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violette leduc
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«Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas étudié. J'ai pleuré, j'ai crié. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps. Le passé ne nourrit pas. Je m'en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m'ont torturée. J'aurais voulu naître statue, je suis une limace sous mon fumier.» Autobiographie sans remords et sans artifice, La Bâtarde revient sur l'enfance de Violette Leduc : la honte, la faute, son physique disgracieux, son attirance pour les deux sexes, ses amours, ses abandons, ses rendez-vous ratés. L'ouvrage retrace trente années, durant lesquelles elle travaille, écrit, souffre d'écrire, découvre le beau monde et se lie d'amitié avec Maurice Sachs et Simone de Beauvoir. Malgré des envolées lyriques éblouissantes, rien n'est enjolivé dans son écriture si exigeante, si précise ; toujours à la recherche du mot juste et cependant introuvable. Violette veut tout remuer, tout dire de sa mémoire brûlante. Sa plume perce l'épaisseur des années sans aucune concession. Écrire comme un acte de survie. D'une immense beauté, La Bâtarde permit à Violette Leduc de connaître enfin le succès, à l'âge de 57 ans.
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«Isabelle allongée sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. Les mains à plat sur le matelas, je faisais le même travail de charme qu'elle. Elle embrassait ce qu'elle avait caressé puis, de sa main légère, elle ébouriffait et époussetait avec le plumeau de la perversité. La pieuvre dans mes entrailles frémissait, Isabelle buvait au sein droit, au sein gauche. Je buvais avec elle, je m'allaitais de ténèbres quand sa bouche s'éloignait. Les doigts revenaient, encerclaient, soupesaient la tiédeur du sein, les doigts finissaient dans mon ventre en épaves hypocrites.» Dans Thérèse et Isabelle, longtemps censuré, Violette Leduc tente de «rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique». Voici des pages âpres et précieuses, d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain n'avait osé prendre en France avant elle.
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Pensé comme un roman de formation et d'émancipation, l'ouvrage retrace l'itinéraire amoureux de Thérèse, l'alter ego de Violette Leduc, de l'adolescence à la maturité. Thérèse aime Isabelle, puis Cécile, puis Cécile et Marc, puis Marc. Jugé obscène, Ravages est censuré en 1955. Le livre paraît amputé des cent cinquante premières pages (Thérèse et Isabelle) et de plusieurs passages clés (les scènes du taxi, de la chambre d'hôtel et de l'avortement final). «C'est un assassinat» pour Violette Leduc. La censure déséquilibre l'ouvrage et en modifie la portée. Ravages est un roman mort-né. Aujourd'hui, pour la première fois, Thérèse et Isabelle retrouve Ravages. L'Imaginaire propose une édition hors-série annotée et augmentée des passages censurés, repérés à l'encre violette. L'occasion unique de redécouvrir le roman subtil et engagé d'une pionnière féministe.
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«Je ne me lasse pas du même menu : tomates fraîches, charcuterie, vache qui rit, pêche, chocolat menier, citron pressé ou bien vin rouge selon ma tempérance ou mon intempérance. Mon dos à midi cherche un double dans un fossé, contre un poteau télégraphique, contre une meule, contre un cabanon. Il est sept heures du soir au mois de juillet dans les campagnes. Je m'arrête, je demande à ma mort qu'elle me prenne en été à la même heure, lorsque la lumière a mûri, lorsque dehors est une douce véranda. Que je meure lorsque l'aboiement du chien de l'infini baisse d'un ton, que je meure après le sursaut : le cliquetis au coeur des soucoupes du café où je vous ai attendue, Madame...» Sur les conseils de Simone de Beauvoir, Violette Leduc décide de parcourir la Provence en sac à dos. Trésors à prendre est le fruit de cette aventure : un authentique journal de voyage, qui décrit les endroits qu'elle traverse, ses rencontres fortuites, ses réflexions, ses flâneries et mésaventures qui lui permettent de se rapprocher d'elle-même. Ici Violette Leduc nous offre une écriture en mouvement, qui cherche son équilibre ; toujours à la conquête des mots. Écriture sensible et sensuelle qui éveille nos sens le long d'un chemin parcouru ensemble.
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«Elle est belle. Elle est en Italie. Elle ne pense pas à toi. Le jour de son arrivée, elle ne te verra pas. Tu le sais. Je lui donnerai ma vie. Elle s'en fout. Elle sera dans la ville mais tu ne le sauras pas. C'est abominable. Je la tuerai. J'embrasserai ses deux mains que je rapprocherai. Elles ne sont pas plus intelligentes que moi, ses mains. Je reviendrai devant son immeuble. Le garçon de café lui parle. Le coiffeur touche ses cheveux. Écrasez-moi, Madame...» L'affamée est la description de l'Amour.
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«Les partis ne vous ont pas manqué. Vous avez toujours refusé. Pourquoi ? One ne le saura jamais.» Ainsi parle à Mademoiselle Clarisse - cinquante-quatre ans - un client de son café-épicerie-mercerie de village. Nous non plus, nous ne saurons pas pourquoi Clarisse - fort sociable pourtant, et qui entretient avec sa clientèle des relations harmonieuses - a vécu et vit solitaire. Mais nous comprenons qu'il y a en elle quelque chose de noué, et qui ne favorise pas les relations avec les hommes. Dans sa jeunesse elle fuyait les rencontres, maintenant elle rêve «d'un homme ne sachant pas se défendre». Et voilà que survient un homme inattendu. Il s'est réfugié dans la salle de café, il y est mort. Aussitôt Clarisse s'empare de lui. Une tempête de tendresse, d'amour et de dévouement la saisit devant ce corps qui lui est livré, et de qui elle prend soin comme si son activité terrestre n'était pas interrompue à jamais. Elle invente son histoire, s'invente une histoire avec lui, mais doit vite reconnaître que le mort ne pourra rien lui donner.
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«Si je me sauvais ? Je peinerais Simone de Beauvoir. Elle veut me voir guérie. Si je me jetais en bas de leur escalier ? Je me casserais une jambe. Ils plâtreraient ma jambe. Où déjeunent Simone de Beauvoir et Claude Lanzmann ? Je préfère l'ignorer. Sait-elle qu'elle m'a amenée dans une chambre de forcenée ? Le sait-elle ? C'est un affront, c'est une atteinte à la liberté.» Publié de façon posthume, La chasse à l'amour s'ouvre sur une lame de rasoir. Violette Leduc meurt de chagrin et veut se donner la mort. «La folie en tête», Violette nage dans un sentiment de persécution perpétuel, dans des délires fantasmatiques et autres hallucinations funèbres. Dans cet ouvrage l'autrice dépeint sa vie jusqu'en 1964, depuis ses séjours de 1956-57 en maison de repos. Elle revient également sur sa relation avec René, une nouvelle obsession amoureuse, puis sur sa vie à Faucon, en Provence, lieu d'inspiration pour l'écriture de La bâtarde.