Les femmes ont longtemps été l'invisible de l'ethnologie, de l'anthropologie, de l'archéologie, de l'histoire, de l'art. Tenues en laisse, muselées, confinées dans le cercle domestique, leurs corps ont été contrôlés, transformés, sélectionnés, leur imaginaire mis au service de la domination masculine.
À la fois accusées de tous les maux et porteuses de tous les espoirs, de Pandore à la Pietà, de la maman à la putain, la femme est pour certain·es l'avenir de l'humanité : parce qu'elle est paix, amour, consolation ; pour d'autres, elle est seule responsable de sa chute :
Parce qu'elle est tentatrice, séductrice, terrienne, trop terrienne.
D'où viennent donc ces certitudes quant à la nature des mâles et des femelles chez l'être humain moderne, cette hiérarchie au sein d'une seule et même espèce ? Cette violence oppressive pourrait-elle être l'une des causes de la destruction actuelle du vivant ?
Pour tenter d'appréhender au mieux la naturalisation dont les femmes sont victimes, Ana Minski confronte plusieurs récits mythiques aux données archéologiques, historiques, ethnologiques et éthologiques. Elle commence tout d'abord par définir le cadre culturel - la « civilisation » - des mythes qu'elle étudie.
L'essayiste analyse sous un angle féministe et biocentriste les structures matérielles et idéologiques des civilisations, plus particulièrement de la civilisation occidentale.
Pour Florian Grandena et Pierre-Luc Landry, le queer est « un bouclier contre l'oppression ». Avec La guerre est dans les mots et il faut les crier, ils souhaitent « exprimer leur ras-lebol par rapport à certains discours médiatiques, culturels et sociaux entourant les luttes et les politiques identitaires LGBTQIA2S+ ». Afin de dénoncer des « stratégies assimilationnistes », révéler « une nouvelle homophobie » et « un conformisme grossier », ils adoptent une grande liberté de ton, à la fois érudit et populaire, tenant de la recherche aussi bien que de la création, le tout orné des illustrations d'Antoine Charbonneau-Demers. « Nous sommes pédés, tapettes, faggots, cocksuckers ; nous avons entendu toutes les insultes, et nous les récupérons ; nous sommes queers, et nous avons décidé que la guerre est dans les mots et qu'il faut les crier. » Sans hiérarchie ni jugement de valeur, il est question de Lizzo et d'Eurythmics, de Xavier Dolan et de Catherine Breillat, de Simone de Beauvoir et d'Edward Saïd, entre autres.
Nous avons écrit ce livre avec nos corps. Nous avons parfois failli y laisser notre peau. Nous avons parfois failli y laisser notre santé mentale, également, puisque nous avons choisi d'y creuser des sujets qui nous révoltent, nous obsèdent, nous font violence. Nous avons aussi été affectés par l'extérieur, par l'état actuel du monde, par les meurtres et agressions qui se sont produits pendant que nous rédigions le livre. Il n'était pas possible d'écrire sans dire « je », sans parler d'une même voix au « nous », tout en rendant cette voix fluide, fluctuante, insaisissable. Nous avons écrit à partir des effets politiques de ce que nous sommes, tout en brouillant les pistes - rien, ici,n'appartient plus à l'un qu'à l'autre. Nous écrivons ensemble.
À quoi ressemblerait le monde si au cours des derniers millénaires, dans la sphère publique, l'ADN féminin avait davantage été mis à contribution ?
Même si elles sont souvent plus diplômées que leurs confrères masculins, le plus souvent, ce ne sont pas les femmes qui prennent les grandes décisions. Et au rythme où vont les choses, la parité ne sera pas atteinte avant plusieurs décennies ... Pour Sophie Audet, il est grand temps que les femmes soient plus outillées pour surmonter les difficultés auxquelles elles continuent d'être confrontées.
Conçu autour de 36 grands thèmes, La Révolution des sorcières donnera à ses lectines des outils concrets pour les aider à mieux se connaître et vaincre les obstacles qui les empêchent d'exprimer le meilleur d'elles-mêmes au travail. De nombreux exercices leur permettront de transformer leurs apprentissages en actions, d'être plus satisfaites de leur carrière, de propulser leur leadership à une autre vitesse et d'inspirer les autres à marcher dans leurs traces !
On peut souffrir de l'intérieur et n'avoir aucun bleu sur le visage, aucune ecchymose à montrer. Difficile d'imaginer ce qui se passe à l'intérieur, de voir la tempête et les fusées qui traversent nos pensées.
Une vingtaine de personnages confient ici, en textes et en images, un petit moment de leur détresse avec le quotidien qui continue, inlassablement, de tourner autour.
Un roman graphique qui aborde le thème de la santé mentale de manière intime et sans complaisance avec des illustrations poétiques et métaphoriques qui s'ancrent complètement dans la réalité.
Ce livre s'adresse à tous, autant ceux qui souffrent de troubles psychologiques et qui vont se reconnaître dans les personnages, que ceux en bonne santé qui ont du mal à comprendre la réalité des personnes en souffrance.
La narratrice du roman, qui ne sera jamais nommée, déplorant le manque d'histoires, de contes, mettant en scène des filles comme elle, des filles trans qui soulèvent des montagnes et pourfendent des créatures fantastiques, entreprend d'écrire l'histoire qu'elle aurait aimé lire - histoire qu'elle basera sur sa vie... tout en se permettant un grand nombre de libertés artistiques.
Le pénis qui ne bande plus, le micropénis, le pénis qui fend, le pénis dans l'art, le pénis du fils. Celui de la première fois, celui de trop, celui qui fait rêver, celui qui viole... Quinze femmes racontent avec amour, humour et douleur, parfois, des histoires de pénis. Elles ont puisé dans leur vécu pour nommer des tabous, défaire des clichés et, surtout, parler à leur tour du corps des hommes afin de lui donner un sens plus large, plus proche de ce qu'elles vivent. CAROLINE ALLARD ; NANCY B.-PILON ; FANIE DEMEULE ; MARIE-JULIE GAGNON ; MARIE-NOELLE GAGNON ; SILVIA GALIPEAU ; MARIELLE GIGUÈRE ; KARINE GLORIEUX ; CORINNE LAROCHELLE ; GENEVIÈVE LEFEBVRE ; EVE LEMIEUX ; VÉRONIQUE MARCOTTE ; JOLÈNE MORIN ; SUZANNE MYRE ; CHLOÉ VARIN
Pancake de la Virginie, gâteau de noces, pain d'épices, rôti végétarien, ramequin de homard, lièvre à la belge, jambon caramélisé du Kentucky.
Si les suffragettes organisaient régulièrement des levées de fonds sous la forme de dîners ou de ventes de gâteaux et biscuits, elles utilisaient également les bénéfices de la vente d'un ouvrage subversif pour faire avancer leur cause : The Suffrage Cook Book.
Ce livre, publié en 1915, n'est pas un simple livre de cuisine, un coup d'oeil historique, voire gastro anthropologique sur des habitudes alimentaires de l'époque, on y trouve également de nombreux cris du coeur en faveur de la justice sociale. Le Suffrage angel cake ou encore la tarte pour mari suffragiste hésitant, vous régalerons très certainement.
L'ère de l'Homme, ou Anthropocène, est caractérisé par l'ensemble des activités humaines qui ont une incidence globale sur l'écosystème terrestre depuis la révolution industrielle. Puisque les femmes n'ont pas joué un rôle important dans l'Anthropocène en raison de leur absence de pouvoir de décision économique, politique et social, Catherine Albertini conteste ce concept au profit de celui d'Androcapitalocène.
Elle montre comment le capitalisme primitif a affaibli le statut des femmes, les a expropriées des terres communales et de leurs savoirs, comment son bras armé - la science occidentale - a réifié les femmes et la nature, comment le colonialisme lui a permis d'envahir la planète, d'en organiser le pillage des ressources et d'ériger son modèle de développement de façon hégémonique en tant que progrès universel. Elle fait état des résistances des femmes des pays du Sud au capitalisme néolibéral patriarcal.
Envoyé dans le nord du brésil pour éliminer un agitateur public, carmélio, tortionnaire à la solde du gouvernement, s'éprend éperdument de l'amie de sa victime.
En elle comme dans chaque femme qu'il rencontre, il croit reconnaître la mère qui l'a abandonné. bientôt envahi par la passion, l'implacable bourreau connaît enfin le remords, rattrapé par son passé et les spectres de ses victimes. dans une quête désespérée d'absolution, il décide alors d'entreprendre un lointain pèlerinage, véritable road trip anachronique marqué par les rencontres les plus étranges...
Heloneida studart signe ici un roman saisissant et émotionnellement très fort, où elle décrypte avec précision les ramifications du mal, tout en rappelant les heures les plus sombres de la dictature brésilienne.
À travers ces nouvelles traduites par Nancy Huston et considérées par Virginia Woolf comme un «couloir» menant du roman "Mrs Dalloway" à "Vers le phare", des invités ignorés de la soirée de Clarissa Dalloway entrent en scène. Orchestrant entre eux des rencontres subtilement dissonantes en marge de la mondanité, Virginia Woolf débusque avec une poésie insolite leur intimité.
Liv a trente-cinq ans.
Elle est pasteure dans une ville du grand nord de la norvège. c'est vers ce paysage immense, buriné par le temps et t'eau noire de la mer, que liv a choisi de fuir t'allemagne après la disparition d'une amie proche. or, un an plus tard, tout recommence : la mort brutale, ta douleur, le sentiment de culpabilité. pour exercer son métier et se réconcilier avec son passé, liv écoute et déchiffre les silences et les cris de détresse des personnages qui l'entourent, repliés sur leurs douleurs lancinantes, dans l'attente violente d'un drame imminent.
Souvenirs et questions se bousculent, et dans la mêlée éclairée par le timide soleil printanier, liv cherche un sens, un point d'entente
Entre espoir et nostalgie fait écho au précédent roman de Tecia Werbowski, Ich bin Prager, où l'on suivait le destin d'un Anglais vivant à Prague jusqu'à la chute du mur de Berlin.
Cette fois, le personnage principal est une femme, Maya Ney, qui vit à Montréal depuis de nombreuses années et revient sans cesse à Prague où elle a passé sa jeunesse.
Son dialogue avec cette ville dont la beauté et les meurtrissures l'ont obsédée, reprend alors, à travers la voix d'êtres affectés par une histoire tourmentée. Pour rendre tangible l'inimaginable existence de ses personnages, Tecia Werbowski nous offre en finale, dans une longue lettre d'un espion en réponse à la lecture de son roman, une explication à « l'affaire Kundera », troublante variation où se mélangent la réalité et l'histoire.
Mariana allait avoir quarante ans lorsqu'elle reçut de Fortaleza, par la poste, les écrits de sa tante vieille fille, Maria das Graças Nogueira Alencar, qui venait de mourir de sa propre volonté " et non pas de celle de Dieu." : ainsi commence l'histoire de la famille Nogueira, grande famille du Nordeste. Avocate à Rio de Janeiro, Mariana reçoit par la poste huit cahiers jaunis - ceux de Maria das Graças, sa tante nordestine qui vient de se suicider. Cette dernière relate, sous forme de journal intime, l'oppression dans laquelle elle et sa soeur vivaient, dans le Fortaleza des années 1940, quand la modernité des moeurs peinait à trouver sa place dans un Brésil parfois encore féodal. On retrouve les thèmes chers à Heloneida Studart : le déclin des grandes familles du Nordeste et leur difficile adaptation dans le monde moderne, la cruauté et l'injustice des châtiments familiaux envers les jeunes filles, les amours disparues.
#MoiAussi, #MeToo, #BalanceTonPorc, ces mots-clics ont été écrits des milliers de fois sur les réseaux sociaux par des femmes - et aussi par des hommes - qui ont été victimes de violence sexuelle.
Ce mouvement international de dénonciation des crimes des harceleurs et des agresseurs sexuels a constitué une véritable vague de fond qui a ébranlé la domination masculine. Des hommes puissants ont été acculés au pied du mur et leur impunité a été mise à mal. Certains ont subi les foudres de la justice, d'autres non. Cependant, tous ont vu leur réputation entachée par l'accumulation des allégations les visant. Quand une première victime faisait état de son cas, plusieurs autres se décidaient à témoigner à leur tour. La libération de la parole des victimes a permis que la honte change de camp. Ce qui en soi constitue une véritable révolution.
Brigitte Paquette rappelle qu'avant #MoiAussi, il y a eu d'autres vagues de dénonciations importantes, puis elle décrit et analyse dans une perspective historique, sociale et internationale la déferlante #MoiAussi. Elle pose des éléments de réponse à cette question cruciale : pourquoi la vague de dénonciations #MoiAussi est-elle arrivée à ce moment-ci de l'histoire ? Enfin, elle examine ce que signifie pour les victimes cette reprise du pouvoir sur leur vie.
Spendor Speck est directeur de galerie à Paris et installé depuis peu au Faubourg Saint-Germain, après que les séparatistes basques eurent fait sauter sa galerie.
Déboussolé, sa femme l'ayant quitté en le traitant de fasciste, Spendor Speck rêve néanmoins d'être celui par lequel arrivera le renouveau artistique qui semble manquer, selon les critiques parisiens. Mais, pour ça, il aura besoin d'un artiste. Un jour, il a une illumination en écoutant un sénateur parler d'Hubert Cruche, peintre français mort de la syphilis. Spendor Speck décide alors de contacter la veuve du peintre, Lydia Cruche (il a toujours été habile avec les veuves), pour lui proposer de faire une exposition importante, la première grande exposition Cruche.
Mais face à cette étrangère, il perd le contrôle... L'histoire se répétant à l'infini, L'idée de Speck, écrit par Mavis Gallant dans les années soixante-dix, est encore, par le vif esprit d'observation qui s'en dégage, d'une grande actualité.
Peut-on encore parler du roman français au singulier aujourd´hui ? Une recherche attentive sur les esthétiques principales ou singulières du roman dit de l´extrême contemporain permet de constater qu´aucune école ou aucun groupe ne domine l´univers romanesque, et qu´aucun mouvement n´impose profondément sa marque sur la scène littéraire. Cela ne signifie pas pour autant qu´il ne reste que des oeuvres disparates et qu´il soit impossible d´organiser une cohérence en arrêtant des corpus.
Dans de tels cas, c´est moins chercher du côté d´un projet romanesque bien circonscrit que du côté de certaines pratiques transversales. Dans cet ouvrage collectif, le point de départ ne consiste pas à se demander si le roman conserve une pertinence en tant que témoin privilégié de la littérature aujourd´hui - cela semble relever de l´évidence -, mais plutôt à identifier ce qui lui confère cette légitimité.
Cet ouvrage vise aussi à appréhender la notion de contemporanéité à partir de la littérature, du roman. Plus globalement, sans tenter d´offrir un vaste panorama du roman français d´aujourd´hui, son objectif consiste à mieux saisir la pertinence du roman grâce à un ensemble d´études conçues à partir d´axes précis (les idées, le réel, le jeu, le soi) sur les possibles du roman, qu´il adopte une forme fragmentée ou théâtralisée, qu´il préconise un savant collage ou un métadiscours narrativisé, qu´il puise abondamment dans l´autobiographie ou l´essai. Le postulat au fondement de cet ouvrage défend l'idée qu´il existe des romans français importants ou singuliers à notre époque et que nous devons les découvrir et mieux les comprendre.
Le marché de la mode, des magazines, de la musique, du cinéma et de la publicité cible de plus en plus les filles de 8 à 13 ans, et pour cause les pré-ados représentent l'une des plus importantes cohortes démographiques au Canada depuis les baby-boomers.
On assiste simultanément à la sexualisation indue des jeunes filles. A l'instar de leurs idoles de la chanson et du cinéma ou des mannequins des magazines jeunesse, auxquels elles s'identifient, les filles reproduisent des attitudes et des comportements de " femmes sexy ". L'ampleur du phénomène et le jeune âge des filles ciblées incitent à s'interroger sur la vulnérabilité accrue à la consommation, à l'image corporelle, à la dépendance affective, à l'exploitation sexuelle.
Vulnérabilité due à une formation identitaire centrée sur l'image et issue de l'acquisition d'un savoir-faire sexuel précoce.