Rayyane est une adolescente koweïtienne née avec une déformation de ses organes sexuels, d'origine génétique, et qui vit depuis l'enfance avec le sentiment confus d'être un garçon.
Rima aime les livres, surtout Le Petit Prince et Alice au pays des merveilles, le dessin et... marcher. La jeune fille, qui ne parle pas, souffre d'une étrangeté : ses jambes fonctionnent indépendamment de sa volonté, dès qu'elle se met à marcher elle ne peut plus s'arrêter. Un jour d'août 2013, alors qu'elle traverse Damas en bus, un soldat ouvre le feu à un check-point. Sa mère succombe sous les balles et Rima, blessée, est emmenée dans un hôpital pénitencier avant que son frère ne la conduise dans la zone assiégée de la Ghouta. Et c'est là, dans cet enfer sur terre, qu'elle écrit son histoire.
À travers la déambulation poétique de cette adolescente singulière dans l'horreur de la guerre, Samar Yazbek dénonce la souffrance du peuple syrien.
Dans une prison du Caire, une femme attend d'être pendue. La veille de son exécution, elle reçoit enfin dans sa cellule la psychiatre qui souhaite recueillir sa parole, et comprendre son crime. La détenue parle vite, sachant son heure venue et n'ayant plus rien à perdre. Elle s'appelle Ferdaous, « Paradis » en arabe, et sa vie n'a été qu'un enfer. D'inceste en violences conjugales, programmée pour devenir prostituée, elle fait payer les hommes pour le mal qu'ils lui infligent. Jusqu'au jour où l'un d'eux le payera de sa vie.
« J'ai eu recours à la police, mais je découvris que ses liens avec la police étaient plus puissants que les miens. J'ai eu recours à la loi, mais je découvris que la justice punit les femmes et ferme les yeux quand il s'agit des hommes. » N. E. S.
« Ne rien espérer, ne rien désirer, n'avoir peur de rien ! Tout ce qui peut arriver est déjà arrivé et, pour elle, le pire est déjà arrivé. » N. E. S.
Ce roman iconique de la grande voix du féminisme du Moyen-Orient est inspiré de faits réels : Nawal El Saadawi a recueilli en tant que psychiatre le récit de vie d'une détenue de la prison de Kanater et l'a restitué à l'écrit en une semaine, après sa pendaison. Paru en arabe en 1975, Ferdaous est pour la première fois publié en France en 1981 aux éditions des femmes.
L'autrice se trouve alors elle-même en prison, victime d'une vague d'arrestations arbitraires. La mobilisation internationale du Mouvement de libération des femmes oeuvre à sa délivrance, et suivront chez les mêmes éditrices : La face cachée d'Ève (1982), Douze femmes dans Kanater (1984), Femmes égyptiennes, tradition et modernité (1991).
Sarmad est un ancien militant communiste exilé à Londres où il gagne sa vie comme traducteur. Il est toujours amoureux d'Alef, restée à Bagdad, et qui a été contrainte de se marier avec le frère de Sarmad, Mohannad, haut responsable des services de sécurité du parti au pouvoir. Le temps passe, et un jour, il constate, ahuri, en se réveillant, que son sexe a rétréci jusqu'à disparaître - lui, le machiste qui était naguère si fier de sa virilité et de ses innombrables conquêtes féminines.
Reclus dans une chambre d'hôtel, un écrivain dénommé Monsieur N. ressasse les souvenirs de son enfance malheureuse. La femme qu'il a vraiment aimée l'a quitté, et il vient de constater que les pages qu'il a écrites pour se défouler depuis qu'il est à l'hôtel ont disparu. Hanté par le héros de l'un de ses romans, un tueur, il parcourt les bas-fonds de Beyrouth à sa recherche, le retrouve, mais le fuit précipitamment, paniqué à l'idée que l'autre le reconnaisse. Tout se confond dans sa mémoire : les événements vécus, les intrigues de ses romans, les rêves et les cauchemars... Qui est finalement ce mystérieux Monsieur N. ? On ne le saura qu'à la toute dernière page de ce roman haletant, certainement l'un des plus prenants et des plus ingénieux publiés en arabe ces dernières années.
Une jeune écrivaine égyptienne, Enayat El-Zayyat, s'est donné la mort en 1963, et personne ne se rappelle plus de son seul et unique roman, «L'Amour et le Silence», publié en 1967. Plus de quarante ans plus tard, Iman Mersal l'a lu et, intriguée par le suicide de son auteure, a mené une longue et minutieuse enquête pour reconstituer son histoire. Un livre inclassable, entre la biographie, l'enquête historique et journalistique ou encore l'essai, superbement écrit par Iman Mersal dont la prose se révèle aussi forte et émouvante que sa poésie.
Fondé sur un événement révélé en 2003 par la presse israélienne, celui du viol et du meurtre en 1949 d'une jeune bédouine du Néguev, un roman dense et décapant qui, au-delà du conflit israélo-palestinien, dénonce le viol comme arme de guerre et aborde subtilement le jeu de la mémoire et de l'oubli.
Figure de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, Samar Yazbek a dû quitter son pays tant aimé en juin 2011. Depuis son exil, elle ressent l'urgence de témoigner. Au mépris du danger, elle est retournée trois fois dans son pays, clandestinement, où elle a connu de l'intérieur l'horreur de la guerre civile, aux côtés des activistes. Des premières manifestations pacifiques pour la démocratie jusqu'à l'émergence de l'État islamique, elle décrit le quotidien des combattants, des enfants, des hommes et des femmes ordinaire qui luttent pour survivre à l'une des plus grandes tragédies du XXIe siècle.
Un des grands récits de guerre de notre époque, incarné, personnel, vécu. Pierre Haski, L'Obs Samar Yazbek souffre mille morts pour son pays et sa peine est contagieuse. Un livre capital. Charles Jaigu, Le Figaro.
Le magnifique sanglot d'une Syrienne qui prend la plume comme d'autres les armes. Bouleversant. Clara Dupont-Monod, Le Parisien magazine.
Hazar, jeune journaliste syrienne née d'une mère chrétienne et d'un père musulman, a quitté Damas faute de pouvoir y trouver un travail parce qu'elle refusait de s'inscrire au parti unique. Elle est venue à Paris continuer ses études. Évoquant tour à tour son passé, sa famille, ses amis et son présent d'exilée, les chapitres très courts de ce récit écrit à la première personne sont comme les pensées d'un esprit qui vagabonde à la recherche de réponses. Par touches successives, ils dessinent l'image d'une femme qui, faute d'être née libre, l'est devenue et se bat pour le rester. Qui tente de comprendre comment se construit une individualité, notion si étrangère, dit-on, à la culture arabe où le " je " est effacé au profit du " nous ". Refusant le déterminisme des origines, elle revendique sa liberté. Liberté de partir et de ne pas revenir, liberté de choisir sa vie sans accepter ce qu'impose l'appartenance à un pays, une société, une religion. Mais aussi liberté de disposer de son corps, de se déplacer, de voyager, d'écrire.
Les révolutions qui secouent le monde arabe réveillent plus profondément encore les questions que la narratrice se pose et qui dépassent le simple champ politique. Le dernier chapitre, ajouté après la révolution tunisienne et intitulé " Arab is beautiful ", conclut en se demandant si les révolutions ne sont pas nées pour nous obliger à changer la trajectoire, à nous interroger sur la loi du retour et à écrire notre " histoire originelle ".
Voyage en Algéries autour de ma chambre Après Mes Algéries en France et Journal de mes Algéries en France, le dernier volet d'une trilogie d'ouvrages richement illustrés.
Un abécédaire intime et politique : ABEILLE AFLOU AMBOISE BORDEL COLON CONQUÊTE HEIDI INSTITUTEUR LIBRAIRIE MARABOUT PEUGEOT PORT-SAY SHÉRAZADE SINGER TATI TÉNÈS. Une perception singulière de la colonisation et du couple Algérie-France. Un abécédaire autobiographique et collectif, avec les textes manuscrits des compagnes et compagnons de Leïla Sebbar sur ses routes algériennes (Jeanne Benameur, Nancy Huston, Didier Daeninckx, Anne-Marie Métailié, Benjamin Stora.). Un abécédaire érudit, léger, ironique et grave, pointilliste, excentrique. La fabrique, par le texte et l'image, d'une tribu mythologique d'Orient en Occident.
" j'ai cru que, par le biais de cette lettre, j'allais te transmettre ce que je n'ai pu faire avec personne, y compris moi-même.
Je t'ai raconté en effet ce que je n'osais pas divulguer auparavant. à mesure que je t'écrivais, je me rapprochais de toi. nous nous rapprochions l'un de l'autre et nous étions rassurés. nous avions besoin de sentir que nous n'étions pas seuls, que la solitude poussait dans des champs éloignés. c'était en tout cas notre désir commun, mais nous ignorons ce qui a pu l'affecter. ni toi ni moi ne le savons.
Quelqu'un d'autre le sait-il ? voilà que je découvre, en alignant les derniers mots, que notre relation a pris fin alors que ma lettre reste inachevée. l'instant qui suffit pour qu'un amour commence et s'achève est trop court pour que l'on puisse rédiger une seule lettre semblable à celle que je n'arrête pas de t'écrire depuis notre rencontre. " ainsi prend fin lettre aux deux soeurs. ainsi pourrait-elle commencer ! ici, l'absent devient le confident, l'amant de toujours.
écrire des lettres à une amante et se rendre compte, plus tard, que ces lettres étaient aussi lues par sa soeur ! deux soeurs : flamme double. un jeu de miroirs qui se trouve également dans le style de l'écriture oú la parole est multiple, car l'auteur confond la sienne propre et celle d'autrui, trouvée dans d'autres livres, sur une main peinte clans une grotte préhistorique, sur une toile du caravage, clans une statue de femme nue au parc de bagatelle, et jusque dans les cordes vocales de kathlecn ferrier.
Plus qu'une lettre, lettre aux deux soeurs est un hymne à l'amour, un regard profond sur les êtres et les choses, une quête d'harmonie et de beauté, loin de toute violence.
" La main de la mère qui saisit un oreiller blanc et l'applique sur le visage du nourrisson... " Cette scène d'une violence absolue obsède la narratrice, le docteur Selma Moufid, sans qu'elle comprenne si c'est un fantasme ou si cela a eu lieu.
Cette image occultée depuis l'enfance va entraîner Selma dans son désert natal et lui faire revivre des moments qu'elle voulait oublier.
C'est avant tout la relation à sa mère que ce roman met en question. Il s'agit de combattre de vieux fantômes et de comprendre pourquoi la culpabilité a inhibé le souvenir pendant tant d'années. Selma raconte les voyages qu'elle a entrepris pour enfin parler avec sa mère, pour tenter de briser le silence. Cette confrontation la renvoie à une réalité cruelle : si sa génitrice n'est qu'une pâle figure de Médée, d'autres femmes l'ont précédée dans ce rôle qu'elles s'évertuent à perpétrer pour ne pas enfreindre les tabous qui les ligotent...
Un roman très fort de Malika Mokeddem où, pour la première fois, elle analyse la relation avec sa mère dont elle fait un ressort romanesque extrêmement émouvant.
Héliopolis, la ville du culte pharaonique du soleil, transparaît en filigrane dans la banlieue cairote du même nom, conçue par le baron empain, l'industriel belge.
A travers le destin de quatre femmes de la classe moyenne, may telmissany reconstruit sa ville natale, porteuse des traces des cultures multiples qui s'y sont rencontrées. elle dessine la carte des espaces féminins que fréquentaient, outre micky, la toute jeune et capricieuse narratrice, sa mère, sa grand-mère et ses deux tantes. leurs lits, leurs balcons, leurs salles à manger, leurs cuisines, leurs photos de famille, leurs garde-robes, leurs objets intimes apparaissent comme d'indispensables repères dans cette egypte des années soixante-dix, bouleversée par la mort d'un leader charismatique et désorientée par les choix de son successeur.
Avec ce texte qui parodie délibérément diverses formes de l'écriture arabe, may telmissany s'affirme au coeur d'une nouvelle génération d'écrivains égyptiens qui cherche à sortir des sentiers battus de la littérature engagée.