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L'Age D'Homme
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Ce qu'il y a de singulier chez Anne Richter, c'est qu'elle ne publie ses nouvelles qu'une fois par décennie : La fourmi a fait le coup dans les années 1950, Les Locataires dans les années 1960, La Grande Pitié de la famille Zintram dans les années 1980, La Promenade du grand canal dans les années 1990 et, aujourd'hui, L'Ange hurleur où elle en a réuni neuf. Et si elle n'a fait pas paraître des nouvelles dans les années 1970, c'est sans doute parce qu'elle a préféré alors donner la parole à d'autres écrivains, en éditant d'une part une anthologie des fantastiqueurs allemands, de Goethe à Meyrink, et d'autre part un volume regroupant pour la première fois tous les contes fantastiques écrits par Maupassant. Autobiographiques ou pas, les neuf textes du présent recueil ont un point commun : ils accusent la réalité quotidienne, ils en font le procès, ils montrent à quel point elle est fautive, dès l'instant où elle se permet de tromper les êtres humains, de contrarier leurs désirs, leurs passions et leurs amours. Mais en même temps, chacun de ces textes parle de la vie telle qu'elle est, ou telle quelle pourrait être, ou telle qu'on voudrait qu'elle soit.. Ou même telle qu'on la trouve, décrite en long et en large, dans les livres... Du fantastique ? Non, pas tout à fait. Plutôt une sorte de réalisme magique mêlée de merveilleux - un merveilleux généralisé -, presque des contes de fées pour grandes personnes. Il est du reste question d'Andersen à la fin du récit très personnel intitulé La Bibliothèque insurgée et ce n'est sûrement pas un hasard. Et si, sans jamais élever la voix ni jamais écrire un mot plus haut qu'un autre, Anne Richter était elle-même une insurgée ?
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Histoire économique des femmes aux Etats-Unis
Julie A. Matthaei
- L'Age D'Homme
- 16 Février 1990
- 9782825123126
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La création a-t-elle un sexe ? Existe-t-il une différence entre femmes et hommes quant à leurs pratiques créatives ? Entre distinction et spécificité, que met en jeu le processus de création au féminin au-delà de la singularité de chaque artiste et de chaque oeuvre ? Il n'y a pas si longtemps que la création artistique des femmes a droit de cité et ce n'est pas sans combat ! S'extrayant des parti-pris de tous bords, quatorze artistes - chorégraphe, poète, peintres, plasticiennes, styliste, sculpteures et compositeurs - ont accepté de parler longuement et intimement de leur pratique, de la place qu'elle occupe dans leur vie et des incidences de leur création sur leur être-femme.
Thierry Delcourt est allé à leur rencontre en se dégageant autant que faire se peut des a priori. il les a écoutées attentivement parler de leur acte. de leur oeuvre et du processus de création qui les anime. Ainsi, il est possible de mieux comprendre, au-delà des évidences, le formidable mouvement impulsé par les femmes dans la création artistique contemporaine. Il ne s'agit par pour autant de catégoriser ces artistes dans une spécificité discriminante, même positive. Cette étude permet de tracer, à partir des singularités de chaque artiste, une distinction qui traverse le champ féminin où il est possible de croiser des hommes, de ceux qui ont fait le choix éclairé de quitter des prérogatives aussi aliénantes qu'illusoires en s'exposant au risque de créer Forme, expression, concept, sensibilité, énergie ... se conjuguent ici avec recherche, déconstruction, subversion, hétérogène, identité questionnée, appropriation ... Cette mise en chantier de l'art ouvre un espace de vie et de création passionnant et semble préserver un archipel d'humanité dans un monde ou l'homme est sa propre crise.
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« Dans la nuit, il y avait la lune. Elle me faisait signe du fond de sa lucarne et déposait sur le plancher ses beaux yeux blancs de lait. C'était un grand chemin, toute une voie de lune. Parfois il m'arrivait de tendre les bras vers elle à travers la lucarne. À son soleil, je déployais mes ailes. Je me mettais à danser. J'esquissais un pas de deux autour de moi, les bras tendus vers la lumière. Ça faisait un joli couple.
J'avais envie de danser chaque fois que je voyais la lune.
C'était dans le noir une auréole lactée, une grosse laiteuse, comme une maman de nuit. Elle dessinait sur le plancher de grands ronds blancs. On aurait dit un ventre. Je posais le pied dans le ventre de la lune. La nuit se faisait belle et psalmodiait son chant de l'ombre, son murmure de cendre et de poudre d'étoiles.
Je devenais un grand poète contemplatif. Je ne dansais plus. Je me baignais dans la grosse laiteuse et, comme disait l'oncle Albert après son petit cognac, c'était une félicité. » Un enfant attend sa mère. Elle doit « revenir bientôt ».
Accueilli dans la ferme de son oncle et de sa tante, il se console de cette absence en apprivoisant le rire des cousines, la lune, les étoiles et, bien entendu, le crabe. Jusqu'au jour où il découvre la musaraigne abandonnée. Puis. le papillon d'hiver.
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« Lorsqu'il est au café, Victor n'arrive plus à rire. Toute malice s'éteint de son regard. Il n'est plus l'homme espiègle se moquant de lui-même, ni le provocateur jouant de sa cicatrice comme d'un épouvantail. Il n'est qu'un homme perdu, égaré dans une histoire trop accablante.
Quand il se trouve ainsi taraudé de regrets, Victor se plante devant le bar. Les verres et les bobards défilent les uns après les autres. Victor se bariole l'esprit avec méthode et détermination.
C'est un malentendu, rien de plus. Agrémenté d'un peu de gueule de bois. C'est juste pour ça qu'il est compliqué à démêler. Il va s'éclaircir de lui-même. Dès que les brumes de l'alcool se seront dissipées. Victor se retrouvera comme avant. Avec son corps et sa tête d'avant. Intacts. Il va se réveiller indemne de ce mauvais rêve.
Car ce n'est qu'un mauvais rêve. N'est-ce pas ? Une voiture qui brûle un feu rouge, ça ne s'est jamais vu. N'est-ce pas ?
Un jour. Oui. Il se retrouvera. » Victor ne sait plus qui il est, il ne sait plus qu'il a un fils. Devenu handicapé après avoir été heurté par une voiture, il erre dans les rues de la ville à la recherche de lui-même. Il n'a plus de mémoire mais ses pas, toujours, le mène près de la même maison.Alban regrette son père, disparu peu après sa naissance. De lui, il ne possède qu'une photo, un visage de papier. Un jour, il part à sa recherche.
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Extrait de la préface d'Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit : " Dessinant depuis toujours des théâtres, des lieux publics, Ariane Laroux se place fréquemment dans les lieux de rencontre, dans les rues et sur les places à Genève ou à Venise, dans les espaces dits de connexion. Dans les gares par exemple, à Bâle, à Berne ou ailleurs?: elle aime les gares, là où les paysages dessinent des corps humains mobiles car en transit. Ces espaces publics qui sont le ressort de la condition urbaine sont innombrables chez Ariane Laroux qui en dessine les traits majeurs, ceux de la mobilité humaine et du mouvement qui fait sens. Ces paysages urbains sont des portraits, des visages qui troublent... composé d'espaces publics qui mettent en commun des sites humains et géographiques, des corps, des scènes. Un commun qui est celui de la "?biographie?" de celle qui grave. Un commun dont tout le monde ne jouit pas, un commun qui se conquiert. Un commun qui, dans l'état de l'urbain contemporain est l'utopie concrète d'Ariane Laroux. "
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Pendant des années, Ariane Laroux a dessiné des hommes et des femmes qui ont pris des risques pour passer de l'ombre à la lumière.
Peu à peu, au fil des rencontres, un dialogue s'est établi, dialogue fait d'intimité, d'introspection, de confiance : le portrait ouvrait la porte du coeur. Soixante-huit interviews, plus de cent portraits sont le résultat d'un travail de seize ans, d'incessants voyages, d'heures de dialogue et de pose. Ariane Laroux devine de façon mediumnique le caractère de la personne, le dessin le révèle faisant sortir du blanc du papier leur regard, leur bouche, leurs cheveux et tout d'un coup leur âme.
Elle peint et dessine toujours directement, sans esquisse ni retouche, devant tous ces modèles qui bougent constamment. Se concentrer et croire violemment en la force interne du trait. Tout est dit, quand le blanc de la toile ou du papier vire tout d'un coup et devient un espace où l'on pourrait entrer. " Quoi de plus passionnant que les confidences faites ici par Benoîte Groult, s'agissant aussi bien de Marie Bonaparte que de ses proches ? Quoi de plus éclairant que ce que confient Salima Ghezali, Rigoberta Menchu ou la première femme rabbin d'Europe continentale, Pauline Bebe ? Et puis il y a Germaine Tillon, la profonde, la judicieuse.
Ariane Laroux ne dissimule pas qu'elle tient ce privilège pour un trésor. Il se trouve qu'elle a trouvé bon de nous le faire partager. Merci, Ariane au fil d'or. "
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