Alors que la Peur rouge s'abat sur l'ensemble des États-Unis, Phoebe Adler, talentueuse scénariste, est brutalement bannie de Hollywood. La cause ? Ses supposées accointances communistes, vraisemblablement le fruit des affabulations d'un collègue jaloux. Face à la menace d'un procès inique, la jeune femme se retrouve contrainte d'abandonner sa soeur malade et d'émigrer de l'autre coté de l'Atlantique.
Mais, au lendemain de la guerre, trouver du travail dans un Londres entièrement à reconstruire n'est pas chose facile. Jusqu'au jour où le chemin de Phoebe croise celui d'Hannah Wolfson. Productrice américaine, elle-même victime de dénonciations, Hannah a décidé d'offrir son aide aux artistes blacklistés.
Ensemble, les deux femmes jurent de prendre leur revanche, non seulement sur le maccarthysme, mais aussi sur le sexisme qui règne dans les studios. Duo de choc, de talent et de charme, Phoebe et Hannah voient leurs voeux exaucés au-delà de leurs rêves... avant de réaliser que la chasse aux sorcières ne connaît pas de frontières et que leur sanctuaire anglais est loin d'être sans danger.
Réédition d'un texte de la grande autrice féministe Xavière Gauthier, qui a fondé la revue Sorcières en 1976, autour de la centrale nucléaire du Cotentin, dont elle est originaire, et les effets produit par la construction de ce bâtiment sur le territoire environnant. Enrichie d'une préface et d'une "lettre à Greta Thunberg", ce texte rappelle la nécessité d'articuler les discours féministe et antinucléaire à l'heure où les dirigeants et les lobbys nucléaires s'efforcent de réhabiliter l'atome et de faire construire de nouvelles centrales sur le territoire français.
Luciana Peker a prononcé un discours mémorable au Congrès de la Nation, à Buenos Aires, en avril 2018, lors des débats ardus autour de la présentation du projet de loi pour l'Interruption volontaire de grossesse en Argentine. Soulignant la nécessité vitale pour les femmes de disposer de leur corps et de bénéficier d'une éducation sexuelle complète et adéquate, elle a salué le rôle majeur des plus jeunes et en particulier des adolescentes dans la prodigieuse transformation sociétale en cours. C'est là qu'elle a popularisé l'expression « La Révolution des filles » qui donne son titre à ce livre.
En partant de cet épisode, l'autrice déroule le lien historique et transgénérationnel entre les combats des grand-mères, des mères et des filles, pour valoriser chez ces dernières la place de sujet politique conquise en dépit d'une violente opposition des secteurs les plus conservateurs. Luciana Peker, mère de deux adolescent·e·s, passe au crible les enjeux intimes, politiques et stratégiques de la lutte pour le droit à l'IVG en Argentine, dans une perspective ouverte sur toute l'Amérique latine, tout en donnant la parole à des personnes issues de différentes classes sociales et des milieux les plus divers.
Dans cet essai d'une remarquable vitalité, elle brosse le portrait exhaustif d'un mouvement d'émancipation féministe de masse, jeune, laïc et inclusif, né dans un continent traversé par de profondes inégalités socioéconomiques, des féminicides endémiques et une tentative de contrôle de l'Église et de l'État sur le corps des femmes et sur leur sexualité.
« La révolution féministe ne peut être comprise que comme une révolution, une révolution des filles, politique, collective et singulière, qui va désormais plus loin. Les filles demandent, critiquent, objectent et racontent bien plus que ce que l'on pouvait imaginer. Elles ne supportent pas ce que nous, adultes, supportons. » L.P.
Le témoignage historique et indispensable de Sojourner Truth, ancienne esclave et célèbre porte-voix de la cause abolitionniste, devenue par la puissance de son discours l'une des icônes du féminisme intersectionnel aujourd'hui.
De nouveaux médias féministes innovants voient le jour : des comptes Instagram aux podcast, média de l'intime qui porte particulièrement la parole des femmes. C'est dans ce contexte de libération des récits intimes féministes que vient s'inscrire Journal intime d'une féministe (noire).
Axelle Jah Njiké relate une expérience de vie peu courante dans le paysage littéraire français, celle d'une personne afropéenne, fille, femme, citoyenne devenue mère, ayant souffert de violences sexuelles et de violences éducatives dans l'enfance. Mais c'est aussi l'éveil, le récit incarné d'une émancipation par la littérature et la sexualité. Elle se réapproprie l'histoire des femmes de sa famille, compose avec ce passé, met en parallèle la condition et les injonctions qui ont pesé sur ces corps et qui pèsent encore sur les femmes.
Un récit où l'intime rejoint l'éminemment politique, où le rapport au corps, à la sexualité, et sa transmission est un acte révolutionnaire. À faire lire à toutes les mères, les filles de la terre et à toute l'autre moitié du monde qui regarde les femmes en se demandant ce qui les animent.
« La honte d'être femme se transmet.
L'indifférence d'être femme se transmet.
Et la joie d'être femme se transmet, aussi. »
Femme de lettres, pamphlétaire opiniâtre, féministe avant l'heure et auteure en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges fut de tous les combats : abolition de l'esclavage, justice sociale, droit au divorce, rejet de la peine de mort, égalité hommes-femmes.
Guillotinée en 1793, Olympe de Gouges sera, pendant deux siècles, négligée et incomprise, le plus souvent vilipendée et caricaturée : Restif de La Bretonne la considère comme une courtisane ; pour Jules Michelet, c'est une hystérique atteinte de paranoïa. Il était donc temps de redécouvrir le destin transgressif de cette femme engagée, belle figure humaniste de la fin du XVIIIe siècle, qui paya de sa vie sa volonté de réforme et ses écrits politiques.
Avez-vous déjà imaginé tout quitter pour tout reconstruire ?
Avez-vous déjà eu envie de hurler ? De rugir ?
De « La femme qui disparaissait lentement » à « La femme qui rugissait », découvrez trente histoires touchantes, souvent hilarantes, et partez à la rencontre de trente femmes toutes très différentes. Chacune prend conscience de sa force pour avoir enfin une occasion de changer les choses.
À travers ce recueil de nouvelles à la fois profondément féministes et drôlatiques, Cecelia Ahern nous livre un réquisitoire contre la situation de la femme dans notre société.
Longtemps je t'ai détestée, Gri. On eût dit que tu acquiesçais à tout ce que les hommes te demandaient. Tu semblais n'avoir aucun problème pour incarner leur fantasme : la pute au grand coeur, celle qui aime ça, celle qui comprend les messieurs et ne les juge jamais, celle qui accepte avec le sourire leur tout et leur n'importe quoi.
Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes violents, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l'art et l'engagement militant au nom des travailleuses du sexe.
Poétesse magnifique, figure rebelle et courageuse, Grisélidis Réal fascine Nancy Huston qui, malgré quelques désaccords, se retrouve beaucoup en elle. À l'aune de son destin, elle questionne le sien, son rapport à la mère, aux hommes, au danger.
Véritable déclaration d'admiration, cette lettre révèle une grande artiste de la fin du XXe siècle dont la modernité de pensée annonce les débats contemporains. Un texte résolument féministe, qui interroge avec puissance le rôle du corps féminin dans l'écriture et le rapport au monde.
En France, chaque année, 75 000 femmes sont violées par des hommes et 200 000 subissent des violences conjugales physiques ou sexuelles. 150 sont tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, soit plus d'une tous les trois jours.
Pourtant, la prévention des agressions reste un pan complètement négligé de la politique de lutte contre les violences.
En effet, celle-ci se concentre sur l'après-agression : numéros d'urgence, dépôts de plainte, procès, prise en charge psychologique des victimes,... avec des résultats peu probants.
Il y a des femmes inspirantes, qui nous élèvent, quelles que soient les générations, les traditions, ou leurs domaines d'action. Elles révèlent une autre manière d'être au monde, de penser la violence, la nature, la spiritualité, les différentes dominations...
Douze femmes rencontrées ces dernières années ont provoqué chez l'autrice un immense sentiment de gratitude et l'ont fait grandir : Vandana Shiva, Michelle Obama, Marianne Williamson, Brooke Medicine Eagle, Amandine Roche, Marianne Faithfull, Patti Smith ou encore Marion Cotillard... À travers leur témoignage, elles nous livrent de quoi méditer sur leur engagement, afin que nous puissions nous approprier ces expériences et nous frayer notre propre chemin.
L'écriture de ce livre fût donc un véritable voyage, un périple dans les mystères du féminin. Ces portraits expriment aussi la révolution qui est en train de s'opérer dans la société, à travers une sagesse concrète.
Il a semblé utile à l'autrice, en plus des paroles de ces femmes, de proposer les éclairages psychologiques très concrets d'un ami, le Dr Christophe Fauré, afin de pouvoir mieux intégrer ces « enseignements » dans notre vie de tous les jours.
«Pourquoi ne pas accepter que la longue et glorieuse carrière de la liberté touche à sa fin, que notre obsession continuelle à son égard reflète plutôt une pulsion de mort ? 'Ta liberté me tue !' proclament les pancartes des manifestants pendant la pandémie ; 'Ta santé n'est pas plus importante que ma liberté !' s'égosillent en retour les militants anti-masques».
Dès l'ouverture de son livre, Maggie Nelson souligne cette contradiction au centre de tous les débats actuels entre le soin (care) et la liberté. Quelle notion plus caractéristique des oppositions à l'oeuvre dans nos sociétés que celle de liberté, idéal revendiqué comme un cri de ralliement, par des camps que tout oppose ? La liberté reste-t-elle la clé de notre autonomie, de notre justice, de notre bien-être, ou représente-t-elle la fin d'une étoile qui a trop longtemps brillé ? L'obsession collective pour la notion de liberté est-elle toujours synonyme d'émancipation, ou d'un nihilisme de plus en plus profond (ou les deux) ? Comment expliquer que la liberté soit désormais l'étendard du populisme et du puritanisme ?
Dans son nouvel essai, De la liberté, Maggie Nelson nous offre, en s'appuyant sur un vaste corpus, de la théorie critique à la culture populaire, une manière de penser et d'interroger notre propre liberté. Dans la lignée des Argonautes et de son écriture à la fois réflexive et intime, nous retrouvons toute la singularité de celle qui est devenue, au fil des années, une icône de la pensée. Elle convoque et déconstruit les débats du monde de l'art, l'héritage complexe de la libération sexuelle, les douloureux paradoxes de l'attrait du désespoir face au changement climatique. Passionnant, déroutant, nuancé et courageux, De la liberté confronte le lecteur à ses propres contradictions.
2?100 après J.-C. Excédée par la politique poussiéreuse et lasse de subir au quotidien violences et pressions masculines, la France, dans un souhait de renouveau, a placé Matriarchie au pouvoir. Ce parti féministe a offert aux hommes de renoncer à leurs droits civiques pour se mettre au service de l'État, en contrepartie d'un accès contrôlé aux «?maisons des plaisirs?». Le tableau semble idyllique...
Mais les présidentielles qui approchent à grands pas font rôder une atmosphère très tendue dans la société. Les vieilles valeurs remontent à la surface, les médias s'arrachent les scoops et le Parti familial, principal adversaire de Matriarchie, fourbit ses armes. Dans ce monde froid de lutte pour le pouvoir, Fernand Fuego et Diane Maurepas, à la tête des deux partis opposés, préféreront se déclarer leur flamme plutôt que la guerre, et débattre de leurs idées sur l'amour, la parentalité, les failles possibles de Matriarchie, au risque de trahir les leurs.
Et comment mieux pimenter les débats qu'en les ayant dans la fougue de deux corps qui s'attirent?? Car si Matriarchie pensait contrôler le sexe dans ses programmes, il en est tout autrement dans la vie...
Figure de proue du féminisme américain, Andrea Dworkin a été prise pour cible privilégiée de la haine antiféministe pour son franc-parler et ses partis pris sans compromis. Après la parution de Woman Hating (1974), son premier livre, elle se tourne vers l'art oratoire pour survivre. Le milieu éditorial américain lui reproche le manque de « féminité » de son écriture, combative et corsée, qui choque et décille les consciences. Mais elle sait qu'elle a trouvé son public et se déplace de campus en associations, où elle suscite l'admiration, la colère et le débat. Notre sang : Discours et prophéties sur la politique sexuelle (1976, 1981) rassemble en un recueil ses discours pour porter sa voix plus loin, plus haut. Neuf discours, sur des problématiques aussi diverses que l'art, sa mère, la chasse aux sorcières, le lesbianisme, la non-violence ou l'histoire « amérikaine », visent un même objectif :
Un appel à la sororité pour galvaniser les femmes dans la lutte contre la domination masculine jusqu'à son abolition totale.
« Ceux-là, les masculinistes, nous ont raconté qu'ils écrivent sur la condition humaine, que leurs thèmes sont les grands thèmes - l'amour, la mort, l'héroïsme, la souffrance, l'Histoire même. Ils nous ont raconté que nos thèmes - l'amour, la mort, l'héroïsme, la souffrance, l'Histoire même - sont insignifiants parce que, par nature, nous sommes insignifiantes. Je renie l'art masculiniste. Ce n'est pas un art qui éclaire la condition humaine - il éclaire seulement, et pour toujours à la honte éternelle des hommes, le monde masculiniste - et à bien regarder autour de nous, ce n'est pas un monde dont on peut être fier. »
Depuis 2019, des messages féministes peints lettre par lettre sur des feuilles de papier habillent les murs des villes de France et du monde. Collages Féminicides Paris, mouvement de désobéissance civile autonome, sans leader et auto-organisé, est à l'origine de ce renouveau des modes d'action féministes.Ce livre illustré de tous nos slogans raconte notre combat, initialement parti de la lutte contre les féminicides puis pragmatiquement élargi à la lutte contre le sexisme la pédocriminalité, les LGBTQIA+phobies, le racisme et le validisme. À l'aube de la révolution féministe, une nouvelle génération militante se rassemble, lutte et s'organise afin de faire tomber le système patriarcal, colonial, capitaliste et écocidaire qui domine, exploite et détruit depuis des millénaires.
Une femme explore la question du désir. Elle revisite sa vie, ses expériences sexuelles et affectives passées. Elle s'interroge. Comment devenir soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent ? Comment parvenir à désincarcérer son désir des normes héritées qui le contraignent et l'entravent.
Une réflexion féministe qui engage à prendre son désir à mains nues pour trouver une forme de sensualité, une sexualité solaire, aussi libératrice que salvatrice.
Parce qu'on ne naît pas homme, on le devient.
Adapté du podcast phénomène Les Couilles sur la table, ce livre est une synthèse indispensable et passionnante de ce que l'on sait sur la virilité, les masculinités et les hommes.
Un livre à offrir à toutes celles et ceux qui se posent des questions sur eux-mêmes. Et à celles et ceux qui ne s'en posent pas encore.
Un livre peut changer une vie.
Romancières, artistes, intellectuelles... Ces figures emblématiques du féminisme ont accepté de confier ici le livre qui les a transformées. La langue est sans détour, leur sincérité, absolue. Avec elles, on relit les incontournables, on découvre des textes méconnus, on se forge en chemin.
Voici, racontées par elles : Virginie Despentes, Audre Lorde, Ysiaka Anam, Nnedi Okorafor, Simone de Beauvoir, Fanny Raoul, Susan Sontag, Françoise d'Eaubonne, Denis Mukwege, Djaïli Amadou Amal, Camille Claudel, Virginia Woolf, Alison Bechdel, Alexandra Kollontaï, Liv Strömquist, Annie Ernaux, Chris Kraus.
Alors que les mouvements #MeToo et #balancetonporc ont dévoilé à quel point les inégalités et discriminations perduraient dans le monde de la culture, Reine Prat revient sur le fonctionnement interne du secteur, ses bouleversements récents, ses caractéristiques et le (long) chemin qu'il reste encore à parcourir. Car si l'on y encense l'ouverture et la diversité, cet univers, qui aime à cultiver l'entre-soi, reste encore et toujours un bastion d'hommes blancs, cishétéros et issus des classes moyennes et supérieures.
L'autrice analyse ainsi comment l'organisation du travail artistique et culturel et les représentations qui en découlent sont liées, et contribuent à alimenter et reproduire une « culture patriarcale ».
Elsa Dorlin fait appel à une cinquantaine d'autrices pour revenir sur la période 2000-2020, période au cours de laquelle le mouvement féministe a connu un renouveau, une accélération, de nouveaux canaux de diffusion. Nous avons choisi de laisser la parole aux autrices avec des textes longs, pour prendre le temps d'expliciter leurs travaux et de creuser des problématiques qui nous sont chères. Les autrices (universitaires, associatives, écrivaines, agitatrices...) ont participé à cette nouvelle vague, à sa politisation, et dénoncent la violence structurelle de la domination masculine dans la société, au coeur du néolibéralisme, à l'encontre des femmes et des minorités sexuelles et de genre.
« Je regrette d'être devenue mère Si c'était à refaire, je m'abstiendrais. ».
Le regret maternel est le tabou ultime dans une société où la maternité est glorifiée et le plus souvent associée à un panel d'émotions positives.
Pour la première fois, dix femmes racontent à travers des témoignages d'une intensité et d'une sincérité rares les différentes facettes de ce sentiment méconnu et troublant.
Un document unique et passionnant qui bouscule les idées reçues sur la maternité.
Au déterminisme occidental qui a élaboré une ontologie féminine essentiellement victimaire, résumant la condition des femmes à un assujettissement par les hommes, Léonora Miano répond en proposant « l'autre langue des femmes », qui expose les accomplissements des femmes du continent africain. L'Afrique seule a enfanté des dynasties de « grandes royales », qui contredisent le postulat occidental selon lequel le récit traditionnel évacue la mémoire des femmes.
S'appuyant sur l'histoire, les mythes, spiritualités et pratiques sociales des Subsahariennes, l'auteur montre que l'Afrique au sud du Sahara est dépositaire d'un riche matrimoine permettant de comprendre et de célébrer la force du féminin. Il n'est pas question ici de diviniser les personnalités présentées, mais de révéler la variété des profils que l'Afrique offre au monde. Sur ce continent, les femmes s'illustrèrent dans tous les domaines. La conception subsaharienne du genre ne les éloigna pas des champs de bataille : les guerrières subsahariennes ne sont pas du « deuxième sexe » !
Les Subsahariennes régnèrent sur des sociétés patriarcales, donnèrent une terre à leur peuple en exil, firent du plaisir sexuel un droit, ne révérèrent pas la virginité. Elles s'engagèrent dans les luttes anticoloniales qu'elles financèrent souvent grâce à leur fortune personnelle. Ces femmes, dont les parcours restent méconnus, créèrent des sociétés non-mixtes dont certaines furent très influentes. Parce qu'elles surent inventer leurs propres espaces sans tenter de prendre d'assaut les fiefs masculins, elles se donnèrent du pouvoir. Aujourd'hui encore, dans des environnements déstructurés par le colonialisme qui leur fit perdre leurs anciennes prérogatives, les Subsahariennes se caractérisent par leur dynamisme et leur autorité. Sans avoir eu besoin d'élaborer de théorie, elles parlèrent cette autre langue qu'il leur faut redécouvrir et transmettre. L'autre langue des femmes, c'est la parole particulière qui émerge lorsque l'on se définir en soi et pour soi, et non « en creux » à partir de l'action négative de l'autre sur soi.
En dépit de la richesse et de la diversité de leur contribution à l'Histoire mondiale des femmes, l'expérience des Africaines subsahariennes reste marginalisée. On ne s'identifie pas à elles, mais on prétend leur dicter la marche à suivre pour s'émanciper. À travers une critique de l'hégémonie des Occidentales, l'ouvrage réfléchit aux relations entre femmes. La « sororité » dont on espère l'avènement à l'échelle du monde est pour l'heure compromise : l'histoire a doté les unes d'un pouvoir symbolique, politique et économique dont les autres ne jouissent pas. Tandis que l'on se plaint de la domination masculine, on omet d'évoquer cette dissymétrie qui fait de certaines des oppresseurs, volontaires ou non. Cette situation justifie que les Subsahariennes se déterminent en toute autonomie, élaborent un discours tenant compte de leurs parcours, de leurs réalités, de leurs aspirations.
« Rassembler des citations ne permet pas de saisir ce que disent les femmes. Evidemment. Ce que j'ai voulu faire ici, c'est en écouter quelques-unes, sur des sujets qui m'intéressent. Ça, c'était au début.
Ensuite, mes vieilles manies ont eu raison de moi... Rattrapée par ma passion pour la structuration des textes, rêvant toujours de composition musicale, j'ai eu l'idée de monter une pièce vocale. Ces citations s'organiseraient alors en une sorte de conversation empruntant au jazz avec ses harmonies et ses dissonances, aux negro spirituals avec leur call and response, à l'emphase d'antiques prêtresses telle que je l'imagine, à diverses modalités du chant.
Des femmes d'horizons différents, réunies en un lieu sans l'avoir décidé, parlent, se parlent. Parfois de manière frontale, parfois en se tournant le dos ou en se prenant par la main. A cet ensemble, chacune apporte sa vision, son souffle, le temps et l'espace de son énonciation.
Celles dont les mots composent cette mélopée singulière sont spirituelles, politiques, cérébrales, sensuelles, visionnaires, enragées, mystiques, torturées, espiègles... Elles sont tout. Leur métier n'est pas forcément d'écrire des livres. Il arrive qu'elles n'existent qu'à travers la fiction, mais on l'ignore, ce n'est pas l'important. Elles disent, c'est ce qui compte, d'une manière ou d'une autre. Ce n'est donc pas le testament des femmes qui vous est proposé, mais une déambulation dans leurs paroles. Ce fut un grand plaisir d'en dessiner le parcours. ».
Léonora Miano
Ce numéro de rentrée sera placé sous le signe de la combativité, avec un dossier consacré au thème "se battre". Que signifie "se battre" quand on est une femme, socialisée comme un individu vulnérable ?
Au programme également, une rencontre entre la chanteuse Pomme et l'actrice Nadège Beausson-Diagne ; un portrait de Virginia Woolf par l'écrivaine Geneviève Brisac, et un entretien avec la dessinatrice Pénélope Bagieu. Le débat sera consacré à une question brûlante :
Pourquoi l'intersectionnalité fait-elle si peur ? Le reportage nous emmènera à Malaga, pour tirer un bilan des tribunaux dédiés aux violences de genre créés il y a 10 ans. La BD, signée Thomas Azuelos, racontera l'une des premières grèves de femmes du XXe siècle : celle des transbordeuses d'oranges dans le sud de la France.
Le 29 mai 1851, dans l'Ohio, une femme hors du commun, Sojourner Truth, prononce un discours qui fera d'elle l'une des plus célèbres femmes de son époque et qui est aujourd'hui considéré comme un discours fondateur sur les questions du racisme et du féminisme. Ce discours, ainsi que plusieurs autres de ses interventions orales, sont réunies ici et introduites par l'historien Pap Ndiaye. Née de parents esclaves, abolitionniste afro-américaine et militante du droit de vote des femmes, Sojourner Truth (1797-1883) est inscrite au National Women Hall of Fame.