Mira Popovic s'attache à ces êtres et ces objets que croisent nos existences. De leur banalité apparente, elle tire des histoires étonnamment lumineuses et énigmatiques.
On y croise aussi bien un homme fasciné par une paire de chaussures au gris-noir subtil, qu'un pichet au motif de fleurs kitch haï par toute une famille et qui est néanmoins subtilisé par un voleur, ou encore une clé apparemment inutile que l'auteur décide de mettre dans son texte pour ne pas la jeter. Des souvenirs d'enfance qui remontent à la surface au hasard d'une rencontre ou d'une situation : comme ce sourd-muet de son village de Serbie, écrasé pour ne pas avoir entendu le klaxon d'un camion signalant son arrivée à tombant ouvert. Ou cette course dans Paris où une femme fixe la nuque d'un chauffeur de taxi qui lui rappelle son amant : elle lui demande de ne pas se retourner pour prolonger le plaisir de cette ambiguïté et imaginer que le voyage à deux à Paris tant rêvé se réalise. Mira Popovic nous conte des souvenirs d'enfance, des histoires d'amour ou de pures fantaisies, prenant le quotidien à contre-pied. Ce recueil allie avec brio cocasserie, tendresse et humour.
L'ouvrage se construit en trois parties. La première réunit les nouvelles où, sous une apparence de normalité, les intrigues cheminent entre absurde et cocasse.
La deuxième regroupe des nouvelles liées au contexte spécifique Belgrade-Paris, les deux patries de l'auteur, deux mondes dont la synthèse se fait dans ses réminiscences.
La troisième partie, quant à elle, rassemble de fulgurantes évocations, sous forme de brefs contes, sortes d'instantanés photographiques pris à la lumière incertaine des rêves.
Magda szabô nous offre une clé pour la suivre au pays de son enfance émerveillée : le vieux puits se trouvait dans le jardin de la petite fille, l'adulte qu'elle est devenue s'y laisse glisser, telle alice, pour retrouver, intacts et vivants, sa ville natale, ses amis, ses parents.
Les pierres ont conservé les voix, les rires, les joies, et restituent les êtres.
Au tréfonds de la galice, le marquis d'ulloa ripaille, boit, chasse avec le curé, vit en concubinage avec sa servante, tandis que primitivo, l'intendant du château, joue de tous les vices et faiblesses de son maître pour le voler et s'approprier le domaine.
Frais émoulu du séminaire, julian, le chapelain, tente de sortir le marquis de cette féodalité archaïque, de la soustraire à l'influence maléfique des lieux et au machiavélisme de son régisseur : il en sera la première victime.
Eszter est une comédienne
célèbre.
Pourtant, les frustrations de son
enfance - entre des parents
ruinés mais de très vieille
aristocratie - renaissent et
s'exacerbent quand elle découvre
qu'Angela, l'ancienne gamine trop
parfaite de son village natal, est
l'épouse de l'homme qu'elle aime,
et qui l'aime.
Le Faon dit la jalousie, plus, la
haine, vécue comme un maléfice,
à l'égard d'un être qui symbolise
tout ce que la petite fille que fut
Eszter n'a pas connu, n'a pas été.
Son monologue est celui d'une
femme qui se donne, se confesse,
et qui expie.
Le 3 octobre 2007, Magda Szabó fêtait
ses 90 ans. Elle est morte quelques
semaines plus tard, le 19 novembre
2007, un livre à la main. Après La
Porte, Prix Femina étranger 2003, La
Ballade d'Iza et Rue Katalin qui a
obtenu Le Prix Cévennes du meilleur
Roman européen en juillet 2007, les
Éditions Viviane Hamy poursuivent
leur travail de découverte de l'«univers
romanesque féroce, doux et entêtant»
de celle qui fut la grande dame
des lettres hongroises.
À quatorze ans, Madelaine quitte l'orphelinat avec un métier : couturière.
Éblouie par la fluidité des matières et l'explosion des couleurs, déjà experte dans l'art de la coupe, elle crée ses premières robes. Puis, à Paris, les clientes repèrent ses créations.
Ses modèles ont un succès fou, l'atelier déborde de commandes. Désormais, la maison portera son nom : «Madelaine Delisle». Le siècle défile, inventions, restrictions, destructions... L'après-guerre offre Tadeusz, et son fol amour de la vie, à Madelaine. Lucie naîtra. La jeune femme dessine quantité de modèles pour sa fille... Mais les vieux démons rôdent : pourquoi ne parvient-elle pas à toucher sa fille, à lui parler, à l'aimer ?... Le couple se délite, Madelaine s'isole...
Roman d'initiation, du désir de donner et de la nécessité du choix, Le Temps d'une chute est une fresque du XXe siècle filtrée au pochoir de la Mode.
"Nous restâmes assis en silence, comme de braves frère et soeur, et pour la première fois de ma vie, je pressentis que les morts ne mourraient pas, que ce qui avait un jour été vivant sur cette terre, sous quelque forme que ce soit, était indestructible."
Les morts demeurent: Rue Katalin en donne une magistrale illustration. A Budapest, des années après la disparition de la jeune Henriette, les membres de trois familles vivent sous l'emprise de sa présence. Et, d'outre-tombe, la jeune fille nous introduit dans la vie naufragée de ceux qui furent ses amis: Balint, Irén, Blanka, M. et Mme Elekes...
Que s'est-il passé pendant la guerre, rue Katalinoe Quels événements ont acculé ses habitants à la détresse et au désespoiroe
Dans sa maison de la Grande
Plaine, Mme Szöcs attend qu'on
vienne la chercher : son mari est
en train de mourir. À l'hôpital,
Vince ne la reconnaît pas, et sa
dernière phrase est destinée à Iza,
leur fille trop aimée.
Une fois son père enterré, Iza
emmène sa mère vivre avec elle
dans son appartement de
Budapest. Elle a tout décidé, fait le
tri entre meubles et objets à garder
et à abandonner, arrangé la
chambre, sans demander à la
vieille dame - qui pourra «enfin
se reposer» - ni son avis ni ses
envies.
Peu à peu, la fragile vieille dame
se pétrifie dans la non-existence
qui lui est ainsi offerte, jusqu'au
jour où elle décide de retourner
dans son village...
« Dans mon enfance, j'ai beaucoup appris grâce aux histoires. Ce qui m'a le plus marquée, c'est que les méchants utilisaient leur cervelle et parvenaient toujours à quelque chose. [...] Aussi j'ai pensé qu'on avait besoin de gentils qui avaient quelque chose dans le crâne, des gentils actifs, et non pas des nouilles passives. «Un méchant gentil. Est-ce que ça n'existe pas ?» Alors, peu à peu, j'ai décidé d'en être un ».
Benigna déborde d'optimisme ; rouée, futée, elle se présente comme la descendante de Machiavel.
Sicile, printemps 1861. Au coeur de la tourmente qui secoue l'Italie, une jeune noble en habit d'homme, rejoint la bande de Spaziante, un ancien métayer de sa famille.
La scène inaugurale, étonnamment froide, où Margherita enfonce une épingle à cheveux dans la gorge de son mari endormi, rejoint celle, paroxystique, où, moitié inconsciente, moitié provocatrice, elle accompagne les hommes dans un bordel de campagne. Le sang est partout, il donne sa pulsation au roman. Il lui confère cette atmosphère lourde, charnelle, comme tissée dans la toile d'araignée d'interdits, d'attirances et de répulsions qui tient prisonniers Margherita, Cosimo, Carmino et Antonia.
Vingt ans plus tard, au fond du bagne où elle croupit, la « Briganta » entreprend le récit de sa vie : « Écrire ses Mémoires est chose audacieuse pour une femme, peut-être encore plus que d'aller mener une vie de brigand dans les montagnes. »