Leo Scheer
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« La Maison Squelette s'est construite sans plan ni architecte. Elle s'est érigée sur les bribes de mes deuils et de mes souvenirs, se plantant au milieu de mon paysage pour en prendre toute la place. Celle que les absents avaient laissée.
La Maison Squelette a accouché de toutes les autres. Toutes ces maisons dans lesquelles j'ai vécu, en les aimant souvent, les haïssant parfois.
Au milieu de tous ces lieux perdus, se tenait toujours mon père. Lui qui était devenu le fantôme de ma vie, je le convoquais à chacune de mes errances. Nos retrouvailles régulières, entre les quatre murs de mon esprit, m'ont appris à affronter sa mort.
En perdant mon père, je me suis un peu perdue, moi aussi. Me retrouver aura pris le temps d'achever ce livre. » -
A qui parler quand on est pauvre, perdue, rejetée de sa famille ? Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, parle à Allah.
Il est, dans un monde qui ne voulait pas d'elle, son seul confident. Elle lui raconte sa vie, la misère, le mépris, son père ignorant et brutal qui la traite en servante, les hommes qui la traitent en objet, la découverte progressive du pouvoir de la beauté, la prostitution, la prison, le désir d'ailleurs : une vie semblable à tant de vies de femmes, aujourd'hui. Monologue fiévreux, porté par une rage irrépressible, que la verve et l'humour rendent encore plus acérée, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru, sur l'oppression des femmes, mais aussi, et d'abord, le portrait d'une jeune fille résolue à exister par elle-même, et qui ne se soumettra pas.
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C'est l'histoire d'une ascension, celle d'une grande classique des Alpes, la traversée Charmoz-Grépon. Cette ascension est réalisée par une cordée atypique, un guide de haute montagne de Chamonix et une cliente sur le point de perdre complètement la vue. Grâce aux récits alternés de ces deux alpinistes si différents, le lecteur est guidé dans le dédale de leur ressentis et de leurs destins, qui se rencontrent et dialoguent au milieu de cet environnement sauvage.
De l'intimité de ces deux narrateurs, symbolisée par le croisement de leurs monologues intérieurs, à l'extériorité absolue de la montagne, se trace pas à pas le chemin qui les mène vers eux-mêmes, que ce soit la cliente qui n'a pas choisi cette traversée par hasard, ou le guide qui voit les neiges prétendument éternelles de son enfance disparaître sous ses yeux. -
Un jour, il est parti.
Lui qui l'avait vue naître et accompagnée depuis toujours, il s'est retiré dans la solitude. dix ans plus tard, elle retrouve sa trace et le rejoint pour comprendre ce qui s'est passé. dans une maison aux apparences trompeuses commence un huis clos oú les cauchemars se confondent avec le réel. les souvenirs ressurgissent à travers les contes de fées qu'une main invisible dépose chaque soir à son chevet.
De l'éveil de la belle au bois dormant au crépuscule de la petite marchande d'allumettes, elle franchit les étapes d'une étrange initiation qui la mène à un secret bouleversant. aura-t-elle la force d'aller au bout de la vérité, de sa vérité. sur le chemin des sortilèges, le destin attendait son heure.
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La défaite du rouge-gorge - 2001 - 23 minutes Lucie est une jeune femme d'une trentaine d'années, timide et introvertie.
Au cours d'une fête, elle rencontre Bertrand dont elle s'empresse de tomber amoureuse. Impatiente de vivre le grand amour, elle projette sur lui la foule de ses espoirs et de ses attentes. Portraits filmés (extrait) - 2002 - 1 min. 04. Collection Fonds national d'art contemporain. Face caméra, douze personnes racontent chacune un souvenir. Chamonix - 2002 - 13 minutes Réalisé à la suite des Portraits filmés, Chamonix reprend le même dispositif sur le mode fictionnel : neuf souvenirs réunis sont interprétés par des comédiens.
Ritratti (extrait) - 2003 - 1 min. 34. Une version italienne des Portraits filmés tournée à Rome.
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Das Kind relève d'un merveilleux rare et étrange. C'est le récit du séjour d'une jeune fille dans un hôpital ophtalmologique. On y soigne ses yeux, qu'elle a presque aveugles, à cause des scrofules dont son corps souffre et qui feront qu'elle ne pourra jamais montrer qu'une peau malade, stigmatisée. Elle a alors 12 ans. 12 ans : c'est l'âge que décrit ce livre. Et ce livre est écrit dans le langage qu'on a quand on n'a que 12 ans. C'est sans doute la prouesse littéraire de Das Kind (L'Enfant), qu'écrit dans cette langue d'enfant, pour dire des visions et des terreurs d'enfant, des supplications et des espérances d'enfant, il n'emprunte rien à la puérilité de l'enfance, sans pourtant non plus jamais recourir à la lucidité rétrospective de l'adulte. Ni niaiserie ni apitoiement. L'enfant en appelle certes ici à toutes les figures possibles de l'autorité et du salut, mais aucune n'est réelle cependant. Pas davantage le médecin chef que l' " ange fort ", que Dieu même, à la fin. Toutes ces figures merveilleuses n'existent pas comme telles, sans doute, mais par contraste avec le monstrueux sous les traits duquel l'enfant se représente.
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Comme un veilleur attend l'aurore
Caroline Boidé
- Leo scheer
- Melville
- 15 Septembre 2008
- 9782756101514
Élise vient d'être quittée. Au lieu de renoncer à l'amour, elle décide de l'entretenir, de lui offrir le mausolée de sa vie, avec un romantisme qui ne se paie pas de dérision. Elle part en Terre promise pour se joindre à une communauté de soeurs bénédictines. En apprenant à les connaître, elle remonte le cours de sa passion. Et une intimité intense se noue entre celles qui aiment et espèrent le Grand Absent et celle qui aime mais n'attend plus.
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Ana ne sait plus qui elle est. De Paris au Québec puis à la Californie elle cherche désespérément à renouer les fils improbables du souvenir, du présent et de l'identité. Ce qu'elle pressent, c'est que son passé n'est plus recommandable. Ses voyages fréquents, son corps tatoué, les réminiscences qui la traversent, la peur qui est en elle ne présagent rien de bon. Les Remember, ces boîtes de nuit où l'ethnique, le religieux, la fête et la rencontre amoureuse se donnent rendez-vous vont-ils lui permettre de faire la part du faux du réel dans un monde incertain, éclaté, où chacun invente sa vérité ?
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Luc et Christian Boltanski sont frères. Chacun, avec les moyens dont il dispose, explore le rapport entre une image - verbale ou graphique -, d'autant plus saillante qu'elle se trouve détachée de son contexte, et les références vers lesquelles on peut chercher à l'orienter, dans l'intention, dirait-on, de la «comprendre». Cette démarche prend, dans un cas, la voie du commentaire, dans l'autre celle de la fragmentation. Dans les deux cas se pose la question de savoir si la paraphrase ou le rapprochement font surgir un sens en le révélant comme on dévoilerait un lien préexistant mais caché ou, plus radicalement, en en repoussant toujours plus loin l'exigence.
À l'instant se présente comme un cycle de poèmes en quatre parties, composé sur une dizaine d'années. La cohésion en est donnée par le retour des mêmes thèmes d'une partie à l'autre, ainsi que par l'usage, au sein de chacune d'elles, d'une même forme qui lie chaque poème à son commentaire.
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En 1999, le jour où Nathalie Rheims rencontre Claude Berri pour l'interviewer sur Charles Denner, sujet de son premier livre, L'Un pour l'autre, le grand cinéaste et producteur vient d'apprendre que son fils Julien a eu un accident grave. Ils ne se quitteront plus jusqu'à la mort de Claude, le 12 janvier 2009. Dix années de vie intense, passionnée, auprès d'un homme qui, entre une réussite fulgurante, quasi magique, et les chagrins de la fin, connut un destin hors du commun.
Nathalie Rheims n'avait qu'un recours possible face au choc de ce deuil brutal : l'écriture. Elle revient sur leur histoire, et, plongeant dans ses souvenirs, touche au plus intime, au plus vrai d'un être dont elle restitue les multiples facettes. Du gamin du faubourg Poissonnière au jeune acteur devenu scénariste, réalisateur, producteur et distributeur pour demeurer libre, du maître du cinéma français au collectionneur d'art contemporain, elle donne à voir, dans sa réalité la plus immédiate, un homme exceptionnel, qui fut jusqu'au bout entraîné par cette force irrépressible, ce désir souverain qu'il lui a transmis et qu'à son tour elle transmet jusqu'à nous.
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Au cours d'un festival de cinéma, Vivian Parker, star adulée et inaccessible, porte, par défi, son choix sur Christian, jeune homme, amateur de civilisation chinoise, mais sans fortune. Ils visitent ensemble les chutes du Niagara et prise de vertige, Vivian lui dévoile sa vraie personnalité. Les deux amants racontent tour à tour la passion qui les a liés, jusqu'au fait divers qui y met fin.