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camille laurens
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«Au moment où s'ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l'ai faite, c'est idiot, j'étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n'est-ce pas d'y croire ?» Que s'est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancel doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s'est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges. Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille Laurens questionne le narcissisme contemporain, l'absence d'empathie, et se demande comment sauver l'amour de ses illusions. Elle nous invite à le célébrer et à le vivre, au-delà des promesses trahies.
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FILLE, nom féminin 1. Personne de sexe féminin considérée par rapport à son père, à sa mère.2. Enfant de sexe féminin. 3. (Vieilli.) Femme non mariée.4. Prostituée.Laurence Barraqué grandit avec sa soeur dans les années 1960 à Rouen. «Vous avez des enfants ? demande-t-on à son père. - Non, j'ai deux filles», répond-il. Naître garçon aurait sans doute facilité les choses. Un garçon, c'est toujours mieux qu'une garce. Puis Laurence devient mère dans les années 1990. Être une fille, avoir une fille : comment faire ? Que transmettre ?L'écriture de Camille Laurens atteint ici une maîtrise exceptionnelle qui restitue les mouvements intimes au sein des mutations sociales et met en lumière l'importance des mots dans la construction d'une vie.
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Dans ces bras-là ne traite que d'un seul sujet, une idée fixe : les hommes. L'auteur avoue que, depuis l'enfance, ils sont l'unique objet de sa curiosité et de sa gourmandise. Tous ceux qui lui ont fait tourner la tête, elle veut enfin en faire le tour. Des hommes croisés aux hommes oubliés, du mariage vécu dans l'emportement aux traces immuables des premières amours, Camille Laurens décrit avec émotion et humour les multiples facettes de la relation amoureuse.
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«Il y a trois façons de se sentir en vie, vraiment vivants : être en amour, être en littérature, être en analyse. Cette phrase de Julia Kristeva me revient au moment de composer ce volume qui incite à trouver une continuité, sinon un sens, à une suite de romans écrits parfois il y a plus de trente ans et rarement relus. Pour se repérer dans le labyrinthe, c'est le fil du désir qu'il faut tirer, et lui seul. Le désir, mot aimé, mot aimant, mot qui m'aimante, s'entend ici dans son acception la plus large et la plus précise, celle de son étymologie. Désirer, c'est-à-dire se dé-sidérer, sortir littéralement de la sidération, de l'immobilité peureuse qui nous empêche de vivre. Mes romans et récits obéissent tous au même élan, ils témoignent chacun à sa manière d'un mouvement continu pour défier le côté mortifère de la vie. Leurs personnages, des femmes souvent, cherchent plus ou moins timidement l'autre côté, l'envie de vivre, l'énergie vitale, ils montrent une sorte d'acharnement au désir. Ils se rêvent en inventeurs d'un trésor. Ce choix de textes se veut un kaléidoscope. L'amour, les livres qu'on lit, ceux qu'on écrit, le besoin de comprendre y donnent leurs principales couleurs aux fragments qui le composent, dont l'agencement renouvelé n'a qu'un seul but : créer une belle forme au fond de la lorgnette où l'oeil se colle.» Écrire, pour Camille Laurens, c'est enfreindre la loi du silence - et la recommandation familiale, celle de se taire. Écrire, c'est jouer avec la richesse des mots et les circonvolutions de la langue. Écrire, c'est sa réponse à un désir impérieux, celui de vivre et d'être en vie. Par les documents personnels et le choix d'entretiens, s'érige un pont entre vie et écriture, fiction et réalité, présence et absence, véritable fil d'Ariane tendu au lecteur, destiné à déambuler dans l'oeuvre «labyrinthique» de Camille Laurens, depuis son premier roman Index (1991) jusqu'à Fille (2020).
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D'où vient l'amour en nous ? Comment se construit cette forme particulière et unique, si différente chez chacun d'entre nous que souvent nous ne la comprenons pas chez l'autre : l'amour ? Le passé la crée peu à peu, tissage de récits déformés, de fables inventées, de mythes personnels, histoires de famille : nous héritons l'amour comme on nous lègue un meuble. Et puis les livres, ce qu'ils nous ont appris de la passion, de la souffrance et du plaisir - pages bâtissant des sentiments, des sensations, un monde, éternel roman du coeur entre illusion et vérité, corps et âme. L'amour, c'est des mots.
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C'est l'histoire d'une rencontre improbable. Elle est romancière, cultivée, « la vraie vie, c'est la littérature », pense-t-elle. Luc est paparazzi, toujours en quête d'aventures et de sensations fortes. À la suite d'un conflit avec son éditeur, elle a perdu confiance en elle et ne parvient plus à écrire ; il rêve d'être connu et reconnu, il voudrait qu'elle écrive un livre sur lui, sur son existence à la fois tragique et futile, insignifiante. Il lui offre non pas une tranche de vie, dit-il, mais « une tranche de vide ». Elle va donc entreprendre de le peindre, et à travers lui, c'est le portrait d'un homme contemporain qui se dessine : désinhibé, transgressif, irrespectueux des usages, des lois, avide de jouissances rapides, insoucieux d'autrui, il est « l'homme sans gravité » de Charles Melman, immature comme un enfant, se mouvant sans repères ni valeurs dans un monde sans limites, où l'opinion prévaut sur la pensée, la consommation sur le désir, l'imaginaire sur le réel. Luc est aussi attachant, fascinant par son énergie, ses tentatives de liberté, et raconte quelque chose de l'humanité tout entière. L'idylle est évidemment bancale, la romance nerveuse, la narratrice témoigne d'un certain masochisme face à ces provocations qui la sidèrent, mais la reconquête d'un sens perdu passe par les retrouvailles avec la langue et l'apprentissage d'une forme d'amour.
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Il est réalisateur, elle est romancière. Ils savent ou croient savoir quelque chose des histoires qu'on se raconte et du cinéma qu'on se fait. Et pourtant, comment enchaîner ces deux phrases qui les lient, puis les délient, ces deux plans fixes : Je t'aime - Je ne t'aime plus ? Qu'est-ce qui se passe entre deux ? Qu'est-ce qui passe - ne fait que passer ? Comment dire ce qui ne s'entend pas, comment montrer ce qui ne peut pas se voir ? C'est un roman d'amour ? Un roman de haine ? Peut-être un roman policier : on enquête sur la disparition de l'amour.
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Vous achetez un livre au hasard d'un voyage, vous le parcourez sans méfiance quand soudain vous comprenez qu'un auteur indélicat y révèle votre secret le plus intime. Tout vous montre du doigt, c'est votre vie, vous vous y reconnaissez. Mais lui, qui est-il, qui lui a raconté ? Commence alors une enquête dont la rigoureuse progression alphabétique se heurte à la multiplicité des interprétations, où rencontres, souvenirs et affabulations déforment votre vérité.C'est à ce chassé-croisé entre lecteur et auteur que vous invite Index. À travers les interrogations d'une jeune femme confrontée à sa propre histoire est posée avec insolence la question clef du roman, qui est de savoir, en tout récit, qui parle.
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Chansons, maisons, frissons. Héros des stades, bourreaux des coeurs. Idylles, hymens, séparations. Ces fragments assemblés forment une vie, des vies, une succession d'images qui se ressemblent sans se répéter tout à fait. Mythologie familiale, histoire d'amour ? Et si Romance n'était pas ce roman, mais un écran qui cache autre chose ? Si l'on s'était laissé prendre à l'illusion ? Et si, en donnant un léger tour au kaléidoscope, c'était la reconstitution d'un meurtre qui, sur un air de valse, se dessinait ?
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Mallarmé propose le titre : « Ce pli de sombre dentelle, qui retient l'infini, tissé par mille, chacun selon le fil ou prolongement ignoré son secret, assemble des entrelacs distants où dort un luxe à inventorier... » C'est cet inventaire que poursuit Camille Laurens, cherchant ce que trament les mots - les mille ans, mille gens, mille jeux, mille sons, mille sens qui s'y nouent pour composer le mystérieux textile où s'invente aussi notre vie, ce tissu de la langue ajouré de silence.