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En 1978, Monique Wittig clôt sa conférence sur « La Pensée straight » par ces mots : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » L'onde de choc provoquée par cet énoncé n'en finit pas de se faire ressentir, aujourd'hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. En analysant l'aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l'hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l'anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l'hétérosexualité n'est ni naturelle, ni un donné : l'hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes »/ « femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d'être lesbienne, c'est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est « toujours déjà là ».
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La haine des fonctionnaires
Julie Gervais, Claire Lemercier, Willy Pelletier
- Amsterdam
- 6 Septembre 2024
- 9782354802943
Pourquoi si peu d'insultes envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs, et autant contre celles et ceux qui servent le public en toute égalité ? Fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser ! D'où vient l'incroyable puissance d'évidence d'une telle équation ? Et qui sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires sont-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Ce livre, à l'écriture vive, fournit des arguments en partant d'idées reçues (non, sous-traiter au privé ne fait pas faire d'économies) et de scènes de la vie quotidienne : l'attente interminable, la dématérialisation incompréhensible, le fonctionnaire « laxiste » ou « borné », etc. Appuyé sur de nombreuses recherches, il leur oppose le dévoilement de réalité vécue par des agents de ménage, ouvriers des voieries, secrétaires de mairies, des psychiatres, des gardiens de prison, et les autres. Pour en faire des outils de lutte pour la défense des services publics. Il s'adresse aux fonctionnaires moqués en manque de réplique, aux militants syndicaux et associatifs qui oeuvrent à les défendre, aux étudiants qui veulent comprendre comment le dénigrement des fonctionnaires sert la détérioration des services publics, aux usagers qui souffrent de leur disparition et, plus largement, à tous celles et ceux qui, fatigués d'être montés contre leurs alliés et leurs semblables, veulent ne plus se tromper de cibles et porter la riposte.
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« Dans la mesure où le désir est impliqué dans les normes sociales, il est lié à la question du pouvoir et à celle de savoir qui peut être reconnu comme humain. » « Faire » son genre implique parfois de défaire les normes dominantes de l'existence sociale. La politique de la subversion qu'esquisse Judith Butler ouvre moins la perspective d'une abolition du genre que celle d'un monde dans lequel le genre serait « défait », dans lequel les normes du genre joueraient tout autrement.
Ce livre s'inscrit dans une démarche indissociablement théorique et pratique : il s'agit, en s'appuyant sur les théories féministe et queer, de faire la genèse de la production du genre et de travailler à défaire l'emprise des formes de normalisation qui rendent certaines vies invivables, ou difficilement vivables, en les excluant du domaine du possible et du pensable. Par cette critique des normes qui gouvernent le genre avec plus ou moins de succès, il s'agit de dégager les conditions de la perpétuation ou de la production de formes de vie plus vivables, plus désirables et moins soumises à la violence.
Judith Butler s'attache notamment à mettre en évidence les contradictions auxquelles sont confrontés ceux et celles qui s'efforcent de penser et transformer le genre. Sans prétendre toujours dépasser ces contradictions, elle suggère la possibilité de les traiter politiquement : « La critique des normes de genre doit se situer dans le contexte des vies telles qu'elles sont vécues et doit être guidée par la question de savoir ce qui permet de maximiser les chances d'une vie vivable et de minimiser la possibilité d'une vie insupportable ou même d'une mort sociale ou littérale. » -
Défaire voir se compose de trois parties :
- Une introduction, qui déplie le problème de la littérature politique en toute généralité.
- Un dispositif littéraire, intitulé « Manger les riches, une décomposition », qui prend pour départ le scandale des Ehpad Orpéa, et en dégage le régime de pulsionnalité du capitalisme financiarisé.
- « Se faire Voyant », une théorie de la littérature comme productrice de figures. Terme par lequel on désigne les textes qui produisent dans leur forme même une aperception nouvelle des logiques politiques et sociales.
Il s'agit de mettre en oeuvre et de théoriser une littérature politique qui tienne ensemble les deux termes « littérature » et « politique », sans sacrifier l'un à l'autre. Où dispositif d'écriture et précision analytique soient indissociables. En somme, une façon de rappeler que la littérature est un régime spécifique de la pensée. -
Pourquoi la classe compte : Capitalisme, genre et conscience de classe
Erik Olin Wright
- Amsterdam
- 19 Janvier 2024
- 9782354802813
Dans cet ouvrage, Erik Olin Wright propose une évaluation minutieuse de la pertinence et des limites de la catégorie de classe pour expliquer le fonctionnement des sociétés. Cette défense de la portée heuristique de l'analyse de classe centrée sur l'exploitation est fondée sur l'étude empirique de la structure sociale de plusieurs pays occidentaux, en particulier les États-Unis, le Canada, la France, la Norvège et la Suède. Elle passe par l'exploration de trois problèmes interconnectés : les caractéristiques et les variations de la structure de classe elle-même ; la relation entre classe et genre en tant qu'aspects de la structure sociale ; le lien entre structure de classe et conscience de classe, c'est-à-dire la compréhension que les individus ont de leurs intérêts de classe.
Loin des affirmations grandioses du matérialisme historique orthodoxe (par exemple de l'idée selon laquelle la dynamique du capitalisme pointerait dans la direction d'un avenir socialiste), Wright s'attache à mettre au jour la manière dont la classe influe sur de nombreux aspects de la vie sociale, des réseaux de sociabilité à la mobilité sociale en passant par le travail domestique.
Soulignant les dimensions spécifiques des différentes sociétés capitalistes étudiées, il montre que si la classe n'est pas partout et toujours le facteur explicatif le plus important, elle constitue néanmoins, par-delà sa dimension normative, un facteur structurant de la vie sociale. -
Racismes d'état, états racistes : un brève histoire
Olivier Le Cour Grandmaison
- Amsterdam
- 2 Février 2024
- 9782354802820
« Racismes d'État, xénophobie institutionnelle ou de même nature, discriminations systémiques engendrées par des politiques publiques ou favorisées par l'absence de prise en compte de leur gravité, ce sont là nos objets. » Depuis un certain nombre d'années, les procès en séparatisme et en communautarisme se sont multipliés. Procès intentés non plus seulement par l'extrême droite, dont on connaît les outrances, mais aussi par des intellectuels respectables et des responsables politiques soi-disant modérés. Le but d'une telle offensive ?
Discréditer comme un pur et simple délire la tentative de nommer les discriminations systémiques. Ainsi, le racisme ne pourrait exister dans notre république puisqu'il y est interdit au nom du principe d'égalité qui la fonde ; prétendre le contraire reviendrait à tout confondre, à se vautrer dans l'outrance, à se ranger du côté de ceux qui menacent les institutions.
L'offensive a pris une telle ampleur qu'il fallait y apporter une réponse précise. Contre les amalgames et les caricatures, cet ouvrage propose l'étude de deux concepts - ceux de racisme d'État et d'État raciste - dont il retrace la genèse et définit les strictes conditions d'application. Non, dire qu'une xénophobie d'État s'exerce à l'encontre de certaines populations ne revient pas à comparer la France d'aujourd'hui à l'Afrique du Sud de l'apartheid.
Mais, si l'on doit se garder des comparaisons hâtives, on doit aussi examiner, dans leur glaciale variété, les pratiques réelles, passées et présentes, des régimes dits démocratiques, sur le plan intérieur comme à l'étranger. Il en va de l'efficacité du combat contre le racisme et la xénophobie. -
Depuis quelques années, le féminisme connaît un nouvel essor, en France et dans le monde occidental, mais aussi partout ailleurs, particulièrement en Amérique latine. Ce petit livre a pour ambition de faire le point sur la diversité des luttes et réflexions actuelles. Il fait l'hypothèse qu'une « quatrième vague » du féminisme a commencé. Il propose tout d'abord un parcours politique et intellectuel à travers l'histoire trop méconnue des trois premières vagues, dont il détaille les grands courants, les lignes de force, les lignes de clivage et les points aveugles : ce souci pédagogique est une de ses premières vertus, surtout à une époque où l'on réduit parfois uniformément la deuxième vague à un féminisme « blanc », « bourgeois » ou « d'État ».
L'autrice insiste sur les enjeux et les points de division du mouvement aujourd'hui (les femmes musulmanes, le travail sexuel et les personnes trans, notamment) et défend un féminisme axé sur la « reproduction sociale », sur la relation entre oppression de genre et perpétuation du système capitaliste.
S'inscrivant dans les pas de Lise Vogel et Silvia Federici, elle jette un pont entre le féminisme matérialiste ou marxiste des années 1970 et les luttes et travaux les plus contemporains.
Les lectrices et lecteurs trouveront dans ce livre un précieux guide pour s'orienter dans l'histoire et l'actualité du féminisme.
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L'effacement du trauma : aux origines de la psychanalyse
Carlo Bonomi
- Amsterdam
- 17 Mai 2024
- 9782354802684
Un récit inédit des origines de la psychanalyse, qui en dévoile le traumatisme fondateur.
Dans cet ouvrage, Carlo Bonomi propose une enquête sur la genèse d'un élément fondamental de la théorie freudienne : l'angoisse - ou le complexe - de castration. Il montre que l'invention de la psychanalyse est le produit d'un traumatisme inavoué et refoulé, lié à la mutilation génitale subie dans l'enfance par une des patientes de Freud.
Pour des raisons à la fois culturelles et personnelles, Freud ne pouvait pas reconnaître le caractère traumatique de l'opération nasale qu'il infligea à Emma Eckstein. Ce geste, inconsciemment identifié à un acte de circoncision, l'a néanmoins profondément troublé, et a joué un rôle crucial dans le processus qui l'a conduit à abandonner la théorie de la séduction. Il le ramenait en effet, lui le Juif en voie d'assimilation et en conflit avec son père dans un contexte violemment antisémite, au foyer de ses angoisses.
La prise en compte de la dimension traumatique de cet épisode jette une lumière nouvelle sur les origines de la psychanalyse. Car bien qu'inavoué et aussitôt effacé, ce traumatisme est resté au coeur du système de pensée de Freud. De ce fait, il se situe au fondement de certains angles morts de la théorie transmise par ce dernier à ses plus proches disciples. -
La norme gynécologique : ce que la médecine fait au corps des femmes
Aurore Koechlin
- Amsterdam
- 16 Septembre 2022
- 9782354802530
Parmi les spécialités traitant de la santé des femmes, la gynécologie occupe une place à part : à la différence de l'obstétrique ou de la chirurgie gynécologique, elle ne porte pas sur un moment particulier de la vie corporelle, la maladie, la grossesse ou l'accouchement, mais consiste à suivre les patientes sans justification médicale apparente de la puberté jusqu'à la mort. Elle repose donc sur l'idée que les femmes nécessitent un suivi spécifique et régulier.
Ce livre se donne pour but de défaire cette évidence : pourquoi les femmes doivent-elles consulter un gynécologue une fois par an ? Cette injonction, qui n'a bien sûr pas d'équivalent pour les hommes (il n'existe pas d'« andrologie »), correspond à ce qu'Aurore Koechlin appelle la « norme gynécologique ».
Pour l'étudier, elle a choisi de mener une enquête ethnographique au long cours, sur plusieurs terrains, auprès de praticien·ne·s et de patientes. Ainsi, elle interroge en féministe, au plus près de l'expérience, la nécessité du suivi gynécologique, la manière dont les femmes le vivent et la curieuse pathologisation du corps féminin qu'il implique. Elle retrace les étapes de la « carrière gynécologique », identifie ses effets, notamment psychiques, examine les relations médecins/patientes et l'inégale qualité des soins prodigués selon la classe et la race, et, enfin, s'intéresse aux résistances, partielles ou totales, à cette norme gynécologique, qui prennent par exemple la forme de l'auto-gynécologie. -
Intersectionnalité : une introduction
Sirma Bilge, Patricia Hill collins
- Amsterdam
- 20 Janvier 2023
- 9782354802318
Lieu commun dans les sciences sociales et dans certains cercles militants, féministes et antiracistes en particulier, la notion d'intersectionnalité alimente dernièrement l'une des grandes paniques morales dont notre époque est coutumière : elle serait synonyme de « communautarisme », de « séparatisme ». Ce n'est absolument pas le cas, comme le montre ce livre riche, synthétique et vivant, qui a pour ambition d'introduire le concept auprès d'un large lectorat. Il s'agit d'un outil d'analyse des situations de tort, généralement constituées d'oppressions imbriquées. L'analyse intersectionnelle ne consiste pas à plaquer des notions génériques (la triade « race, classe, genre ») sur des faits, mais à développer une perception fine et située du caractère relationnel des oppressions.
L'intersectionnalité est en outre une pratique critique ayant la justice sociale pour horizon. En ce sens, elle ne se réduit pas au champ académique, loin de là. Les autrices font commencer son histoire dans les années 1960-1970, avec les pratiques intellectuelles et politiques de femmes non blanches et, plus spécifiquement encore, avec le féminisme noir et chicano de cette période. Puis elles expliquent comment cette approche s'est institutionnalisée et mondialisée à partir de la fin des années 1980. La pédagogie critique inspirée de Paulo Freire constitue un autre axe généalogique, plus inattendu, développé dans l'ouvrage. Ni communautariste, ni individualiste, ni victimaire, l'approche intersectionnelle souligne donc le caractère social et concret des identités, individuelles comme collectives, dans une perspective émancipatrice.
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Revenant sur les origines de cette association, Kévin Bideaux met en évidence les idéologies sous-jacentes aux emplois de cette couleur. Il montre que le rose contribue à une esthétisation du genre et à la répétition de stéréotypes : tour à tour marqueur de beauté et de séduction, de douceur et de naïveté. En marquant le féminin, le rose le rend superficiel et artificiel, et par conséquent l'invisibilise. Associé au masculin, il connote l'efféminement, voire l'homosexualité. En ce sens, le rose est une véritable « technologie de genre », participant constamment à la production de ce dernier.
À l'intersection des études de genre et de l'histoire de l'art, cet ouvrage retrace la longue histoire sociale, artistique, politique et culturelle du rose : de sa rivalité avec le rouge à son association à la fleur, en passant par le rendu des chairs - et donc de la nudité - dans la peinture ; des évolutions de la mode à l'opposition du bleu et du rose, ou aux usages que le cinéma, les dessins animés et les jeux vidéo en ont fait ; de la construction de la préférence pour le rose à sa place dans le marketing, en passant par la relation ambivalente que les mouvements féministes et LGBTQ entretiennent à son égard -
Les subalternes peuvent-elles parler ?
Gayatri chakravorty Spivak
- Amsterdam
- 20 Août 2020
- 9782354802097
Les Subalternes peuvent-elles parler? est l'un des textes de la critique contemporaine et des études postcoloniales les plus discutés dans le monde depuis vingt-cinq ans. Problématique et polémique, à l'écriture vigoureuse, il a démontré depuis sa première publication, par le nombre de commentaires, de critiques et de recherches qu'il n'a pas cessé de susciter, une productivité peu commune, qui n'a d'égale peut-être dans son domaine que celle des écrits d'Edward Said et de Homi Bhabha.
« En suivant un parcours nécessairement sinueux, cet essai partira d'une critique des efforts déployés actuellement en Occident [notamment par Gilles Deleuze et Michel Foucault] visant à problématiser le sujet, pour aboutir à la question de la représentation du sujet du Tiers-Monde dans le discours occidental. Chemin faisant, l'occasion me sera donnée de suggérer qu'il y a en fait implicitement chez Marx et Derrida un décentrement du sujet plus radical encore.
J'aurai de plus recours à l'argument, qui surprendra peut-être, selon lequel la production intellectuelle occidentale est, de maintes façons, complice des intérêts économiques internationaux de l'Occident.
Pour finir, je proposerai une analyse alternative des rapports entre les discours de l'Occident et la possibilité pour la femme subalterne de parler (ou la possibilité de parler en son nom). Je tirerai mes exemples spécifiques du cas indien, à travers la discussion approfondie du statut extraordinairement paradoxal de l'abolition par les Britanniques du sacrifice des veuves. » (Gayatri Chakravorty Spivak)
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Pour en finir avec la passion : l'abus en littérature
Sarah Delale, Elodie Pinel, Marie-Pierre Tachet
- Amsterdam
- 21 Avril 2023
- 9782354802639
À l'heure où les procès en « wokisme » se multiplient, une approche résolument féministe de la littérature. Au sein du patrimoine littéraire français comme dans les fictions contemporaines, il est un motif dont le traitement ne cesse de surprendre : celui de la passion. Confondue - parfois à dessein - avec l'amour, elle est le masque sous lequel se dissimulent toutes sortes d'abus : des manipulations constitutives de la séduction aux situations d'emprise, des dynamiques de harcèlement aux crimes dits « passionnels ». Cet ouvrage montre comment l'identification des actes des protagonistes d'oeuvres littéraires à l'expression d'une « passion » permet d'occulter la question du consentement, celle des rapports de domination et, plus largement, les violences physiques et psychologiques que subissent les femmes. De Don Juan à La Princesse de Clèves, des écrits de Choderlos de Laclos à ceux de Marguerite Duras et d'Annie Ernaux, les autrices de ce livre nous invitent à poser un regard lucide sur l'évolution des conceptions culturelles et littéraires dans la société française, ainsi qu'à interroger en profondeur les raisons pour lesquelles l'amour y demeure indissociable de la souffrance.
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Queer Zones. La trilogie regroupe les trois volumes du même nom publiés entre 2000 et 2011, dont le désormais classique Queer Zones. Politique des identités et des savoirs, qui a impulsé la théorie et la politique queer en France. On y voit surgir au fil des pages la post-pornographie ainsi que des explorations politiques, théoriques et personnelles qui renouvellent le féminisme, les études de genre et la théorie du genre. S'y croisent Wittig et Foucault, Butler et Despentes, Deleuze-Guattari et Monika Treut, à l'ombre des subcultures et des subjectivités minoritaires, vivantes et dissidentes, proliférantes et militantes.
Mêlant, dans un style flamboyant, recherche et critique, chronique et polémique, Sam Bourcier construit un féminisme pro-sexe et biopolitique qui est une réflexion plus large sur les relations entre pouvoir et savoirs, corps et disciplines. Ars erotica, ars theorica, ars politica : la trilogie est l'indispensable boîte à outils de celles et ceux qui veulent sortir des cadres hétéro- et homo- normatifs, du musée de la différence sexuelle et de la binarité - en un mot, vivre et penser comme des queers.
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Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb
Abir Kréfa, Amélie Le renard
- Amsterdam
- Contreparties
- 7 Février 2020
- 9782354802059
Le stéréotype veut que les femmes vivant au Maghreb et au Moyen-Orient soient opprimées par une religion d'essence patriarcale et des traditions ancestrales. Ce livre voudrait donner à voir un monde différent ou, plutôt, des mondes différents.
Loin d'être un tabou, les droits et modes de vie des femmes constituent une question centrale et clivante au Maghreb et au Moyen-Orient depuis le xixe siècle, dans des situations de domination coloniale ou impériale. Au-delà des débats intellectuels, différentes formes de prédation économique, exploitation et guerre ont profondément bouleversé les rapports de genre. Si les femmes de ces régions sont souvent représentées en victimes passives, ce livre insiste sur leurs résistances et leurs mobilisations plurielles, qu'elles soient des classes populaires ou lettrées, urbaines ou rurales. Il met en lumière leurs usages diversifiés de l'islam, qui ne revêtent pas le même sens selon les contextes sociaux, mais aussi leurs mobilisations pour l'emploi ou contre les colonialismes, les guerres et les occupations : autant de sites d'engagement souvent occultés par le sens commun. Ces dernières années, d'autres luttes ont émergé à la faveur des révolutions, qui dénoncent le racisme et l'oppression des minorités sexuelles et de genre.
Encastrées dans des histoires politiques, sociales et économiques singulières, les transformations et mobilisations autour des rapports de genre dans ces pays représentent un enjeu central pour le Maghreb et le Moyen-Orient du xxie siècle.
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Le pouvoir des mots ; discours de haine et politique du performatif
Judith Butler
- Amsterdam
- 9 Novembre 2017
- 9782354801656
Dans Le Pouvoir des mots, Judith Butler analyse les récents débats, souvent passionnés, sur la violence verbale dirigée contre les minorités, sur la pornographie et sur l'interdiction faite aux homosexuels membres de l'armée américaine de se déclarer tels. Il s'agit pour elle de montrer le danger qu'il y a à confier à l'État le soin de définir le champ du dicible et de l'indicible.
Dans un dialogue critique avec J. L. Austin, le fondateur de la théorie du discours performatif, mais aussi avec Sigmund Freud, Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida et Catharine MacKinnon, elle s'efforce d'établir l'ambivalence de la violence verbale (du hate speech) et des discours homophobes, sexistes ou racistes : s'ils peuvent briser les personnes auxquelles ils sont adressés, ils peuvent aussi être retournés et ouvrir l'espace d'une lutte politique et d'une subversion des identités.
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Qu'est-ce que la littérature à l'époque néolibérale ?
Il est devenu presque impossible de dire que la littérature est inutile ou sans effet sur le monde social. Plus question de valoriser sa distance au réel sans prendre le risque de conforter les pensées les plus utilitaristes ou poujadistes. Aussi les tentatives de politisation de la littérature se multiplient-elles depuis le début du siècle, en s'attachant tantôt aux textes comme terrain d'exploration éthique, tantôt à leur capacité d'ouvrir les yeux aux lecteurs et lectrices sur des réalités cachées, tantôt à leur façon de construire des contre-récits au storytelling ambiant. Chacun à sa manière, ces paradigmes entendent rappeler que la littérature est une question foncièrement politique. Mais qu'est-ce à dire ?
Tel est le problème que voudrait clarifier cet essai. S'appuyant sur des oeuvres récentes et prenant pour prétexte le mot de Pascal (« Cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué »), il arrime tout texte littéraire aux situations et aux rapports de force dans lesquels il est pris jusqu'au cou : c'est la littérature embarquée. Il s'emploie à décrire les conditions économiques et sociales qui stimulent et contraignent la littérature française contemporaine, entre sentiment d'impuissance et récupérations néolibérales. Enfin, il esquisse une proposition théorique fondée sur la condition des auteurs en tant que producteurs - suivant l'adage emprunté à une banderole du mouvement Art en grève : « artistes 2 merde, politisez-vous. » -
Pour un féminisme de la totalité marque le début d'une collaboration entre Amsterdam et Période, revue en ligne de théorie marxiste lancée au printemps 2014. La collection « Période » publiera un à deux ouvrages par an, dont un numéro thématique composé à la fois de textes publiés sur le site et d'inédits.
La question de l'articulation entre race, classe et genre se trouve aujourd'hui au coeur du paysage théorique : partout se manifeste un désir diffus de penser l'imbrication des formes d'oppression et des identités, mais celle-ci est trop souvent réduite à une affaire de recoupements ou d'« intersectionnalité ». À cette perspective, l'ouvrage oppose une approche en termes de totalité, envisageant le féminisme comme une théorie des déplacements, des décalages dans le temps et l'espace au sein du capitalisme contemporain.
Le féminisme de la totalité met au centre de l'analyse le concept de « reproduction sociale » (comment sont assurés, au quotidien, la perpétuation et l'entretien de la force de travail) et de sa position au sein du système de la production. En parlant de reproduction sociale, il s'agit d'élargir la notion de « travail domestique », très individuelle et liée au partage des tâches au sein du foyer, et de penser le lien de cette dernière avec le secteur marchand de l'économie et le salariat.
L'ouvrage propose une traversée de l'ensemble des enjeux actuels du féminisme (oppression des femmes, violence sexiste, travail du sexe et travail tout court, identités LGBTQ, féminisme nationaliste, désir, famille...), en croisant les aspects socio-économiques et leurs effets psycho-affectifs, culturels et identitaires.
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Les habits neufs de la politique mondiale ; néoliberalisme et néo-conservatisme
Wendy Brown
- Amsterdam
- 27 Octobre 2007
- 9782350960166
Devant nous, depuis quelques années et même quelques décennies, ce fait politique global sans doute irréversible : la démocratie libérale, comme forme sociale et historique, est en train de mourir. Et elle se meurt sous les coups de deux mouvements a priori antagonistes : le néolibéralisme et le néoconservatisme. Dans ce livre, Wendy Brown montre que le premier fonctionne d'abord comme une rationalité politique, un mode de régulation générale des comportements, et que le second lui est devenu nécessaire. Car si le néolibéralisme est l'ensemble des techniques de contrôle d'autrui et de soi par accroissement plutôt que par diminution de la liberté, la liberté y sera d'autant plus sûrement autolimitée qu'elle se trouvera moralisée, c'est là la fonction du néo-conservatisme. Au-delà d'une telle analyse, Wendy Brown pose la question d'un avenir pour la gauche, qui passe selon elle par un travail de deuil : deuil d'une conception du pouvoir comme souveraineté, deuil d'un horizon de rupture politique défini dans la logique démocratique-libérale, mais aussi deuil d'une radicalité qui prend trop souvent la forme d'un désir de purification morale.
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Mai 68 et ses stars ont quelque peu éclipsé ceux qui, sur leur lieu de travail ou dans leur quartier, ont voulu vivre la révolution au quotidien.
En prenant délibérément le contre-pied de la personnalisation, nicolas daum est parti à la recherche de ses anciens compagnons du comité d'action du ille arrondissement de paris. témoin et acteur anonyme, il revendique, avec eux et pour eux, la part de ceux qui ont forgé et véhiculé les valeurs du mouvement. témoins privilégiés de l'histoire, 19 personnes racontent leur action et leur engagement, leurs motivations profondes, qu'elles soient politiques ou personnelles, ou même le hasard qui les a conduit à se retrouver.
Analyse détachée et critique pour certains, encore passionnelle pour d'autres, ces témoignages lucides, émouvants et parfois pleins d'humour apportent un éclairage nouveau sur quelques années intenses, qui, d'une manière ou d'une autre, ont laissé des traces.
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La Combinatoire straight : Métis, bâtards et autres enfants de putain
Jules Falquet
- Amsterdam
- 14 Février 2025
- 9782354803094
Des accusations de viol et proxénétisme contre DSK aux révélations des violences pédocriminelles quasi systémiques de l'Église catholique, en passant par le scandale de L'Arche de Zoé au Tchad, une multitude d'affaires, pourtant très différentes les unes des autres, n'a cessé de défrayer la chronique. Ces affaires ne sont en réalité que la pointe émergée d'un iceberg immense que Jules Falquet propose d'analyser ici à nouveau frais. Car c'est toute l'organisation socio-politique de la procréation, des alliances matrimoniales (qui épouse qui ?) à la filiation (à qui appartiendront les enfants ?), qui structure cet iceberg, et rend du même coup possible ces violences. Cet iceberg, Jules Falquet le nomme la combinatoire straight.
Repartant du débarquement de Christophe Colomb aux Amériques en 1492, cet essai raconte alors une tout autre histoire du capitalisme. Si le travail procréatif y est central, les « anti-alliances » que sont la prostitution, le viol, la pédocriminalité et l'inceste le sont tout autant. Elles sont la face obscure de la combinatoire straight sur laquelle repose le développement des sociétés occidentales. Et les destinées des enfants qu'elles produisent en masse n'en sont pas moins obscures.