instants, il faut se tourner vers un autre infini, l'infiniment petit, et ses quarks, leptons et bosons, à la base du modèle standard de la physique des particules. En les étudiant, on cherche à percer le secret de l'organisation de la matière à la plus petite échelle. Sans l'infiniment petit, on ne peut décrire ni le Big Bang, ni le comportement des grandes structures stellaires, ni la naissance de la matière. Et sans ces deux infinis ensemble, on ne peut bâtir les modèles théoriques expliquant la matière noire, l'énergie noire ou fonder la gravitation quantique.
Les physiques des infinis sont des physiques hors normes qui se racontent à grand renfort de superlatifs. Elles nécessitent des installations internationales de très grande envergure, et nous entraînent dans des voyages aux confins de la perception où l'on flirte avec la vitesse de la lumière et jongle avec les limites des propriétés de la matière.
En trente courts chapitres abondamment illustrés, cet ouvrage rend compte de ce que l'on sait déjà comme de ce que l'on cherche encore. -
Les femmes et les enfants d'abord ? Enquête sur l'ordonnance de protection
Solenne Jouanneau
- CNRS
- Societe
- 7 Mars 2024
- 9782271144836
Les enjeux et les impasses d'une innovation juridique visant à mieux protéger les femmes.
Une approche sociologique innovante du droit et de la justice.
"?Mieux protéger les femmes?" : telle est l'ambition de l'ordonnance de protection, créée en 2010. Ce dispositif doit permettre à la justice d'intervenir en urgence dans des situations de violence au sein des couples, sans qu'il soit nécessaire de porter plainte
ou d'engager une procédure pénale. Pourtant, cet outil juridique demeure étonnement peu employé.
Afin de comprendre pourquoi, cette enquête originale rend compte aussi bien de la fabrique de la loi que de sa mise en application. Croisant archives, entretiens, analyses statistiques et observation d'audiences, elle revient sur les conditions d'élaboration et de transformation de ce droit à la protection porté par les organisations féministes, avant d'analyser la manière dont les juges s'en sont emparés.
Cette approche innovante permet de comprendre comment l'ordonnance de protection aboutit paradoxalement à instituer un seuil de violence "?juridiquement acceptable?" dans les couples, ce qui contribue à légitimer certaines pratiques d'extorsion du consentement féminin et perpétue ainsi la domination masculine.