" Au-delà d'une simple recension des " vocables " psychanalytiques, ce Vocabulaire propose une réflexion, allant du plus simple au plus complexe, sur l'ensemble des concepts que Freud et d'autres à sa suite ont progressivement élaborés, pour rendre compte des découvertes de la psychanalyse. Notre commentaire a tenté, à propos des notions principales qu'il rencontrait, d'en lever ou tout au moins d'en éclairer les ambiguïtés, d'en expliciter les éventuelles contradictions. Il est rare que celles-ci ne débouchent pas sur une problématique susceptible d'être retrouvée dans l'expérience même. " (J. Laplanche, J.-B. Pontalis).
Ce Vocabulaire, fut publié pour la première fois en 1967 dans une version reliée, puis repris dans la collection Quadrige et son succès, tant en France (plus de 100 000 exemplaires vendus) qu'à l'étranger (des éditions en dix-sept langues, de l'anglais au japonais, du suédois au turc et à l'arabe) ne s'est jamais démenti, preuve de la pertinence de ce travail " encore bien présent, même s'il serait améliorable... Il ne s'agissait pas de faire le tour de Freud mais de lancer des coups de sonde, d'approfondissement. Le contraire même d'une mise en manuel : une mise en problème " selon les termes de J. Laplanche.
Le Laboratoire central réunit neuf entretiens et exposés de J.-B. Pontalis entre 1970 et 2012, dont certains inédits, en réponse des questionnements sur les rapports de la psychanalyse et de la littérature (" De l'inscrit à l'écrit ", entretien avec Pierre Bayard), mais aussi, en arrière-fond, explicitement parfois, sur le lien entre psychanalyse et politique (" Détournements ? ", entretien avec Marcel Gauchet). Ce titre - Le Laboratoire central - est en hommage à Max Jacob, que l'auteur a connu avant son internement en camp. Le " laboratoire central " est l'entretien que le psychanalyste a avec ses patients, avec ses collègues et avec lui-même, où il fait travailler ce à quoi il tient et croit, centralement, tout en cherchant à se mettre en difficulté, à " penser contre soi ". Avec ces échanges loyaux où il ne craint pas d'épouser les vues adverses, avec les visées inattendues et fortes qu'il prête à l'autre, avec le dérangement en lui-même d'une pensée autre, J.-B. Pontalis sait mettre cent fois sur le " métier " l'ouvrage d'une réflexion qui a traversé le dernier demi-siècle, continue d'être centrale, et n'a cessé de compter bien au-delà du cercle des psychanalystes.
Au cours des années 1915-1917 Freud prononce à l'Université de Vienne vingt-huit conférences destinées à un public «profane» afin d'introduire ses auditeurs à la «jeune science» qu'est la psychanalyse. Il y déploie un rare talent de pédagogue, avançant pas à pas, anticipant les objections (les contradicteurs d'hier sont encore ceux d'aujourd'hui), recourant à des images concrètes qui rendent les développements théoriques plus accessibles. Sa démarche est progressive. Elle n'est pas celle d'un maître d'école, soucieux d'endoctriner. Elle est celle d'un éveilleur.Les Conférences d'introduction, qui connurent à travers le monde un immense succès, paraissent souffrir aujourd'hui d'un relatif discrédit : «Élémentaire, bon pour les lycéens !» prétendent ceux qui croient tout connaître de la psychanalyse. Rien de plus faux. N'est-il pas nécessaire à chacun - psychanalystes inclus - d'être encore et encore introduit à la psychanalyse, bref de demeurer «profane» face à une terre étrangère que personne ne saurait s'approprier ?Cette traduction nouvelle, qui s'imposait, invite à lire Freud pour la première fois. Mieux encore : à entendre sa voix.
En 1908, la première «société psychanalytique» est officiellement fondée, à Vienne. Mais c'est depuis 1902 que quelques hommes ont pris l'habitude, et le goût, de se réunir chaque semaine au domicile de Freud:les fameuses «séances du Mercredi soir». À partir de 1906, le jeune Otto Rank est chargé d'établir le compte rendu détaillé de ces séances:ce sont les Minutes, soigneusement conservées par Freud, puis par Paul Federn.La métaphore, aujourd'hui si usée, de pionniers de la psychanalyse retrouve ici sa saveur, et le mot, aujourd'hui si généreusement distribué, de séminaire, sa raison d'être. Sous la direction ferme et discrète de Freud, un groupe assez hétérogène de médecins, d'éducateurs, d'écrivains s'avance, avec un mélange d'enthousiasme et de réticence, dans un territoire pour eux à peine défriché et aux frontières encore mal définies. Aussi les questions abordées sont-elles très diverses:troubles de la sexualité, étiologie des névroses, inceste; mais les exposés suivis d'une discussion - à laquelle chaque participant est tenu de contribuer - peuvent aussi porter sur des oeuvres littéraires ou même être l'occasion d'aveux et de souvenirs personnels.C'est véritablement au lieu d'origine de ce qui deviendra le mouvement psychanalytique que nous sommes conviés. Car si, en ce début du siècle, la chose analytique ne pouvait qu'être identifiée à la recherche longtemps menée en solitaire par Freud, la cause, elle, demandait à être non seulement soutenue, mais mise à l'épreuve en chacun des intéressés.