Cette oeuvre poétique publiée initialement en 1974 fut l'un des premiers textes portés par la toute jeune maison d'édition des femmes-Antoinette Fouque. Profondément novatrice, polymorphe et anticonformiste, elle trouve une résonance particulière auprès des jeunes générations féminines et féministes, avides d'apprendre de leurs aînées. Cette nouvelle édition est enrichie de deux textes inédits retraçant la genèse et les conditions d'écriture de cette fiction ainsi que sa réception dans les années 1970.
De la mythique Istanbul à d'autres rivages, l'errance de plusieurs personnages compose la trame narrative de ce texte qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour « avoir un sexe », être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, il faut mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère.
L'écriture est alors perçue comme une tentative de vivre une rébellion de femme, exigeante et transgressive.
« C'est l'arrogance du sorcier qui a provoqué le drame. Personne ne m'ôtera cette idée de la tête. Ce petit homme au regard intense et méchant, à la peau desséchée comme celle d'un crocodile, a osé déclarer :
- Que la sotte femme blanche n'approche pas... Qu'elle ne touche pas ! Bas les pattes ! Ou quelque chose comme ça.
Comment Sabrina aurait-elle pu supporter pareil interdit ? Elle n'a pas l'habitude qu'on lui parle sur ce ton. Elle est jeune. Et libre. Et fougueuse. Celui qui pourra la dompter n'est pas encore né. On lui interdisait de toucher ? Aussitôt, elle a avancé la main et s'est saisie de l'objet. Elle a été envoûtée immédiatement. Mais, je ne l'ai compris que bien plus tard. » X.G.
La ville d'Istanbul sert de décor, deux personnages homosexuels auxquels une femme s'accroche soutiennent la trame narrative de cet écrit qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour « avoir un sexe », être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, les villes putrides toutes semblables à Istanbul, les travestis, il faut entrer dans la mascarade, revêtir leurs oripeaux brillants, mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère. Les femmes n'ont aucune place en tant que telles dans ce paradis luxuriant et putride orchestré par les hommes. C'est ce que fait apparaître ce livre avec une violence percutante et désespérée.