Dans le contexte des tensions et des soulèvements des dernières semaines qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, ce livre rassemble avec une intense vitalité les travaux d'une vingtaine de femmes photographes iraniennes, dont l'expression est régulièrement muselée et les productions sous surveillance. L'intime, les rapports de l'individu à la famille, au couple ou à la société au sens large, la place de la femme dans celle-ci ainsi que les liens complexes de ces femmes artistes à l'histoire de leur pays, à leur mémoire souvent confisquée, aux guerres successives qui ont vu disparaître tant de proches, sont les thèmes qui sous-tendent et hantent leurs images. Un livre impérieux en forme de porte-voix.
Comment en est on arrivé à haïr l'antiracisme ? Alain Policar analyse et dénonce comment de nombreux universitaires et penseurs français en sont venus à considérer l'antiracisme comme une menace pour la République. Comment des intellectuels médiatiques, souvent issus de la gauche, ont rejoint les néo-conservateurs ou les nationaux-républicains aux côtés de l'extrême droite pour affirmer que l'antiracisme viserait non seulement la laïcité mais les blancs! Alain Policar plaide ici pour un universalisme rénové qui pense l'unité du genre humain. Contre le républicanisme jambon-beurre ou la catho-laïcité, l'antiracisme doit se débarrasser du nationalisme et de sa formule moderne, le souverainisme, condition pour une véritable efficacité politique du combat contre le racisme.
Une fabuleuse somme collective, un livre manifeste, un ouvrage de référence : telle est l'ambition de cet ouvrage co-construit par 160 autrices du monde entier qui présentent 300 femmes photographes, de l'invention du médium aux années 2000. Ainsi les portraits de chaque photographe ont été rédigés par des femmes de toute nationalité pour se prémunir de l'écueil d'un regard "occidentalo-centré". Les séquences de portraits alternent avec des portfolios qui font dialoguer les oeuvres entre elles.
La légitimité des luttes sociales est généralement appréciée à l'aune de leur portée universaliste. Cette exigence universaliste a dominé la pensée de gauche tout au long du XXe siècle où la quête d'émancipation reposait principalement sur les épaules de la classe ouvrière. Albert Ogien démontre qu'aucune cause (féministe, décoloniale, homosexuelle, etc.), aussi "particulière" soit elle, ne fait le deuil de la part d'universel qu'elle contient nécessairement en elle.
Ce livre réunit neuf autrices toutes issues des diasporas du 20e siècles autour des thèmes de l'exil et de la transmission. Le lien entre les générations est au coeur de ces récits intimes où s'entremêlent les voix de grand-mères, tantes et filles. Ces témoignages sont des parcelles de l'histoire collective.
L'iconographie singulière issue en grande partie des archives personnelles des autrices contribuent à faire de cet ouvrage un livre cadeau attachant.
"Ne visitez pas l'exposition coloniale", ce tract de mai 1931 donne le ton de la vive dénonciation par le groupe surréaliste de la politique impérialiste de la France. Alors que l'exposition coloniale est inaugurée en grande pompe est organisée la contre- exposition intitulée "La vérité sur les colonies". Cet ouvrage met en lumière un chapitre mal connu du combat des avant-gardes à travers une iconographie subversive.
La mécanique d'une chasse aux sorcières Encore inconnu il y a peu en France, le terme de «?woke?» a récemment envahi les réseaux sociaux et les journaux. Né des luttes antiracistes des Afro-Américains dans les années 1950, il revêt alors un sens positif?: celui d'être «?éveillé?», conscient politiquement. Mais il est aujourd'hui utilisé péjorativement pour attaquer toute forme d'engagement contre les discriminations. Pour ses détracteurs, la prétendue «?idéologie woke?» serait un nouvel avatar du «?politiquement correct?» ou de la «?cancel culture?» et infiltrerait les centres de pouvoir, des médias aux grandes entreprises, encourageant une déconstruction du monde par la bouche d'une génération radicalisée. Ainsi va la «?panique woke?». Et si cette panique cachait simplement une forme, classique mais violente, de réaction?? C'est cette offensive réactionnaire et sa mécanique idéologique qui sont ici décortiquées par Alex Mahoudeau, mieux connu sur les réseaux sociaux à travers le pseudonyme de «?Pandov Strochnis?».
Une analyse implacable du tournant autoritaire inédit pris sous le quinquennat de Macron et de la menace fasciste qui l'accompagne, c'est ce que proposent Ludivine Bantigny et Ugo Palheta dans cet ouvrage. Car si Macron a été élu pour faire barrage à l'extrême-droite, c'est aux fascistes qu'il ferait aujourd'hui la courte échelle. Avant que d'autres mesures anti-démocratiques ne nous soient imposées au pas de charge, les deux auteurs entrent en résistance et nous donnent des pistes pour affronter la menace grandissante.
Le célèbre couple de sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot livre ici une dénonciation impitoyable de la complicité des gouvernements avec le destructeur Dieu Argent. Fidèles à leur méthode rigoureuse, ils démontrent, preuves à l'appui, comment l'argent s'est transformé en une arme de destruction massive aux mains d'une aristocratie de l'argent qui fraye intensément avec celle du pouvoir. À l'heure du « Fillongate », de la violence délirante de Trump, de l'arrogance de Marine Le Pen face à la justice, ou de la mondialisation du droit de polluer à coups de « crédits carbone », l'indignation sociologique des Pinçon-Charlot est indispensable.
Voici un beau livre original où l'image magnifie la si brillante démonstration de Michelle Perrot, l'une des plus grandes historiennes contemporaines, pionnière dans l'histoire des femmes et toujours présente sur le terrain des combats contemporains. Si l'histoire s'est d'abord attachée à décrire le rôle privé des femmes, Michelle Perrot les suit ici dans la cité, dans la nation aux prises avec une citoyenneté qui leur échappe mais qu'elles investissent progressivement.
De la Révolution aux débuts du 20ème siècle, Michelle Perrot analyse dans ce dialogue avec Jean Lebrun la résistance à la présence féminine au coeur de la cité.
Premier ouvrage rétrospectif d'une oeuvre déjà très collectionnée, il rassemble sept séries de collages de Katrien de Blauwer. Après une exposition très remarquée à la célèbre galerie des Filles du Calvaire au printemps 19 et au Fotomuseum de Rotterdam cet hiver, Katrien de Blauwer exposera à Arles cet été une toute nouvelle série.
Si les «?mauvais garçons?» ont leurs héros, de Gavroche à Joey Starr en passant par James Dean, les «?mauvaises filles?» sont les invisibles de l'histoire.
Dans cet ouvrage, Véronique Blanchard et David Niget dévoilent ces ombres fugaces qui surgissent au détour d'archives médicales ou judiciaires?: «?vagabonde?», «?hystérique?», «?fille-mère?», «?prostituée?», «?fugueuse?», «?cheffe de bande?», «?punk?», «?crapuleuse?»...
Par le biais d'une vingtaine de portraits incarnés de «?mauvaises filles?» jugées immorales, de 1840 aux années 2000, ils rendent un visage et une histoire à ces destins orageux. Ils cartographient les lieux qu'elles traversent ou qui les enferment - lieux de perdition (fête foraine, guinguette, bal), de coercition (internat, couvent, prison, asile), de soumission (maison close, foyer familial).
Étouffées et contraintes depuis des décennies par le poids des normes juridiques, religieuses, médicales, familiales, ces mineures «?incorrigibles et rebelles?» ont néanmoins fini, par leurs résistances, par devenir des actrices du changement social, culturel et politique.
Alors, déviantes ou dissidentes??
Delphine Gardey présente la première perspective historique sur le clitoris. L'organe, longtemps dénié, méconnu ou réprimé, s'affirme aujourd'hui autant dans le champ scientifique et médical que dans l'espace public et politique. Le montrer tel que les connaissances actuelles le décrivent est le moyen pour les femmes de se réapproprier leur corps, leur sexualité et leur histoire. Quelle différence entre l'actuel clitoris 3D à taille réelle, le clitoris infantile de la théorie freudienne ou les labia minora de la Renaissance ? Pourquoi mesurer, disséquer, coudre, circoncire, exciser, réparer ou standardiser l'organe ? Quel clitoris pour quelle sexualité mais aussi quelle politique ?
Clitoris d'hier et d'aujourd'hui, clitoris d'Occident et d'Orient, clitoris hétéro ou lesbien, Delphine Gardey explore la façon dont les savoirs et les pratiques médicales façonnent et définissent l'expérience intime des femmes : un enjeu de lutte individuelle ou collective.
Le droit peut-il réduire la violence ? Monique Chemillier-Gendreau nous transmet ici de précieux outils intellectuels pour résister aux formes actuelles de la violence, celle des administrations étatiques, celle du capitalisme militarisé comme celle des contre-pouvoirs fanatiques qui se développent à l'échelle mondiale. Une analyse et un appel qui sonnent terriblement juste à l'heure où les états européens se rejettent l'accueil du bateau humanitaire l'Aquarius.
Convaincue que le séisme que nous venons de traverser est l'occasion pour l'humanité de se réinventer, Monique Chemillier Gendreau, dans une démonstration implacable, élabore les fondements d'une société radicalement différente. Un pari fou? Non nous dit-elle, « l'utopie n'est pas le rêve impossible d'imaginations débridées » et elle le prouve avec une saisissante clarté.
Parce que la situation est telle que toute reprise sur les mêmes bases conduirait à d'autres crises sans doute plus violentes, Monique Chemillier-Gendreau nous alerte sur l'impérieuse nécessité d'inventer un monde différent. C'est à l'échelle de l'humanité qu'il faut le penser. Elle propose et décrit ici les principes et institutions qui permettront à la société mondiale une conversion complète. Parmi ces dix principes qui méritent tous d'être connus et débattus, notons l'idée d'une Déclaration universelle des responsabilités humaines, sociales et environnementales « parce qu'il n'y a pas de droits pour les uns sans obligations pour les autres » ; ou encore celui qui consiste à remplacer la compétition par l'entraide, « les activités concourant au bien commun relèveraient de la protection de l'intérêt général. » Enfin, actant l'échec des Nations Unies, elle ébauche la création d'une nouvelle organisation politique universelle qui mettrait en oeuvre un nouveau pacte mondial dont les objectifs seraient : la paix, la sauvegarde de la nature et la garantie des droits sociaux universels.
Ce texte est un jalon vers un Conseil mondial de la Résistance. Il reste aux citoyens du monde à s'en emparer pour approfondir ce qui est esquissé dans ces pages.
En janvier 2015, suite à l'attentat de Charlie Hebdo, Nadia Vadori-Gauthier, danseuse et chercheuse en art, s'est engagée dans un acte de résistance poétique : «Une minute de danse par jour». L'ensemble constitue une oeuvre à laquelle l'artiste a consacré 1001 jours consécutifs. À côté d'un choix d'images issues des captures vidéo des minutes de danse, une série de textes sur le thème danser/résister ouvre des perspectives sur cet engagement micropolitique qui implique une expérimentation au quotidien : « l'art peut-il changer le monde ? La danse peut-elle contribuer à modifier nos regards et nos modes d'entrée en relation les uns avec les autres ? »
Une analyse édifiante de la croisade réactionnaire et anti-démocratique menée par l'église catholique contre les évolutions contemporaines liées au genre et à la sexualité. Les deux chercheurs italiens révèlent la stratégie transnationale menée par le Vatican de Rome à Paris et décortiquent l'argumentaire idéologique « anti-genre » porté par les Manifs pour tous.
Michel Foucault est devenu une référence centrale de la philosophie politique en général et d'une bonne partie de la gauche en particulier. Ses concepts, ses analyses, sa stature intellectuelle, son modèle militant, sont souvent revendiqués. Son oeuvre est cependant passée par différentes phases et son attitude politique fut loin d'être stable.
Ce livre offre une introduction accessible au sens politique changeant de la production du philosophe, le point d'orgue en étant ses célèbres et énigmatiques analyses sur le néolibéralisme.
Trois grands axes de réflexions sont proposés ici :
- la trajectoire sociale du penseur : comment et dans quelles conditions peut-on parler d'un sens politique du travail d'un philosophe comme Foucault.
- le contenu politique de l'ensemble de son oeuvre, avant et après 1968.
- le contexte intellectuel dans lequel il s'insère et intervient, en retraçant ses élaborations intellectuelles (depuis la fin des années 1970 jusqu'à sa mort prématurée).
En effet, sans ces trois dimensions, il s'avère impossible de comprendre ce que peut enseigner Foucault à la gauche en général et ce qui se rapporte à l'analyse du néolibéralisme en particulier.
Sont également analysées les faiblesses de la pensée de la gauche que Foucault a toujours diagnostiquées avec justesse même si l'on ne partage pas toutes les solutions qu'il a proposées.
Quatre grandes figures de l'engagement qui seront transférées au Panthéon le 27 mai 2015 sont présentées ici : Geneviève Anthonioz-de Gaulle, résistante et déportée, âme d'ATD Quart-Monde ; Germaine Tillion, célèbre ethnologue, résistante et déportée, opposée à la torture pendant la guerre d'Algérie ; Pierre Brossolette, unificateur des résistances françaises qui se suicida après son arrestation ; Jean Zay, ministre du Front populaire, assassiné par la Milice en 1944.
Chacun des portraits sera illustré par des documents d'archives.
On ne naît pas femme, on le devient.
Des leçons de broderie aux cours d'éducation sexuelle le 20ème siècle est porteur d'une spectaculaire évolution de l'éducation des filles. C'est ce cheminement sociétal, culturel, qui est mis en scène dans cet ouvrage magnifiquement illustré de documents souvent inédits : journaux intimes, cahiers d'élèves? Au-delà d'une plongée nostalgique, ce parcours questionne les avancées comme les obstacles vers une égalité homme femme.
Il n'y a presque plus de monde strictement naturel.
Partout, de l'artefact mais surtout de l'hybridation, entre le naturel et l'artificiel. une hybridation qui s'apprête à toucher - et parfois touche déjà - l'homme lui-même dans son corps. en effet, peut-être sommes-nous déjà changés, tellement les bouleversements liés aux nouvelles technologies sont considérables. que devons-nous faire ? avons-nous l'obligation morale de nous transformer, ou de nous conserver ? car face à nous, il y a bel et bien un nouvel homme qui vient.
Voici un livre-CD " hors normes ": sur plus de six heures d'écoute, des écrivains, des historiens, des philosophes se penchent, à l'invitation de la philosophe Monique Canto-Sperber, sur des destins exceptionnels qui révèlent pour la plupart une forme d'exemplarité morale.
Jean-Pierre Babelon y évoque les dilemmes moraux d'Henri IV, Hélène Carrère d'Encausse y analyse les ambitions tragiques d'Alexandre II, Danièle Sallenave la vitalité combattante de Simone de Beauvoir, tandis que Marc Fumaroli donne vie à Chateaubriand, Marie Darrieussecq à Ovide, Michel Jarrety à Valéry, Bernard Sève à Montaigne, et Emmanuel de Waresquiel à Napoléon et Benjamin Constant... Jean-Pierre Lefebvre, Carole Desbarats, Chantal Thomas, Diane de Selliers et Antoine Compagnon, évoquent quant à eux la force morale des récits littéraires ou cinématographiques.
Tous ces auteurs posent la question de la difficulté morale de l'existence lorsqu'elle est immergée dans la complexité des choix et des décisions. Ainsi l'examen de vie devient-il pour nous tous une forme majeure de l'apprentissage moral. Pour prolonger l'écoute, Monique Canto-Sperber propose dans ce livre une introduction générale, des suggestions de lecture pour chacune des émissions et des indications bibliographiques permettant d'approfondir la réflexion.
"Questions d'éthique" est une émission hebdomadaire de France Culture, diffusée tous les lundis de 21h à 22h, qui présente une question éthique liée aux choix individuels, duels, aux progrès des sciences et des techniques, à la www.franceculture.com bioéthique, à la vie publique, à la pratique politique ou aux dilemmes de la vie internationale.
Ce livre est le premier à se consacrer à l'analyse de la dynamique essentielle de l'oeuvre de Marie
NDiaye, à la singularité de ses motifs, à l'originalité de son écriture. Dans un parcours en quatre
temps (l'étrangeté, la famille, le théâtre, les pouvoirs et limites de la parole), il rend compte de
l'extraordinaire force d'émotion d'une écriture qui sait aller au plus loin dans l'écoute de la douleur
d'être. Un CD comportant les entretiens de l'écrivaine et de Paula Jacques (Cosmopolitaines, 2001
et 2005) prolonge l'essai.
L'islam est-il conciliable avec la République ? L'Islam est-il rebelle à la pensée critique ? L'Europe est-elle islamophobe ? Contempteur de l'islamisme et excellent guide dans la " forêt d'Islam ", Abdelwahab Meddeb aborde ces questions sans jamais réduire leur complexité.
Car la dénonciation de l'obscurantisme ne doit pas nourrir la haine de l'Islam. Pour mieux combattre les fanatiques, il faut révéler la voie des Lumières. Par une patiente argumentation, empreinte de sa " double généalogie " entre Orient et Occident, Meddeb s'oppose ici avec une fermeté sans faille aux propagateurs de l'intégrisme dans le sens commun, faux modérés et usagers néfastes du Coran. Ce livre n'est pas un manifeste de plus.
Il est l'affirmation raisonnée d'un pari contre toutes les barbaries et les régressions de l'esprit.