Ce numéro de rentrée sera placé sous le signe de la combativité, avec un dossier consacré au thème "se battre". Que signifie "se battre" quand on est une femme, socialisée comme un individu vulnérable ?
Au programme également, une rencontre entre la chanteuse Pomme et l'actrice Nadège Beausson-Diagne ; un portrait de Virginia Woolf par l'écrivaine Geneviève Brisac, et un entretien avec la dessinatrice Pénélope Bagieu. Le débat sera consacré à une question brûlante :
Pourquoi l'intersectionnalité fait-elle si peur ? Le reportage nous emmènera à Malaga, pour tirer un bilan des tribunaux dédiés aux violences de genre créés il y a 10 ans. La BD, signée Thomas Azuelos, racontera l'une des premières grèves de femmes du XXe siècle : celle des transbordeuses d'oranges dans le sud de la France.
"Liberté, Egalité, Sororité. 50 raisons de devenir féministe (ou de le rester)".
Ça fait combien de siècles déjà que les femmes réclament qu'on ne les prenne plus pour des potiches et des boniches ? Combien de décennies qu'elles rongent leur frein pour obtenir le droit, le vrai droit - pas celui des lois de papier - de suivre les mêmes études, d'exercer le même métier, de gagner le même salaire, de bénéficier des mêmes loisirs, de recevoir les mêmes prix aussi quand leur talent est éclatant ? Et combien de temps encore devront-elles supporter d'être considérées comme des corps en libre-service par ceux dont la force brute est le seul langage ? Le combat pour l'égalité ne date pas d'hier bien sûr. Mais dans la foulée du mouvement MeToo et à la surprise de militantes moins jeunes parfois, une nouvelle génération de féministes a surgi qui rue dans les brancards avec des slogans qui claquent, parfois crus. Des images qui vont droit au but sans pudeur superflue.
A découvrir également dans ce numéro :
Une BD sur l'impact de la mondialisation sur l'environnement : « La mondialisation détruit-elle l'avenir ». Texte de Sébastien Jean et Isabelle Bensidoun du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) / illustration d'Enzo.
La France racontée par ses paysages. Texte de Vincent Grimault / illustration de Jérémie Fischer.
Un sujet sur la chasse et la biodiversité (dans les coulisses de la chasse).
Un portfolio (sujet photo).
La couverture de ce numéro est signée Lucrèce Andreae (autrice de la BD "Flipette et Vénère", également réalisatrice et scénariste, notamment du film d'animation "Pépé le morse" qui a remporté le César du meilleur court métrage d'animation en 2018).
Une revue qui se donne pour mission de démocratiser les savoirs universitaires et militants pour déconstruire le patriarcat et donner à chacun des moyens d'émancipation au quotidien. Le premier numéro est consacré à la question du genre, sur la manière dont on devient un garçon ou une fille, sur la transition de genre ou encore l'aspect politique de la naissance.
Les femmes sont au coeur de nombreux mouvements sociaux à travers le monde. Au-delà de la vague #MeToo et de la dénonciation des violences sexuelles, elles étaient nombreuses en tête de cortège dans le soulèvement algérien du Hirak en 2019 ou dans les manifestations contre le président Loukachenko en Biélorussie en 2020. En France, leur présence a été remarquée parmi les Gilets jaunes et dans la mobilisation contre le dernier projet de réforme des retraites. Dans leur diversité, les mouvements de femmes témoignent d'une visibilité et d'une prise de parole accrues des femmes dans l'espace public, de leur participation pleine et entière aux débats sur l'avenir de la cité. À ce titre, ils consacrent l'existence d'un « sujet politique féminin ».
À l'heure où paraissent ces « cahiers », trois mois sont passés depuis que la pandémie mondiale du Covid-19 s'est imposée à nous, trois mois que le monde entier a basculé dans un état de crise dont on ne voit pas l'issue et dont on ne mesure pas les effets sur les sociétés qu'il a frappées.
Aux premières heures du confinement, des sentiments nombreux et contradictoires nous ont toutes et tous traversés : de la sidération à l'angoisse, de la tristesse à la colère... Et puis, très vite, les questions se sont bousculées dans nos têtes : que s'est-il donc passé ? Mais que nous arrive-t-il ? Quelles conséquences cet événement aura-t-il sur le monde et sur nos existences ? Et quelles leçons en tirer ? Il faut dire que, pour beaucoup d'entre nous, la vision d'un monde littéralement arrêté a soudain rendu évidentes, presque sensibles, les contradictions insoutenables dans lesquelles ce monde se trouvait pris depuis trop longtemps. Et si cette catastrophe était l'occasion d'empêcher qu'il retrouve sa trajectoire catastrophique antérieure ?
Comme le disait magnifiquement un graffiti repéré sur un mur de Hong Kong, « we can't return to normal, because the normal that we had was precisely the problem». Autrement dit, serons-nous capables de saisir cet événement, à la fois le comprendre et nous en emparer, afin d'imaginer et construire le monde que nous voulons, le monde dont nous rêvons ?
Ces « cahiers » ne pouvaient être que collectifs, au sens fort, parce que issus d'une volonté partagée par les éditeurs et auteurs de la maison de faire sens face à l'événement. S'y engage une conception du travail intellectuel et du débat public comme espace de confrontation argumentée. Ils accueillent des textes de pensée offrant des perspectives et des analyses fortes, mais aussi des textes et propositions littéraires qui font résonner notre époque dans des formes et des formats singuliers, ainsi que des interventions graphiques. Cette crise bouleverse les cadres de pensée et d'interprétations, elle met à l'épreuve bien des certitudes et des convictions, ce qui imposait d'ouvrir un espace original de dialogue, où trouvent à s'exprimer des sensibilités intellectuelles diverses, où peuvent s'ordonner la confrontation des points de vue, les divergences de fond, les incertitudes et les interrogations.
Ce numéro de Travail, genre et sociétés apporte à la connaissance et à la discussion des théories écoféministes, une approche historienne et sociologique, insistant sur l'indissolubilité de la théorisation féministe et d'une expérimentation politique radicale empiriquement observable.
Dans les enquêtes présentées ici, la société moderne capitaliste n'est pas seulement dénoncée comme invivable en théorie, mais en pratique. L'écoféminisme se présente comme une action directe qui permet de faire dévier de son cours la vie quotidienne, à distance des institutions : savoir créer des cercles affinitaires de femmes pour occuper une zone militaire, connaître les plantes médicinales pour s'entresoigner, renouer avec le maraîchage, s'organiser de manière horizontale en mettant à disposition son savoir - de sorte à battre en brèche le monopole des habilitations professionnelles -, constituent autant d'actes de résistance qui permettent de gagner du terrain face à la marchandisation des ressources et des savoirs. En cela, l'écoféminisme se rapproche de modes d'action anarchistes, zapatistes, altermondialistes dont s'inspire en France le mouvement des « zones à défendre » (zad), qui ont en commun de proposer des actions préfiguratives : l'organisation même de la vie collective pendant l'action militante met en oeuvre les principes qu'elle promeut, en incluant les tâches reproductives dans la répartition horizontale des actions politiques nécessaires.
Le thème de la « conciliation » entre vie professionnelle et vie familiale ou vie privée a fait l'objet de multiples travaux, européens et internationaux, comme en témoignent notamment les nombreuses publications de la Commission Européenne et de l'OCDE sur ce sujet. L'expression même ne va pas de soi, tant l'image qui lui est bien souvent accolée est celle de la conciliation du « rôle de mère » et de « travailleuse ». Certes, les statistiques indiquent qu'encore aujourd'hui ce sont bien aux femmes (en tant que mères, grand-mères, filles ou belles-filles) qu'incombe ce numéro d'équilibriste. Mais c'est une chose de constater que les femmes ont cette double « vie », c'en est une autre d'affirmer qu'elles sont les seules à pouvoir, et d'autant plus à devoir, le faire. Là est bien toute l'ambigüité du terme « conciliation », qui peut implicitement être entendu comme les arrangements qui permettent aux femmes de mieux articuler leurs temps. Or, les hommes, qui sont aussi pères, grands pères, fils et beaux fils, devraient être tout autant concernés. Pourtant leur investissement dans la famille n'évolue pas suffisamment rapidement pour entrevoir un possible rééquilibrage des tâches familiales et donc une hypothétique égalité professionnelle. Au-delà du rôle de chaque membre de la famille, la conciliation mobilise également l'État qui, dans certains pays européens, joue un rôle considérable (notamment en versant des allocations et en offrant des services aux familles). Entre l'État et la famille, émergent de nouveaux acteurs, qui complètent ou suppléent les rôles assignés à l'Etat et /ou aux familles : les entreprises, les associations, les collectivités territoriales...
Ce numéro souhaite rendre compte des orientations nouvelles de la recherche sur les engagements féminins au Moyen Orient. Trop concentrées sur l'analyse de certaines figures de proue des mondes féministes et des mouvements les plus organisés, les études ont longtemps négligé d'autres formes d'engagements, moins tournées vers les changements sociaux et politiques, moins radicales souvent, moins émancipatrices parfois. Le dévoilement des femmes, leur sortie de l'ombre, ne se fait pas simplement : elles s'organisent par le biais d'une sociabilité moins visible, comme celle des cercles de réflexion ou de prières.