Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain, son oeuvre est traduite dans de nombreux pays et couronnée par de multiples prix (récemment encore le Prix Prince Pierre de Monaco). Ce volume qui lui est consacré permettra tout à la fois de satisfaire les lecteurs les plus érudits mais également de répondre à la curiosité littéraire d'un public de plus en plus large et fidèle. Mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes, le Cahier explore autant les enjeux sociologiques, historiques et parfois psychanalytiques de l'oeuvre d'Annie Ernaux que sa sensibilité intime. La multitude des intervenants, issus de milieux aussi divers que le cinéma, le théâtre, la littérature, la chanson et la recherche littéraire, vise à mettre en valeur les nombreuses facettes du travail d'Annie Ernaux. Certaines parties mettent l'accent sur des ouvrages précis, L'Événement, Les Années et Mémoire de fille, quand d'autres abordent les thématiques qui traversent toute l'oeuvre ; écriture, voyages, engagement politique,... De nombreux extraits inédits du journal d'écriture d'Annie Ernaux témoignent par ailleurs du regard sans cesse éveillé que l'écrivaine pose sur le monde.
Depuis maintenant une bonne trentaine d'années, chercheurs, collectionneurs, lecteurs et spécialistes ont permis de révéler la richesse, la profondeur et la complexité de l'oeuvre de Colette ainsi que sa personnalité, inscrits dans la modernité. C'est cette modernité qu'explore le Cahier de L'Herne. Non seulement en revisitant quelques-uns des grands thèmes de l'oeuvre, mais aussi en s'interrogeant sur la radicalité dont Colette fait preuve dans ses choix. À propos des bêtes, de la nature, ou encore de sa position ambivalente à l'égard du féminisme, dont certains travaux et textes prouvent que Colette professe un féminisme non pas théorique et militant, mais un féminisme du quotidien, on serait tenté de dire : un féminisme constitutif. Le développement des « gender studies » (études de genre), venues des États-Unis, a contribué à faire relire Colette dans cette optique. Car il s'agit, là aussi, d'une interrogation essentielle qui irrigue toute son oeuvre et bien souvent sa vie, lui permettant de questionner les représentations classiques du féminin/masculin en les détournant, voire en les inversant.
Les Inséparables est un court roman inédit de Simone de Beauvoir qui évoque son grand amour de jeunesse pour son amie Zaza dont la mort tragique provoquée par les préjugés et les diktats de la société de l'époque, la hantera toute sa vie. Mais bien au-delà, Les Inséparables met en scène l'éducation sexuelle et intellectuelle de deux jeunes filles "rangées" et rebelles dans un monde qui prétend leur interdire de devenir des femmes libres et pensantes pour les cantonner à un rôle d'épouse et de mère au service de la société.
Ce texte autobiographique évoque avec émotion et lucidité les expériences fondatrices de la révolte et de l'oeuvre de la grande philosophe féministe : son émancipation mouvementée et l'antagonisme fondamental entre les intellectuels et les bien-pensants, qui formeront le socle des Mémoires d'une jeune fille rangée.
La figure d'Arendt aujourd'hui n'est pas seulement celle d'une « théoricienne de la politique » comme elle aimait à se désigner. Des livres, des films, des pièces de théâtre s'intéressent de plus en plus à la femme qu'elle était, car la personnalité d'Arendt et ses prises de position ont toujours déclenché des passions et continuent de le faire. Ainsi la première partie du Cahier dresse le portrait de cette femme, revenant sur les principaux évènements de sa vie et dévoilant des facettes moins connue de la philosophe allemande étayées par des extraits de correspondance inédits : avec Judah Magnes, David Riesman, Hermann Broch, Hilde Frankel, Kurt et Helen Wolff.
Ce Cahier rassemble aussi des contributions qui évoquent son oeuvre, et son travail majeur sur le totalitarisme mais aussi son expérience historique et personnelle, les moments forts de sa vie et la réflexion qu'ils ont suscité en elle, notamment sa judéité. Le Cahier se penche aussi sur la relation d'Arendt avec Heidegger en revenant sur la controverse d'une telle relation.
De nombreux inédits trouvent leur place dans ce Cahier, essentiellement en anglais et en allemand, issus des archives Arendt de Washington :
Des extraits de cours, des conférences.
Le parti pris du Cahier n'est pas de constituer Arendt en icône intouchable qu'il serait scandaleux de critiquer, mais de considérer que la critique de son oeuvre n'est intéressante que si elle est formulée par un lecteur à qui elle donne aussi à penser. Non parce qu'Arendt apporte des solutions aux problèmes de notre temps, mais parce qu'elle nous aide à les identifier et nous donne des clés pour les formuler et les penser.
Cet essai est un classique du marxisme. Rosa Luxemburg (1871-1919), théoricienne et révolutionnaire allemande, prend vivement parti contre ce qu'on appelait alors le « révisionnisme », comme elle marquera plus tard son désaccord avec Lénine sur la question de l'organisation du parti. Eduard Bernstein incarne à ses yeux le courant opportuniste, qui cherche à donner une assise théorique au réformisme, qui défend l'idée que l'on peut améliorer la société par des modifications légales progressives, en restant dans le cadre institutionnel, plutôt que par la révolution.
Rosa Luxemburg soutient au contraire qu'il n'y a pas d'autre voie d'accès au socialisme que par la révolution, c'est-à-dire par la transformation radicale et violente de la société. Derrière des querelles datées, des argumentations désuètes, des visions certes dépassées, demeurent une question non résolue, qui agite encore les esprits : le capitalisme est-il améliorable graduellement ? Et donc faut-il se résoudre, par réalisme, au triomphe de la social-démocratie ?
Élisée Reclus fut d'abord un grand géographe, l'un des plus éminents de son temps. On lui doit une « Une nouvelle géographie universelle », en 19 volumes, qui fit longtemps autorité et qui lui valut, à l'instar de Pasteur, une gloire universelle. Il fut également anarchiste. Il le proclama urbi et urbi. Ce qui lui valut divers inconvénients, dont la prison et le bannissement (il mourra à Bruxelles). Après la proclamation de la Commune, le 18 mars 1871, il s'engagera comme volontaire dans la Garde Nationale et sera fait prisonnier, le fusil à la main, par les Versaillais. Il était géographe et anarchiste, pour les mêmes raisons. Ce qui peut paraître paradoxal. Comme Pierre Kropotkine, qu'il préfaça, son communisme libertaire se nourrit de la science. C'est l'étude rationnelle des sociétés humaines, de l'aménagement de l'espace, de la production et de la distribution des ressources qui justifie son adhésion aux idéaux anarchistes. Il est anarchiste par réalisme. Il y voit, à la fois, la conséquence nécessaire et inévitable de la révolution sociale et l'aboutissement de ses recherches sur la vie effective des hommes à la surface d'une planète qu'il parcourra inlassablement.
Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration.
S'il ne l'est pas en fait, c'est seulement parce que ceux qui l'entourent ne le sont pas moins que lui. Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.
Pionnière du féminisme, Louise Michel écrit dans ses Mémoires : « La question des femmes est, surtout à l'heure actuelle, inséparable de la question de l'humanité. » Ce Carnet propose de rassembler les textes et pamphlets féministes de l'auteur dont Le Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris en est l'emblême. Son souhait le plus cher est d'apporter aux femmes une aussi bonne éducation que les hommes, elle leur enseigne tout : les mathématiques, le théâtre, les sciences naturelles jusqu'à l'éducation sexuelle.
« Les hommes sont des lâches ! Nous l'avons vu dans les deux journées à jamais mémorables, où leurs talons seuls étaient visibles ; j'avais cru un instant que je pouvais me fier à eux, il n'en est malheureusement rien. Un millier de citoyennes comme moi, et la révolution serait faite ; du courage donc, et laissez pleurnicher vos femmelettes de maris. Je veux la paix à l'intérieur, quant à l'extérieur, je ne vous dis que ça. »
La désaffection pour la " chose publique ", la relative déconsidération qui frappe les hommes politiques donnent à ce texte un relief tout à fait particulier.
C'est la question du sens de la politique qui est ici envisagée, de sa justification. il ne suffit pas de se convaincre que la politique est une nécessité impérieuse pour la vie humaine, il faut encore pouvoir maintenir dans nos sociétés contemporaines la possibilité d'un espace pour la délibération. " la question aujourd'hui ne s'énonce pas tellement en ces termes : quel est le sens de la politique ? au sentiment des peuples qui, un peu partout, se sentent menacés par la politique et parmi lesquels les meilleurs ont consciemment pris leur distance par rapport à la politique, on comprend que corresponde mieux la question qu'ils se posent et que d'autres se posent : la politique a-t-elle encore un sens ?" h.
A.
Sans renier pour autant son statut d´icône féministe, L'Herne a voulu restituer à Simone de Beauvoir toute sa dimension d´écrivain. Ce Cahier tente d´éclairer les différents genres dans lesquels son talent s´est exercé et souligne un travail d´écriture souvent méconnu.
La publication d´extraits de romans de jeunesse inédits, la découverte de manuscrits dont l´analyse permet de relire autrement romans, nouvelles et autobiographies, révèlent la constance d`une vocation et le souci obstiné de la solution littéraire adéquate. Refusant les excès du tout biographique, ce Cahier offre néanmoins aux lecteurs des correspondances inédites, qui font le point sur les relations inventives que Simone de Beauvoir noua avec ses amours et ses amis. Des entretiens témoignent du désir qu´elle eut toujours de s´expliquer sur son oeuvre et sur sa vie, et de nombreux articles, publiés dans des revues ou quotidiens américains et français, illustrent ses engagements.
Ce Cahier rend compte des recherches, notamment anglo-saxonnes, qui ont sorti Simone de Beauvoir de l´ombre sartrienne et lui ont conféré une stature de philosophe à part entière. Nous avons souhaité élargir notre étude aux adaptations cinématographiques et théâtrales que ses romans et ses essais ont suscitées.
Le rayonnement de Simone de Beauvoir se mesure également à l´abondance des lettres de lecteurs qu´elle reçut et dont nous publions des échantillons, en privilégiant les correspondances d´écrivains. Ce dialogue se poursuit, non sans débats, avec les écrivaines des générations suivantes.
Ce petit écrit entend rassembler, pour ainsi dire de manière dogmatique, les thèses de la psychanalyse sous la forme la plus ramassée et dans la version la plus définitive. Bien entendu, sa visée n'est pas d'exiger la croyance ni de susciter la conviction. Les assertions de la psychanalyse reposent sur un nombre incalculable d'observations et d'expériences, et seul celui qui répète ces observations sur lui-même et sur d'autres est engagé sur la voie menant à un jugement personnel.
Ce texte, écrit de façon très vivante, est touchant par sa fraîcheur, chez cet homme âgé qui devait mourir très peu de temps après, en 1939. Freud y fait don à Romain Rolland d'un fragment d'autoanalyse, qu'il venait de réaliser malgré l'ancienneté de l'incident en cause ; il s'agit en effet d'un bref voyage à Athènes en 1904, en compagnie de son jeune frère Alexander. Ils étaient partis pour un voyage à Corfou, mais un ami rencontré à Trieste leur conseille d'aller plutôt à Athènes. Voici Sigmund et Alexander errant dans les rues de Trieste, grognons, en attendant l'ouverture des bureaux de la compagnie de navigation, après quoi ils prennent des billets pour le Pirée comme si cela allait de soi. Le lendemain, au sommet de l'Acropole, Freud est saisi d'un sentiment étrange : « A insi, cela existe réellement », comme s'il en avait jamais douté, alors que par ailleurs il sait bien n'en avoir jamais douté.
Noël et le jour de l'An sont l'occasion pour Colette de retrouver ses réveillons d'autrefois. De ressusciter par l'écriture l'attente de la dernière heure de l'année ou l'avènement de sa première aube, son enfance villageoise, sa maison heureuse et, bien sûr, celle qui en est l'âme, Sido, sa mère. De 1909 à l'automne 1948, c'est presque toute la carrière littéraire de Colette qui est jalonnée d'évocations de ces moments privilégiés. En femme qui sait et a compris la vie, elle se livre à une vraie méditation sur le monde de l'enfance et invite ses lecteurs à retrouver les « vraies fleurs de décembre que sont Noël et le premier Janvier ».
Temps arrêté, rythme immuable, cycle des saisons. Dans ses textes sur les fêtes de fin d'année, Colette exprime sinon une philosophie de la vie, du moins une conduite de vie : recommencer et non répéter. Renaître à soi-même. Se transformer. En 1952, à 79 ans, deux ans avant de mourir, Colette confiait dans une note conservée à la Bibliothèque national de France : « Je voudrais : 1° recommencer 2° recommencer 3° recommencer... ». Ultime confidence d'une femme et d'un écrivain - impossible dans son cas de séparer les deux existences - qui voulut sans cesse éclore et qui trouva dans son enfance la source d'une éternelle re-création : « Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée, toute mon existence, sur les éclosions. C'est là pour moi que réside le drame essentiel, mieux que dans la mort qui n'est qu'une banale défaite... L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin, et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre. »
...L'ensemble des textes du Cahier rend compte du parcours d'exception de Lévi-Strauss, dont sont particulièrement signalés certains moments cruciaux, tels la rencontre des Indiens brésiliens ou l'exil new yorkais lors de la seconde guerre mondiale, ainsi que les grandes étapes de l'invention créatrice, tel le passage des travaux sur la parenté à l'immense aventure des Mythologiques...
fille d'industriels aisés, elle a publié son premier roman, bonjour tristesse en 1954, à l'âge de 19 ans. beaucoup de livres suivront et le succès ne se démentira pas. sa carrière littéraire se confirme dans le temps et fait de françoise sagan une personnalité incontournable de la scène culturelle française. dans la mouvance de la nouvelle vague, elle a aussi contribué à l'écriture de scénarios et de dialogues de films. menant une " vie de patachon ", selon sa propre expression, voyageant sans relâche, elle passe de megève, à sa propriété en normandie via la côte d'azur et cajarc, et ne résiste pas à des horizons plus lointains, comme l'italie ou les seychelles. françoise sagan meurt à l'âge de 69 ans.
Dans la perspective du cinquantenaire de Mai 68, nous publions un ouvrage collectif centré sur la place occupée par les femmes dans ce mouvement. Ce livre souhaite donner la parole aux femmes tout en faisant revivre les enjeux et les défis qu'elles ont eu à relever. Il cherche aussi à rendre compte de l'héritage de Mai 68 tant sur les plans sociétal, politique, culturel que sur ceux de l'éducation et de l'enseignement et nous proposons d'offrir une réflexion sur la place, la représentation des femmes et l'évolution de leur statut dans l'Histoire contemporaine.
Philosophes, romancières, artistes, actrices, historiennes, scientifique, chacune a eu son Mai 68 et partage avec nous le souvenir de ce vent de liberté, en mots et en images.
" C'est parce que le mutisme des voix animales est une sorte de fleuve des enfers, un Achéron, que j'ai souhaité intituler cet exposé "Le rameau d'or". On découvre en effet, chez Virgile et Michelet, dans le lien que l'historien entretient au poète, l'évocation d'une secrète analogie entre les animaux et les morts, entre les endormis que sont les animaux et les à demi vivants que sont pour nous les morts. Autres qu'il est difficile, voire dangereux d'approcher. Avant de les rencontrer, il faut se munir d'un mot de passe, d'un schibboleth, d'un rituel, d'un instrument orphique, ce qui n'exclut cependant pas l'effort et l'endurance. C pouvoir énigmatique, on peut le nommer indifféremment, finesse de l'oreille ou don de la traduction. La grâce est accordée à certains et refusée à d'autres, qui permet d'entendre et de comprendre le parler des à jamais silencieux, et d'administrer un remède à cette immémoriale séparation entre les bêtes et les hommes qu'on nomme pompeusement la différence zoo-anthropologique. " Elisabeth de Fontenay.
Il y a un côté prodigieusement énervant chez les cubains, c'est le côté " nouveau libre " ils sont nouveaux libres comme on est nouveau riche.
Ce sont eux qui ont inventé 1a révolution, le monde a les yeux fixés sur eux tout le monde les admire et il n'y a que les salauds pour se permettre la plus légère objection. ils semblent ignorer parfaitement (je parle du cubain moyen) qu'ils sont à une heure de l'amérique, qu'ils ont demandé l'aide des russes et que ce peut être une raison de l'intérêt que leur porte la presse mondiale. enfin, ils sont persuadés qu'à part la russie, tous les peuples vivent sous une affreuse tyrannie et que nous-mêmes français, prêtons la main à un bourreau sanguinaire nommé de gaulle.
Des conversations de ce genre, si elles se prolongent vous mènent au bord de l'apoplexie.
Déclaration d'amour de Marguerite Duras à la cité de Deauville, accompagnée de textes rares, parmi lesquels Les petits pieds de la Chine, La route Paris-Rouen ou encore Théodora.