Qui a été historiquement réduit au silence, et pourquoi ? Comment les femmes et les minorités sont-elles parvenues à récupérer, ou non, leur parole ? En quoi un changement politique est-il avant tout un changement de récit ?
Pour répondre à ces questions, Rebecca Solnit balaye un grand nombre de sujets, de l'histoire des droits civiques et de l'esclavage, à la culture du viol dans les campus américains, en passant par la masculinité toxique.
On retrouve ici la vivacité d'esprit de l'auteure, son opiniâtreté à déjouer tout ce qui, dans la culture, dans les institutions, dans la sphère publique, entend amoindrir la parole des femmes, et réduire leur place. Rebecca Solnit y met au jour les normes sous-jacentes contenues dans nos discours.
Un jour, lors d'un dîner mondain, Rebecca Solnit se voit questionnée par un homme sur son travail d'écrivain. Son dernier livre vient de paraître, il traite du Far West et de l'industrialisation. Aussitôt, l'homme la coupe : « Mais avez-vous lu ce livre très important qui vient de paraître sur le même sujet ? ».
Et l'homme de pérorer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas, mais sur lequel il a, bien sûr, beaucoup à dire. Seul problème : le livre « très important » en question a été écrit par... Rebecca Solnit elle-même. À partir de cette anecdote, Solnit développe un concept : les « mecsplications ». Comprendre, ces hommes qui croient à tort savoir mieux que les femmes ce qu'elles doivent penser, dire, ou encore écrire.
Mais ce n'est pas le seul angle d'attaque de ce recueil à l'intelligence protéiforme : qu'elle aborde la culture du viol, la question du mariage pour tous, la puissance du patriarcat ou l'oblitération de la parole des femmes dans l'histoire, Rebecca Solnit examine avec humour, colère et sens de la nuance les nouvelles questions que doivent affronter les femmes du vingt- et-unième siècle.