Twyla et Roberta avaient huit ans lorsqu'elles ont atterri dans la même chambre de l'orphelinat St. Bonaventure de Newburgh, au nord de New York. Quatre mois durant, elles sont restées inséparables - puis la vie les a éloignées. Des années plus tard, elles se recroisent trois fois de suite par hasard - dans un dîner, une épicerie, une manifestation.
Chacune, à l'occasion de ces retrouvailles inopinées, va se rendre compte à quel point elle est devenue étrangère à l'autre. Et pourtant, elles demeurent indéfectiblement liées par un événement terrible, remontant à leur enfance à l'orphelinat.
Twyla et Roberta ; l'une est noire ; l'autre est blanche ; mais laquelle ? Le lecteur ne le saura jamais - et c'est tout ce qui fait le vertige et la profondeur de cette histoire, que Toni Morrison a écrite « comme une expérience, dans l'idée d'eff acer toute trace de détermination raciale chez deux personnages pour qui la question de la race est déterminante ».
Un texte à la fois limpide et troublant, au coeur de problématiques qui agitent encore et toujours notre époque - la question raciale, l'identité, la violence, la diff érence, l'aliénation.
L'histoire se déroule dans l'Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s'applique pas qu'aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L'Amérique de Home est au bord de l'implosion et bouillonne, mais c'est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s'exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d'Elvis n'ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d'un état à l'autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l'entraide et le partage ? facilités par l'utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états ? sont au coeur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques.
La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s'exprime aussi bien physiquement que par des crises d'angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade. Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d'amour, de rancoeur pour cette ville qu'il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d'aider sa soeur à faire de même.
Home est le dixième roman de Toni Morrison. À travers l'histoire dure et torturée de ce jeune soldat, c'est un roman de la rédemption que nous offre ici l'auteur. Ce retour à l'Amérique du XX e siècle, avec une focalisation sur les années 1950, est un développement nouveau dans l'oeuvre de Toni Morrison, mais on retrouve pourtant les thèmes qui caractérisent son oeuvre. Elle laisse le lecteur découvrir ces années 1950 qui ne sont finalement que suggérées qu'à travers de petits indices. Elle laisse le souvenir de cette époque se reconstruire à travers les images distillées dans notre inconscient collectif. C'est encore et toujours dans la suggestion que l'art de Toni Morrison se révèle. Elle réussit à faire d'un roman finalement assez court une véritable oeuvre tout en subtilité, en vérités voilées qui se glissent progressivement jusqu'au lecteur avant d'exploser au grand jour.
On le surnomme « Laitier » parce que sa mère a continué de lui donner le sein en cachette jusqu'à ses trois ou quatre ans. Son vrai nom, c'est Macon Mort, le même que son père. Il vit dans le Nord, dans la région des Grands Lacs. Mû par la recherche d'un trésor enfoui, dit-on, dans une grotte, Laitier entreprend un voyage vers le Sud, d'où est originaire sa famille. C'est là qu'il découvrira son histoire familiale, que seule une comptine chantée par les enfants d'un village a conservée. Une comptine racontant la légende de Salomon qui s'envola pour retourner en Afrique, et qui laissa tomber le bébé qu'il portait dans ses bras.
Publié en 1977 aux États-Unis et en 1996 en France, Le Chant de Salomon est le troisième roman de Toni Morrison, et celui qui l'a solidement installée sur la scène littéraire américaine. Excellente introduction à son oeuvre selon l'Académie suédoise, qui décerna à son autrice le prix Nobel en 1993, il est réédité augmenté d'une préface de Christiane Taubira.
Dans ce « journal météorologique de l'esprit », Annie Dillard se fait la chroniqueuse d'une « vallée des merveilles » de l'État américain de Virginie où coule la rivière Tinker et se livre à une exploration quotidienne et solitaire de son environnement.
Elle décrit ainsi certains traits de la vie des mantes religieuses ou de celle des papillons Monarque, mais aussi celle des requins, des serpents venimeux, des parasites, leurs prouesses, beautés et déchéances, la violence et la cruauté mortelle de cet univers de prédateurs qui s'entre-dévorent.
Recluse volontaire parmi ces créatures, Annie Dillard est surtout une extraordinaire écrivaine qui lit la nature et tente de déchiffrer ses signes. Dans cette quête, elle cite Van Gogh, le Coran et Thoreau bien sûr, mais aussi entomologistes, astronomes, écrivains et chercheurs, trahissant ainsi avec beaucoup d'humilité une culture et une curiosité immenses qui font de cette double exploration de la vallée Tinker et de l'esprit humain un livre unique.
Récit d'un écrivain solitaire, ce texte est une splendeur d'écriture poétique, d'observation de la nature, et de réflexion quasi pascalienne sur la place de l'être humain entre l'infiniment grand et l'infiniment petit.
Dans le Nunavut des années 1970, une adolescente inuite grandit et fait l'expérience de l'amitié, l'amour parental, l'art du camouflage et de la survie. Elle connaît l'ennui et l'intimidation. Les ravages de l'alcool, la violence sourde, la menace des hommes, le courage d'aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits. Elle scande en silence la puissance brute, amorale, de la glace et du ciel. C'est l'histoire d'une fille qui devient femme, en s'appropriant son corps, sa culture, sa voix.
Croc fendu chronique les jours terribles d'un village écrasé sous le soleil de minuit. Mêlant descriptions hallucinées et plongées intimistes, ce portrait d'une héroïne inoubliable nous pousse à reconsidérer la différence entre le bon et le mauvais, l'animal et l'humain, le réel et l'imaginaire.
Une voix surgit dans l'oreille droite de la narratrice pour lui donner des instructions, comme porter du noir et retrouver Pascal. Elle demande des précisions : Qui est ce Pascal ? Elle se voit répondre : vous recevrez la visite de Pascal et d'autres morts, ça ne va pas tarder. Docile, elle se dispose à accueillir des revenants. Cela tombe bien, elle pourra peut-être avoir le fin mot sur les questions qui la taraudent : Qu'est-ce qu'être mort ? De quelle manière peut-on connaître cet état en restant vivant ? Comment sait-on ce qu'on sait, d'où le sait-on ? Elle commence alors à écrire sur des choses qui lui sont inconnues dans la réalité mais qu'elle connaît quand même. Comme le Soldat inconnu. Cette figure insaisissable la côtoie depuis son enfance : une enseignante avait donné pour consigne de dessiner ce qui se dissimulait derrière un drap blanc, ce sont ses traits qu'elle avait ébauchés sur la feuille blanche, pour donner forme à l'inconnu.
Avec subtilité et malice, Gaëlle Obiégly nous convie à une conférence pour rendre tangible l'insaisissable. La transmission est au coeur de cette quête pleine de facéties et de vivacité amusée à l'image d'Yvette, une vieille dame haute en couleur. En multipliant avec légèreté et gravité des impressions disparates et instinctives, Gaëlle Obliégly porte sur la société et son prochain un regard d'une grande acuité.
Ce conte onirique, parfois absurde, est peut-être l'histoire d'un cadre d'entreprise irascible - Dalton Harron, surnommé « Diddy », 33 ans, divorcé - qui perd son sang-froid un soir dans un train de banlieue en retard, parvient à se faufiler hors du train arrêté, tue dans un accès de rage l'employé malicieux qui essaie de dégager les voies, et remonte furtivement à bord sans que personne ne le remarque, passant le reste de l'histoire dans un nuage existentiel de culpabilité et de pensées profondes ; ou peut-être que rien de tout cela n'est réellement arrivé et que ce que nous observons vraiment, c'est notre narrateur qui fait l'expérience d'une rupture totale avec la réalité. À bord du train, Diddy se confesse à une jeune femme aveugle, Hester. Ces deux êtres, chacun dans sa nuit, vont tenter de vivre ensemble. Mais à New York où ils mènent une existence de reclus, Diddy ne cessera d'errer dans un dédale d'ambiguïtés où se refusera à le suivre Hester.
Susan Sontag livre un roman fascinant sur la définition glissante de la « vérité », mais aussi sur l'absurdité de l'existence et sur la folie.
Peut-être la plus originale et la plus novatrice des romancières anglaises contemporaines, Angela Carter bénéficie aujourd'hui d'une importante reconnaissance. Dans les trois jours qui suivirent sa disparition, ses ouvrages furent épuisés et elle devint, sur les campus anglais, l'auteur contemporain le plus lu et étudié, devenant plus populaire que Virginia Woolf. La veine inventive d'Angela Carter, sa fascination pour les travers de l'être humain, sa possible perversité et son analyse de la figure féminine se retrouvent dans Love.
Publié pour la première fois en 1997 et inspiré du roman sentimental Adolphe de Benjamin Constant, Love raconte une oppressante histoire d'amour à trois entre Annabel, étudiante aux Beaux-arts issue de la bourgeoisie, Lee Collins, d'origine plus modeste et orphelin d'une mère folle et Buzz, son demi-frère déséquilibré, vivant ensemble dans la province anglaise au milieu du désordre et de la saleté d'un petit appartement. Dans cette relation, les émotions les plus subtiles côtoient les pulsions sexuelles les plus primaires et les névroses sentimentales les plus cruelles.
Illuminé par la présence d'une héroïne aussi fragile que radieuse, ce livre vibrant représente la quintessence du talent d'Angela Carter, qui s'affirme d'emblée par une écriture énergique à la fois rude et cultivée. Mêlant violence et délicatesse, l'auteur britannique chamboule le familier pour créer un monde nouveau et étrange.
Paris, début du XXe siècle. Hippolyte, un jeune homme issu d'un milieu aisé, abandonne ses études et commence à fréquenter le salon d'un couple d'étrangers, où il rencontre Frau Anders qui devient bientôt son amante. C'est à cette époque que Hippolyte fait le premier d'une série de rêves inquiétants. Il prend alors sa grande décision : au lieu d'utiliser ses rêves pour interpréter sa vie, il utilisera désormais sa vie pour interpréter ses rêves. Ceux-ci le conduiront à se lier d'amitié avec un voleur notoire, à entreprendre un périple rocambolesque dans un pays lointain et à se confronter au mythe grec auquel son prénom fait écho.
Sous la forme des mémoires d'un Candide des temps modernes, ce premier roman de Susan Sontag, propose un portrait fascinant, intelligent et acerbe d'un milieu bohème en vogue au début du siècle dernier, et révèle au monde une écrivaine unique.
1917. William Moreland, ancien détrousseur de grands chemins, n'est plus que l'ombre de lui-même. Brisé par la mort de son grand amour, Mary Boulton - celle qu'on appelait autrefois « la Veuve » - et harassé par des années de cavale, il ressurgit à la frontière du Montana, prêt à tout sacrifier pour assurer l'avenir de son fils, Jack. Le jeune orphelin vit comme un animal en cage dans une lugubre demeure, sous la férule à la fois bienveillante et inflexible de Soeur Beatrice. Du haut de ses 12 ans, Jack n'a qu'un seul désir : tel son père, fuir à son tour, et trouver refuge dans la vieille cabane familiale tapie dans les bois. Au risque de déclencher une traque folle pour le retrouver.
Avec cette étonnante saga familiale, qui tient à la fois de la tragédie faulknérienne et de La Nuit du chasseur, Gil Adamson nous entraîne dans les paysages rudes et majestueux des Rocheuses, au coeur d'un grand Ouest américain bouleversé de fond en comble à l'aube du XXe siècle. Ce vaste roman aux accents westerns, porté par une prose flamboyante et par le souffle de l'aventure, met en scène des personnages inoubliables, animés par l'énergie du désespoir et de l'amour filial.
En 1873, un groupe de Polonais, emmené par Maryna Zalezowska, la plus grande actrice de Pologne, émigre aux États-Unis et voyage jusqu'en Californie pour y fonder une communauté utopiste. Maryna, qui a renoncé à sa carrière pour cette aventure, est accompagnée de son fils, de son mari et d'un jeune écrivain amoureux d'elle. Rêvant d'un pays où tout pourrait recommencer, ils sont néanmoins rapidement gagnés par la désillusion. La plupart prennent le chemin du retour, mais Maryna décide de se battre. Elle apprend l'anglais, change de nom et commence une brillante carrière qui la conduit à sillonner les États-Unis avec la compagnie qu'elle a créée.
Ce grand roman, récompensé par le National Book Award, dans lequel se croisent personnages de fiction et personnages historiques, est la reconstitution brillante d'une époque, d'un pays et de l'univers du théâtre. Le grand rêve américain d'une femme au destin inoubliable, à l'aube de la modernité.
1772 : au pied d'un Vésuve toujours menaçant, Naples rayonne sur l'Europe. Le Cavaliere, ambassadeur britannique auprès du royaume des Deux-Siciles, s'y installe avec sa femme et s'adonne avec passion à son activité de collectionneur d'art. A la mort de son épouse, il fait la connaissance d'une jeune femme incroyablement belle et intelligente, bien que n'ayant reçu aucune instruction. Il devient son mentor, décidé à en faire une citoyenne du monde, et, au scandale de la bonne société napolitaine, la demande en mariage.
Mais l'arrivée d'un jeune amiral britannique va bouleverser les sentiments de la nouvelle femme du Cavaliere. Inspiré des vies de Sir William Hamilton, de sa femme Emma et de Lord Nelson, L'Amant du volcan déploie une grande ingéniosité formelle et bouscule les conventions du roman historique en évoquant aussi bien la Révolution que l'Opéra, la condition des femmes et l'amour.
Kharkiv. Marioupol. Lougansk. Tchernihiv. Boutcha...
« Je prie mes lecteurs, tous ceux qui sont auprès de nous par la pensée en ce moment, de graver dans leur mémoire ces noms de villes ukrainiennes. Ces lieux nous appartiennent à nous tous. La responsabilité de leur sécurité incombe au monde entier. ».
Dès le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, l'écrivaine et photographe Evgenia Belorusets a entrepris de tenir un journal, dans lequel elle raconte le quotidien des habitants de Kiev : le sifflement des bombes, le silence des rues dévastées, la sidération, l'effroi, l'incertitude. Mais la vie, aussi, qui continue vaille que vaille à travers les gestes les plus anodins - échanger quelques mots avec un voisin, s'asseoir un moment sur un banc dans un parc, attraper au vol le miracle d'un sourire, d'un rayon de soleil, d'une minute de répit.
Avec ce document exceptionnel, dans lequel dialoguent textes et photographies, Evgenia Belorusets fait acte de résistance à sa manière intime, tentant, par les seules armes de l'art et de la littérature, de nous faire prendre la mesure exacte, à hauteur d'humanité, du drame qui se joue aujourd'hui à nos portes.
Alors qu'elle est à peine âgée de trente ans, Euphrosinia Kersnovskaïa voit l'URSS imposer le joug soviétique à la Bessarabie, où sa famille s'est installée après la révolution. Victime de la collectivisation, Euphrosinia perd tout. Très vite, elle est envoyée sur un chantier d'abattage de bois en Sibérie. Elle s'évade, erre des mois seule dans la taïga, puis finit par être arrêtée et condamnée à des années de camp - pour finalement travailler dans des mines de charbon. Une fois libre, elle produit cette oeuvre inouïe : un récit où le témoignage écrit cohabite avec des dessins réalisés sur des cahiers d'écolier - en illustrant elle-même son histoire, elle restitue dans les moindres détails les scènes dont elle a été témoin et auxquelles elle a participé.
Sa destinée s'apparente à celle des plus grandes héroïnes de roman. On se demande avec stupéfaction comment autant d'épreuves et de malheurs peuvent tenir en une seule vie : Euphrosinia affronte les obstacles de sa vie d'un coeur pur et candide, faisant toujours passer les autres avant elle-même. Le dessin, qui aurait pu n'être pour elle qu'un simple passe-temps, devient entre ses mains la lance de Don Quichotte qui lui sert à pourfendre inlassablement le mal.
Écrit à l'insu des autorités, Envers et contre tout est le récit d'un destin hors du commun. Un témoignage fort et inspirant, l'odyssée d'une irréductible qui constitue une source de joie profonde, un antidote aux compromissions et à la peur, au mensonge et à l'oubli.
Elles avaient 17 ans et des corps bronzés et parfaits. Elles avaient prévu une joyeuse escapade par une chaude journée d'été. Elles prévoyaient d'aller se baigner dans un beau lac isolé et de rentrer au camp avant que l'on ait remarqué leur départ. Ce qu'elles n'avaient pas prévu, c'est qu'elles
seraient suivies par deux garçons errant dans une gare abandonnée.
Combien d'histoires terrifiantes n'ont pas été racontées autour d'un feu de camp entre deux chamallows grillés ? Voici celle de trois adolescentes à la fin des années soixante-dix, trois pompom girls qui décident de filer en douce de leur camp d'été à bord de la Mustang décapotable de l'une d'elles dans l'espoir de se baigner dans le mystérieux Lac des Amants. Dans leur insouciance, elles sourient à deux garçons croisés en chemin. Cette journée de rêve prend soudain des allures terribles, tout cela parce que Kristy a souri au mauvais moment, au mauvais endroit, aux mauvais garçons.
À Buenos Aires, une mystérieuse faussaire a atteint le statut de légende. Imitatrice de génie et peintre de talent, la Negra s'est entourée d'artistes et comparses pour inonder le marché de l'art d'« authentiques faux » - se spécialisant elle-même dans les portraits de la célèbre Mariette Lydis. Nuit après nuit, tous se rassemblent dans un étrange établissement appelé Hôtel mélancolique.
Enriqueta Macedo était l'une d'entre eux ; amie et mentor de la narratrice, elle lui a raconté cette fascinante histoire. Des années plus tard, cette dernière revient sur cette rencontre qui a façonné sa vie, son initiation au monde de l'art, et l'histoire de la Negra. Passionnée par cette figure mystérieuse disparue sans laisser (trop) de traces, elle se penche d'abord sur la figure centrale de Mariette Lydis, plonge dans les archives de la bande de l'Hôtel mélancolique et en interroge les anciens camarades pour tenter de tracer en creux le portait de l'insaisissable Negra.
Mêlant personnages réels et imaginaires, María Gainza enveloppe et envoûte son lecteur par touches, oscillant entre humour, délicatesse et triviale réalité. Porté par l'obsession et plein de subtiles surprises, Portrait d'une inconnue est une méditation passionnante sur ce que nous entendons par « authenticité » - dans l'art et ailleurs -, et une exploration de l'écart entre ce qui est vécu et ce qui est dit.
À la sortie d'un concert où elle s'était rendue avec une voisine de son âge, Yésica, quinze ans est enlevée. La disparition de l'adolescente secoue Sant Antoni, le quartier populaire de Barcelone dans lequel les deux jeunes filles ont grandi. Pendant des années, on ne trouve aucune trace d'elle, laissant Désirée traumatisée par les circonstances de la perte de sa camarade.
Jusqu'au jour où cette dernière réapparaît vivante. Brisée, elle refuse catégoriquement de raconter l'enfer qu'elle a vécu.
Seule Désirée, qui ne l'aimait pourtant pas beaucoup, semble la comprendre.
Des années plus tard, Désirée participe à un atelier d'écriture au centre pénitencier de Wad-Ras. Peu à peu elle révèle aux autres prisonnières captivées ce qui s'est véritablement passé.
D'allumettes et d'écailles se lit avec le suspense addictif d'un roman policier et la tension glaçante d'une histoire d'horreur, en renouvelant les codes de ces genres littéraires. Toute l'attention est concentrée sur les victimes, sur la vie quotidienne de deux adolescentes ordinaires secouées par la terreur.
Ce court roman se présente sous une forme épistolaire ce qui lui vaut toute son originalité. L'histoire se construit à travers les différentes correspondances échangées entre plusieurs protagonistes, rehaussant ainsi les opinions et personnalités de chacun. Lady Susan, ravissante veuve d'environ trente-cinq ans, est au centre de ces correspondances. Par ses interventions mais surtout par les réactions que ses comportements provoquent autour d'elle. Ses agissements volages engendrent bien des critiques. Cette veuve spirituelle et jolie mais sans le sou trouve en effet refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou simplement une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question... Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d'une aventurière, dans la lignée des personnages d'Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.
Jane Austen est née en 1775 à Steventon, fille d'un pasteur anglican et benjamine d'une famille de huit enfants. Elle a vécu une vie toute unie et toute familiale jusqu'à 41 ans, âge de sa mort « au moment où elle commençait à croire qu'elle réussirait ». Jane Austen commence à écrire très tôt, encouragée par l'exemple familial. Elle s'oriente vers le récit, s'inspirant des romans sentimentaux qui constituent le fonds des bibliothèques. Les oeuvres de jeunesse qui ont été conservées, copiées à la main en trois cahiers intitulés Volume I,II et III, ont été écrites sans doute entre la douzième et la dix-septième année de l'auteur. En 1795, Jane Austen commence un roman intitulé Elinor et Marianne, première version de ce qui allait être Raison et Sentiments. Dans la foulée, elle écrit First Impressions, qui deviendra Orgueil et préjugés. Enfin en 1798, elle écrit Northanger Abbey, sous le premier titre de Susan. Ces trois romans majeurs sont écrits entre vingt et vingt-cinq ans. Son père tente de faire publier First Impressions, sans succès dans un premier temps. En 1800, elle s'installe avec toute sa famille à Bath, ville qu'elle apprécie peu mais qui a inspiré de nombreux passages de ses romans.
Son père meurt en 1805, laissant Jane, sa mère et sa soeur Cassandra dépendantes des revenus fraternels. Elles quittent Bath en 1808 pour s'installer dans le village de Chawton. C'est là qu'elle passa les dernières années de sa vie, écrivit l'essentiel des oeuvres, qui lui firent connaître le succès de son vivant : Orgueil et préjugés, Mansfield Park et Emma.
Le prix Nobel, Toni Morrison, revient sur les thèmes qui imprègnent son travail et dominent de plus en plus clairement la politique nationale et mondiale : la « race », la peur, les frontières, le mouvement de masse des populations, le désir d'appartenance. Qu'est-ce que la « race » et pourquoi est-ce si important ? Qu'est-ce qui motive la tendance de l'être humain à créer les Autres ? Pourquoi la présence de ces Autres nous fait-elle si peur ?
Dans le cadre d'une intervention à Harvard, faisant partie de la série des prestigieuses conférences « Norton Lectures », Toni Morrison réfléchit à ces questions - ainsi qu'à d'autres questions vitales - au sujet de l'identité. Dans sa quête de réponses, l'auteur se replonge dans ses propres souvenirs mais également dans l'histoire, la politique, et surtout la littérature qui joue un rôle important - notamment la littérature de William Faulkner, Flannery O'Connor et Joseph Conrad - dans la notion de « race » aux États-Unis, que ce soit de manière positive ou négative. L'auteur s'intéresse à ce que signifie être noir, à la notion de pureté des « races » et à la façon dont la littérature utilise la couleur de peau pour décrire un personnage ou faire avancer un récit. Élargissant la portée de son discours, Toni Morrison étudie également la mondialisation et le déplacement des populations à notre époque.
« Toni Morrison retrace, à travers la littérature américaine, les modes de pensée et de comportement qui désignent, de manière subtile, qui trouve sa place et qui ne la trouve pas... L'Origine des autres associe l'éloquence caractéristique de Toni Morrison à la signification que revêt, de nos jours, l'expression citoyen de monde. » The New Republic
En 1978, à partir de métaphores suscitées par le cancer, Susan Sontag analyse aussi bien les sources médicales et psychiatriques que les textes littéraires de l'Antiquité aux temps modernes, de Keats Dickens, Baudelaire, James Mann, Joyce, Mansfield et Auden.
Elle démystifie les fantasmes idéologiques qui démonisent certaines maladies et, par extension, culpabilisent les malades. Dans un second essai, écrit dix ans plus tard, Susan Sontag souligne à quel point le sida a réactivé le spectre de l'épidémie dont le monde moderne se croyait débarrassé. Certains en font la " peste " de notre temps, le châtiment infligé par Dieu aux groupes "déviants ". Susan Sontag dénonce ce catastrophisme et propose une réflexion extraordinaire d'intelligence et de culture historique, littéraire, philosophique, sur la propension qu'a l'homme.
Ils sont trois, une femme et deux hommes. Alors qu'il est toujours plus difficile d'accéder à l'emploi au sortir de ses études, ces trois personnages banals et sans liens apparents se voient proposer un travail à l'Usine.
L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville et qui s'étend à perte de vue, jusqu'aux montagnes environnantes. C'est là qu'ils vont désormais travailler, à des postes pour le moins curieux : l'un d'entre eux est chargée d'étudier des mousses pour végétaliser les toits, un autre relit des écrits de toutes sortes et les corrige. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse, et passe ses journées à détruire des documents. Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais quand on n'a pas le choix car il faut bien gagner sa vie, on est prêts à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de leur existence ?
Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine.
Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses.
En surface, Dans la maison rêvée pourrait être considéré comme un témoignage : Carmen Maria Machado a vécu avec une femme une intense histoire d'amour qui s'est peu à peu muée en une relation faite d'emprise et de brutalité. Mais comment analyser et comprendre son expérience sans récits antérieurs auxquels se raccrocher ? Il n'existe en effet que peu d'archives queer, et presque pas de témoignages sur le tabou de la violence conjugale au sein de couples homosexuels.
Pour raconter ce qu'elle a vécu, Carmen Maria Machado a donc inventé une forme pyrotechnique qui n'appartient qu'à elle et qui étonnera plus d'un lecteur. En déroulant de courts chapitres dont chacun joue sur les codes d'un genre littéraire particulier (du roman fantastique à l'histoire horrifique en passant par... le livre dont vous êtes le héros), Dans la maison rêvée ne se contente pas de relater les faits d'une histoire singulière : il interroge aussi la force des clichés et des représentations, dissèque les mythologies qui fondent notre rapport aux autres, que celles-ci proviennent des contes de fées ou de la pop culture. Un récit nécessaire, furieusement innovant, et qui fait l'effet d'une détonation.
Comment l'amour traverse-t-il une vie marquée par une naissance, une séparation et une mort ? a son retour de la seconde guerre mondiale, toby maytree rencontre lou, une jeune diplômée, qui se laisse séduire par ce charpentier-poète trentenaire.
Ils se marient et s'installent au sein de la communauté d'écrivains et d'artistes non-conformistes qui ont élu domicile à la pointe de cap cod. ils y élèvent leur fils, un temps aidés par demy, leur amie bohème...dans une langue économe et élégante, annie dillard raconte les décennies d'amour, de rêves et les désillusions de la famille maytree. elle fait ainsi de l'histoire de ce mariage à la fois exceptionnelle et universelle, minuscule et monumentale, un roman unique.