Ces entretiens entre Marguerite Duras et François Mitterrand ont été enregistrés de juillet 1985 à avril 1986, à l'initiative de Michel Butel, directeur de L'Autre Journal qui, dès qu'ils ont été décryptés, les a publiés dans son hebdomadaire avec des photographies de Marie-Laure de Decker.
Début 2006, à l'occasion du dixième anniversaire de la mort de Marguerite Duras, France Culture diffusait ces entretiens, et les Éditions Gallimard en réunissaient les textes, légèrement remis en forme, dans un livre préfacé par Mazarine Pingeot intitulé Le bureau de poste de la rue Dupin et autres entretiens. Il nous semble que l'édition de la version originale, orale, diffusée par France Culture, s'impose aussi.
La rencontre de ces deux amis de jeunesse évoquant la Deuxième Guerre mondiale, conversant sur l'Afrique ou sur les États-Unis, avec leurs silences, leurs intonations, leur maîtrise orale de la langue française apporte une vie et un éclairage complémentaire au texte écrit.
Dans ces entretiens réalisés en novembre 1985 avec Antoinette Fouque, Simone Veil parle de sa vie de femme, de son engagement. Magistrate ou ministre, elle a toujours oeuvré contre les abus de pouvoir pour l'instauration d'une loi, bonne en ce qu'elle respecte la dignité de la personne humaine. Une voix de femme qui interpelle le monde politique et témoigne d'une vie simplement exemplaire.
« La profession d'avocat que j'avais choisie venait du goût de défendre des idées que je pensais justes et dont je trouvais qu'elles n'étaient pas suffisamment entendues. Au fond, je crois que toute ma vie, je pars en guerre... Ce qui m'importe, c'est la personne humaine, c'est l'homme, c'est la femme, le respect de l'homme et de la femme, de leur liberté, de leur dignité et de leur bonheur ; je ne conçois pas de possibilité de bonheur sans respect de la personnalité. C'est une sorte de combat pour une certaine forme de vie. » S.V.