Rares sont les hommes de la Révolution qui s'intéressèrent au sort des femmes. Et s'ils modifièrent de façon décisive leur statut juridique, ils furent, à l'exception de quelques-uns, beaucoup moins préoccupés par leurs droits civiques.Ceux dont les textes sont réunis ici se réclamaient de l'idéologie républicaine, fondée sur la liberté et l'égalité des citoyens. Mais, pour la grande majorité d'entre eux, à commencer par Rousseau, la femme devait «se borner au gouvernement domestique, ne point se mêler du dehors». À les lire, on voit bien à quel point la proximité, la similitude et la confrontation des sexes leur faisaient horreur. 1789-2022:deux cents ans plus tard, si les femmes sont devenues des citoyennes à part entière, le combat pour la reconnaissance continue.Ce recueil de textes édité par Elisabeth Badinter expose les causes profondes, philosophiques aussi bien qu'événementielles, de cette longue glaciation dans l'évolution de nos moeurs et le rôle mal connu qu'y ont joué les révolutionnaires.
Mars 1772. L'innocent M. Thomas, académicien distingué, publie un Essai sur le caractère, les moeurs et l'esprit des femmes qui déclenche chez ses contemporains - notamment chez Diderot et Mme d'Epinay - une vive polémique. La question, en effet, est d'importance:la femme est-elle le produit de son éducation, ou bien est-elle prioritairement façonnée par les lois de la Nature?Inauguré à l'aube de la Révolution, ce débat entre les points de vue culturaliste et essentialiste a connu la fortune que l'on sait. Il a entraîné dans son sillage une autre interrogation à la pertinence toujours brûlante:la femme est-elle la semblable de l'homme ou reste-t-elle à jamais l'Autre, désirée en même temps que crainte?Ce recueil reproduit le texte de Thomas et les commentaires qu'en firent Diderot et Mme d'Epinay. Il est précédé d'une longue mise en perspective d'Elisabeth Badinter, qui en analyse les implications et la portée pour les lecteurs d'aujourd'hui.
«Parce que je suis une femme, j'ai peur de sortir seule la nuit, de porter des vêtements qui me plaisent, d'exprimer mon opinion ou mes émotions. Ces peurs sont à l'origine d'une immense colère que j'essaie de contenir tant bien que mal. Cette colère, ça fait désormais trente-quatre ans que je vis avec et qu'elle me ronge les tripes, au point de se retourner régulièrement contre moi. Lassée d'être seule à en subir les conséquences, j'ai donc cherché à comprendre quels en étaient les origines et les éléments déclencheurs, afin de l'assainir et de la diriger non plus contre moi-même, mais contre ceux qui la méritent.»Taous Merakchi prend ici la parole pour toutes les femmes qui n'en peuvent plus d'avoir peur, de ne pas être prises au sérieux et de toujours devoir se justifier.
Ce livre est une enquête sur les pratiques et les voix des femmes dans le monde entier.
Il est d'abord informatif. Le tour du monde qu'il propose permet de savoir ce que font aujourd'hui les femmes pour lutter contre la domination masculine. Grâce à des entretiens avec des militant.e.s, à l'aide de tableaux récapitulatifs sur les grands problèmes qui se posent aux femmes aujourd'hui, par la restitution dans le texte même de tout un ensemble de voix plurielles, il peut être utilisé comme un vade-mecum des pratiques féministes contemporaines. Ces pratiques sont au coeur des luttes politiques les plus urgentes et les plus mobilisatrices : vivre avec et dans les milieux naturels (écoféminisme), construire des alternatives au capitalisme.
Qu'est-ce que le patriarcat ? Une forme d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l'autorité par les hommes. Pourquoi perdure-t-il ?
Après avoir interrogé un panel de jeunes hommes et de jeunes femmes, Carol Gilligan avance une hypothèse nouvelle : si le patriarcat perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert une fonction psychologique. Dans la mesure où il requiert le sacrifice de l'amour au nom de la hiérarchie, le patriarcat s'érige en rempart contre la vulnérabilité associée au fait d'aimer. La prise de conscience que c'est notre capacité à communiquer nos sentiments et à capter ceux des autres qui menace les structures hiérarchiques change entièrement la donne. Une thèse forte, et un combat résolument actuel.
Même les femmes les plus féministes se surprennent à aimer le regard conquérant des hommes sur elles ou à préférer des tâches ménagères à des activités censément plus épanouissantes. Ces désirs sont-ils incompatibles avec leur indépendance ? Comment la soumission se manifeste-t-elle ? Comment est-elle vécue et comment s'explique-t-elle ?
Les scandales sexuels qui ont agité le monde ces dernières années ont jeté une lumière crue sur l'envers de la domination masculine : le consentement des femmes à leur propre soumission.
Tabou philosophique et point aveugle du féminisme, la soumission des femmes n'est jamais analysée en détail, dans la complexité des existences vécues. Sur les pas de Simone de Beauvoir, Manon Garcia s'y attelle avec force, parce que comprendre pourquoi les femmes se soumettent est le préalable nécessaire à toute émancipation.
Cette anthologie rassemble un pan ignoré de la littérature française : les écrits que des femmes d'exception et quelques écrivains célèbres ont consacrés à un combat de longue durée, celui de l'égalité entre hommes et femmes. Accès à l'instruction, droits civils et politiques, droit au divorce, accès à tous les métiers, égalité des salaires : telles sont quelques-unes des revendications qui reviennent au fil des textes de ce recueil.
De Christine de Pizan, première « femme de lettres » française, à l'icône féministe qu'est devenue Beauvoir, ces écrits se répondent et nous aident à penser les débats d'aujourd'hui. Montrant qu'il n'existe pas une histoire linéaire du féminisme, ils nous font découvrir des personnages engagés et parfois méconnus, nous donnent à entendre des voix plurielles, réunies par l'art de penser hors des chemins tracés.
Carol Gilligan est l'auteur d'un livre capital, célébré dans le monde entier : Une voix différente, qui a forgé l'éthique du care, centrale aujourd'hui dans les réflexions sur le féminisme et la démocratie. Son nouveau livre, Pourquoi le patriarcat ?, avance une hypothèse psychologique nouvelle sur la persistance du patriarcat. S'il perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert une fonction psychologique. Dans la mesure où il requiert le sacrifice de l'amour au nom de la hiérarchie (songeons à Abraham qui se soumet à l'ordre divin en tuant son fils Isaac), le patriarcat s'érige en rempart contre la vulnérabilité associée au fait d'aimer. Par là même, il se dresse en bouclier contre la perte. La simple prise de conscience que c'est notre capacité à communiquer nos sentiments personnels et à capter ceux des autres qui menace les structures hiérarchiques change entièrement la donne.
Une thèse forte, et un combat résolument actuel.
Et si l'histoire des femmes ne se réduisait pas à une longue chronique de l'oppression patriarcale? Prenant le contre-pied d'une pensée féministe répandue, Christopher Lasch montre le caractère paradoxal de l'émancipation des femmes et insiste sur le rôle qu'elles ont joué dans leur propre soumission : croyant se libérer du patriarcat traditionnel, elles se sont en réalité assujetties à un nouveau paternalisme, celui de la société de consommation et de l'État libéral.
Proposant une réflexion solide sur la désintégration de la famille contemporaine, ce recueil d'articles, composé de la main de l'auteur peu de temps avant sa mort, constitue une excellente introduction aux grands thèmes de la pensée de Lasch.
Cette anthologie rassemble un pan ignoré de la littérature française: les écrits que des femmes d'exception et quelques écrivains célèbres ont consacrés à un combat de longue durée (XVIe-XXe siècle), celui de l'égalité entre hommes et femmes.
Accès à l'instruction, droits civils et politiques, droit au divorce, accès à tous les métiers, égalité des salaires: telles sont quelques-unes des revendications qui reviennent au fil des textes de ce recueil. Au-delà de la permanence d'une subordination féminine, ces combats de plume se signalent par leur diversité: diversité des supports (articles, essais philosophiques, pamphlets, discours, etc.), des interlocuteurs, des styles et des arguments, des contextes politiques et culturels.
Preuve que l'histoire du féminisme n'est pas une, qu'elle ne saurait se réduire à une constellation de figures mythiques - l'éternelle guerrière, la mère nourricière, la poétesse amoureuse -, mais qu'elle est le fait d'une multiplicité de personnages réels, engagés dans les luttes de leur temps, dont on entend ici la voix : de Christine de Pizan, première " femme de lettres " française à l'icône féministe qu'est devenue Beauvoir, en passant par Marie de Gournay, Condorcet, Olympe de Gouges, Charles Fourier, Flora Tristan, André Léo, Nelly Roussel, Madeleine Pelletier et bien d'autres encore...
F. Mongin, journaliste, fait le point sur la situation de la maternité en France et plus largement en Europe. Concilier travail et maternité se fait au prix de difficultés et de sacrifices occultés par les politiques et les médias. Face au dépeuplement annoncé de l'Europe, elle suggère de commencer à s'interroger sur la société à construire, sur l'avenir à souhaiter.
Françoise Barret-Ducrocq et Evelyne Pisier livrent ici la photographie en mouvement d'une nouvelle génération de femmes, à l'Université, dans les entreprises, au pouvoir et dans les media.
De Martine Aubry à Julia Kristeva, de Jacqueline de Romilly à Anne Sinclair, une centaine de portraits retracent des histoires singulières, attachantes, heureuses et douloureuses. Pour la première fois dans l'histoire sur une petite partie de la planète, " des " femmes prouvent que " les " femmes sont capables d'accéder aux postes de haute responsabilité. Pour la première fois en France, elles sont en nombre suffisant pour qu'on ne puisse plus parier de " femme-alibi ".
Le processus semble désormais irréversible. Mais il est si récent qu'aucune de ces femmes n'a eu le droit d'être banale. Conscientes des obstacles qu'elles ont eu à affronter, elles sont sans illusion devant les difficultés de l'avenir. Femmes en tête, elles ouvrent le chemin. Françoise Barret-Ducrocq est professeur d'histoire de la civilisation britannique à l'université Paris-7-Denis Diderot. Spécialiste de l'histoire des idées au XIXe siècle, elle a publié plusieurs ouvrages sur les femmes en Grande-Bretagne et en France.
Elle est secrétaire général de l'Académie Universelle des Cultures. Directeur du livre et de la lecture au ministère de la culture de 1989 à 1993, professeur à l'Université Paris-I, Evelyne Pisier a publié de nombreux ouvrages en droit public et en sciences politiques ainsi qu'un roman chez Flammarion.