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Sciences humaines & sociales
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Féministes : luttes de femmes, lutte de classes
Suzy Rojtman
- Syllepse
- Utopie Critique
- 1 Décembre 2022
- 9791039900706
Le mouvement féministe contemporain en France a plus de cinquante ans, un temps d'histoire, histoire d'un enthousiasme fou de se retrouver ensemble, émaillé de victoires décisives, mais jalonné de difficultés face à un patriarcat qui se défend bec et ongles.
Dans cette histoire, on oublie souvent une des actrices essentielles?: la «?tendance lutte de classes?» comme elle s'est définie elle-même, après Mai 68, dans les années 1970. Restituer cette histoire occultée, c'est le but de ce livre, réalisé à partir de trois colloques organisés par le Collectif national pour les droits des femmes.
Il aborde l'histoire pionnière du MLF et de toutes ses tendances?: celle des groupes femmes créés dans les entreprises et les quartiers, celle des militantes d'extrême gauche, de gauche, des syndicalistes, qui, impliquées avec conviction, ont bataillé dans leurs organisations respectives.
L'histoire des luttes ouvrières où les femmes ont dû s'affirmer (Lip, Renault, banques, Chèques postaux). L'histoire méconnue des groupes de femmes immigrées ou dans les populations colonisées. L'histoire des luttes pour la visibilisation et l'affirmation des lesbiennes.
C'est aussi celle de la conquête du droit à l'avortement et son remboursement, celle de la création de collectifs féministes?: contre le viol et contre le racisme?; de l'unité avec la création de la Maison des femmes de Paris, d'Elles sont pour et du Collectif national pour les droits des femmes, des combats internationaux avec la Marche mondiale des femmes. C'est la parole de ses actrices elles-mêmes qui donne corps et vie à cette histoire.
Ce sont les contributions de 28 autrices qui donnent corps à ce livre, illustré avec des documents d'époque. Un livre coordonné par Suzy Rojtman, active dès 1974 dans la tendance «?Lutte de classes?» du MLF, qui milite à l'heure actuelle dans le Collectif national pour les droits des femmes. -
Au nom des femmes : "fémonationalisme", les instrumentalisations racistes du féminisme
Sara r. Farris
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 2 Décembre 2021
- 9782849509630
Alors qu'en France, une série de dispositions racistes et islamophobes ont été adoptées au nom de l'émancipation des femmes et de la lutte contre le «séparatisme», la traduction de ce livre pionnier vient à point nommé.
Sara R. Farris explore l'émergence de discours et de revendications concernant les droits des femmes émanant d'un ensemble improbable de partis politiques nationalistes de droite, de néolibéraux·ales et de théoricien·nes et responsables politiques féministes en France, en Italie et aux Pays-Bas. Pour décrire cette exploitation et cette assimilation de thématiques féministes dans leurs campagnes islamophobes et xénophobes, l'autrice a forgé le terme «fémonationalisme».
Sara R. Farris démontre qu'en qualifiant les hommes musulmans de dangereux pour les sociétés occidentales et d'oppresseurs à l'égard des femmes tout en insistant sur la nécessité qu'il y aurait à sauver les femmes musulmanes et immigrées, ces groupes et ces politiques d'État se servent de l'égalité de genre pour justifier leur rhétorique et leurs politiques racistes.
Cette pratique a, selon elle, également un rôle économique. L'autrice analyse comment les politiques néolibérales d'intégration et ces groupes féministes canalisent les femmes musulmanes et immigrées non-occidentales vers les industries ségrégatives du soin à autrui et des services domestiques tout en affirmant promouvoir leur émancipation.
Au nom des femmes est une vaste étude sur les liens entre le racisme et le féminisme qui décrit également comment les femmes non-occidentales sont instrumentalisées pour servir une série d'objectifs politiques et économiques.
Nourri de l'analyse minutieuse, dans ces trois pays, des programmes politiques des partis d'extrême droite ainsi que des propos tenus par d'importantes personnalités politiques et universitaires ou encore des politiques d'intégration, l'ouvrage de Sara R. Farris documente de manière fouillée l'essor actuel de cette tendance de l'extrême-droite et des États à instrumentaliser le féminisme pour motiver son discours xénophobe.
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Le coït dans un monde d'hommes
Andrea Dworkin
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 7 Mars 2019
- 9782849507155
À l'opposé de l'air du temps et de la pré tendue « égalité-déjà-là », de l'illusion que des pratiques sexuelles pourraient être « naturelles » et de l'oubli des rapports de domination, Andrea Dworkin aborde le coït en l'intégrant dans les rapports de pouvoir. Elle parle de « la baise » dans un monde dominé par les hommes, une certaine forme de sexe outil et matière de la domination, l'anéantissement des femmes dans la sexualité masculine, l'inégalité sexualisée des unes et des autres.
L'auteure ne s'adresse pas à un auditoire timoré, passif ou avide de textes consensuels. Le Coït dans un monde d'hommes ( Intercourse en anglais) est un livre violent qui explore le monde sexué de la domination et de la soumission. « Il procède en cercles descen- dants plutôt qu'en ligne droite. Comme dans un tour- billon, chaque spire plonge plus profondément dans ce monde » (Andrea Dworkin).
Les titres des neuf chapitres ouvrent sur des analyses subversives, dérangeantes : « Répugnance », « À vif », « Stigma », « Communion », « Possession », « Virginité », « Occupation et collaboration », « Pouvoir, statut et haine », « La loi », « Saleté et mort ».
En 1988, le poète et chanteur canadien Leonard Cohen saluait sa lecture d'Andrea Dworkin en ces termes:
« La gamme complète des arguments exposés dans ce livre est assez radicale, complexe et magnifique.
Intercourse est le premier livre que j'ai lu par un au- teur, masculin ou féminin, qui affiche une défiance qui soit profondément subversive au sens sacré - ex- traterrestre. Elle dit que notre monde est entaché par des préjugés humains, que les hommes et les femmes ont des idées erronées - même si ces idées ont dix millions d'années et qu'elles viennent de la bouche de dieu, elles demeurent erronées ! La position qu'elle adopte dans ce livre est si provocante et passionnante qu'elle crée une autre réalité et pourrait arriver à l'actualiser. Dans la situation actuelle, c'est ce genre d'attitude qui crée de nouveaux mondes - j'ai une profonde admiration pour Andrea Dworkin ».
Andrea Dworkin n'euphémise pas la réalité. Cela ne signifie cependant pas qu'elle exagère. Son travail, écrit-elle, nous entraîne dans les profondeurs de la vie sociale, « aussi étrange, amère ou salissante que soit la plongée ».
Lire cette immense écrivaine féministe, c'est trou- ver autre chose que ce que l'on pense savoir déjà.
Enfin, comme le rappelle Christine Delphy, la di- rectrice de la collection « Nouvelles questions fémi- nistes », dans sa préface au recueil de l'auteure, Sou- venez-vous, résistez, ne cédez pas, précédemment publié (Syllepse/Remue-Ménage, 2017) chez les mêmes édi- teurs, « pour défendre sa dignité, il faut d'abord en avoir une ».
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Les femmes noires en France doivent être sauvées de leur famille, de leur communauté (pères, frères, cousins). Ce sauvetage est proposé gracieusement par l'État au travers de l'école républicaine, appuyée par des allié·es de choix (médias, monde de la culture, associations, intellectuel·les).
Mwasi est un collectif de femmes qui ne veulent pas être « sauvées » par qui que ce soit et qui prend la parole. Les autrices, des femmes noires et afro-descendantes, désignent l'État français, le « féminisme » blanc dominant, le racisme d'État comme des ennemis politiques.
Ce livre est un instantané de ce qu'est le collectif Mwasi et de ce qu'il veut :
« Notre seule préoccupation est d'être à la hauteur des idées, des pratiques et de l'héritage qui sont les nôtres :
Les combats contre la négrophobie, l'impérialisme, l'hétéro-patriarcat et le capitalisme.
Nous avons choisi l'afroféminisme pour traduire politiquement nos révoltes en tant que femmes noires ;
Révoltes que nous voulons transformer en révolution pour un changement radical de système. Un système de justice sociale pour tou·tes, sans racisme, débarrassé de la domination masculine et du capitalisme.
Nous faisons le choix de la lutte collective, de l'organisation politique autonome et de la libération comme horizon.
Nous voulons que notre lutte soit comprise, reprise et interrogée par les Afro-descendant·es de France et les générations de militant·es noir·es qui nous suivront.
Que ceci soit pris comme notre contribution afroféministe à la libération noire et panafricaine. »
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Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas
Andrea Dworkin
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 4 Janvier 2018
- 9782849506011
Une extraordinaire écrivaine féministe. Des textes poignants, la colère face aux meurtres, aux viols, à la pornographie, à l'anéantissement des femmes dans la sexualité masculine.
La première partie est composée de deux textes à orientation biographique. Dans la seconde, l'auteure aborde, entre autres, le travail de l'écriture, New York, le féminisme radical, Kate Millett, la pornographie, la misogynie, la critique du déterminisme biologique, le judaïsme, le pouvoir des hommes, le viol, la fétichi- sation des corps, les actes et la violence sexuelle, la colère de la survivante... La troisième partie de l'ou- vrage est consacrée à la « fierté lesbienne », à la nuit et aux dangers, aux actions « Reprendre la nuit », au racisme et au masculinisme, aux assassinats de femmes comme politique sexuelle, à la résistance face à la ter- reur et la torture, à la prostitution...
Les livres d'Andrea Dworkin, dont ce recueil offre une palette, restent d'actualité en ces temps de remise en cause des droits des femmes au nom de « tradi- tions » ou du fantasme de l'égalité-déjà-là : « Souve- nez-vous-en, mes soeurs, durant les temps obscurs qui s'annoncent. » Son style, très novateur, mêle la radicalité des ana- lyses féministes et la beauté de la langue : « J'ai utilisé l'écriture pour emmener le langage là où était la souf- france des femmes - et leur peur - et j'ai continué mes fouilles à la recherche de mots capables de porter le fardeau de dire l'indicible ».
L'intransigeance face aux violences contre les femmes et l'onde puissante des mots. Il ne s'agit donc ici ni d'analyses universitaires ni d'indignations désin- carnées, mais bien d'une voix littéraire, nouvelle et forte, qui bouleverse notre compréhension de la do- mination masculine.
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Pour une théorie générale de l'exploitation ; l'extorsion du travail non libre
Christine Delphy
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 12 Mars 2015
- 9782849504598
- Comment en finir avec cette exploitation radicale qu'est le travail domestique des femmes ?
- Pourquoi et comment 15 % du PIB sont fournis gratuitement par les femmes au profit des hommes ?
Selon l'Insee, 15 % du PIB valorisés à 292 milliards d'euros, ou encore 60 milliards d'heures travaillées, ont été, en France, fournis gratuitement. Le nom de cette activité ?
Le travail domestique assigné à une partie particulière de la population : les femmes.
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Un universalisme si particulier ; féminisme et exception française (1980-2010)
Christine Delphy
- Syllepse
- 23 Avril 2010
- 9782849502648
Christine Delphy nous propose avec ce recueil des " interventions " qui s'inscrivent dans le déroulement de la politique du mouvement féministe en France. L'actualité des questions qui se posent au mouvement féministe et de celles que ce mouvement pose à la société, année après année, constitue la ligne de force des " interventions " publiées ici. Ces textes sont pour beaucoup des éditoriaux que l'auteure, rédactrice en chef de la revue Nouvelles Questions féministes, a rédigés au cours des mois et des années. D'autres sont des entretiens qu'elle a donnés à diverses revues ; ou encore des chroniques proposées à l'hebdomadaire Politis. Constater, avec un recul de trente ans, la permanence de certaines questions, ou l'émergence de thèmes qui s'affirment de plus en plus au cours des années, comme celui de l'identité nationale, a donné à Christine Delphy l'idée de constituer ce recueil. En somme, il doit son unité à une permanence, la surdité entêtée de l'establishment aux revendications des femmes, et à une " nouveauté ", le refus du même establishment d'entendre la revendication d'autres exclues, les " issues de l'immigration ".