Juin 1944 : avec sa famille juive parisienne, la petite Colette Bitker est réfugiée dans un hameau du Vercors. Une patrouille allemande débarque dans la maison de l'autre côté du chemin et arrête un homme monté de la ville pour les vacances. Du pas de la porte, la fillette voit s'éloigner, dans l'air délicieux de cette fin d'après-midi, l'homme encadré par les soldats. Il porte une chemise blanche qu'elle suit du regard jusqu'à ce que le groupe disparaisse au tournant de la route.
Tout de suite, elle sait que l'homme ne reviendra pas. Des années plus tard, devenue peintre, elle découvre que dans chacune de ses toiles figure une tache blanche.
1932.
Le fascisme et l'antisémitisme triomphent en Allemagne. Einstein pose à Freud cette question essentielle : "Que peut-on faire pour libérer les hommes de la menace de la guerre ? " Le psychanalyste lui répond longuement et cet échange épistolaire (reproduit ici) paraît en mars 1933 sous le titre Pourquoi la guerre ? Le livre entre dans l'autodafé berlinois du 10 mai de la même année. Pourquoi la guerre ? est important dans l'oeuvre de Freud car l'auteur y poursuit une réflexion fondamentale qui l'amène à conclure que pulsions de vie et pulsions de mort sont liées, réflexion très tôt entamée dans des écrits comme Nous et la mort (1915), une conférence inédite dont nous proposons une nouvelle traduction.
Terrible paradoxe, Freud dédicace un exemplaire de ce Pourquoi la guerre ? à Mussolini, qui exige tout de même une enquête de police sur son auteur. C'est compte-rendu policier en mains que les intervenants réunis ici tentent de comprendre la raison de cette dédicace, tout en entamant eux-mêmes une réflexion sur la genèse de la guerre.
Ce sont des véritables voyages de Freud dont il s'agit ici, non de promenades imaginaires. Et ces voyages sont lus sous un angle inédit: à ces déplacements dans l'espace correspondent des avancées dans la théorie analytique. Freud n'écrivait-il pas à Fliess: "A l'inverse du géant Anthée, je prends des forces nouvelles dès que je pose le pied hors de la ville où je réside"? Ses voyages à Paris, en Italie, à Athènes, aux Etats-Unis et enfin à Londres scandent ainsi l'histoire de la psychanalyse. Cette topique a fait l'objet d'entretiens (diffusés sur France Culture et recueillis ici) entre Marlène Belilos et François Ansermet, Eugénie Lemoine-Luccioni, Jean-Daniel Malet, Pierre Thèves, Armand Zaloszyc, tous psychanalystes, membres de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse. Les entretiens sont suivis d'une nouvelle traduction originale d'Un trouble de mémoire sur l'Acropole. Dans cette lettre écrite à Romain Rolland en janvier 1936, Freud auto-analyse le sentiment d'étrangeté et de dépersonnalisation qu'il avait éprouvé en visitant l'Acropole en 1904.
" le conseil du printemps ", " conte triste " et " eclaircissement " sont trois nouvelles d'anna de noailles (1876-1933) tombées dans l'oubli et que nous republions ici pour la première fois depuis leur sortie en 1923.
Les récits inspirés par le voyage et l'amour ont fait l'objet d'une première publication en 1930 dans un recueil intitulé exactitudes. dans ces textes, qui sont à la fois un aveu passionné et une méditation tant philosophique que poétique sur l'amour, anna de noailles livre une vision fervente des femmes et de l'amour féminin, vision qu'elle défendit sa vie entière avec une exigence courageuse et un regard profondément novateur qui fait d'elle l'égale de lou andreas-salomé et de colette.