Du début du XIXe siècle, tout juste sorti de la Révolution française, jusqu'à la violente rupture de la Première Guerre mondiale, un long siècle de création picturale s'écoule qui voit émerger, croître et se métamorphoser l'espace de production artistique de la modernité. Cet ouvrage se propose de le parcourir en compagnie d'artistes dont l'histoire de l'art a négligé les oeuvres jusqu'à une période récente : les peintres femmes.
Du phénomène inédit de féminisation du Salon officiel sous le Consulat et la Restauration à l'afflux des artistes nordiques, britanniques, russes et américaines sur la scène parisienne à l'aube du XXe siècle, des ultimes débats sur l'ancestrale hiérarchie des genres picturaux au surgissement accéléré des avant-gardes, de la multiplication des ateliers de jeunes femmes au seuil du XIXe siècle aux premières diplômées de l'École des beaux-arts au début du XXe siècle, la période déploie une scène où il nous appartient désormais de les voir et de les entendre jouer, elles aussi, leur rôle d'artiste tel qu'elles s'en emparèrent concrètement, personnellement dans et avec leur temps.
Entre 1780 et 1830, les artistes femmes accèdent en France à une visibilité inédite. Transformé par la Révolution française, l'espace de production artistique s'ouvre de manière inédite aux femmes. Sont ici présentées les oeuvres d'Élisabeth Vigée Le Brun, Adélaïde Labille-Guiard, Marguerite Gérard, Marie-Guillemine Benoist ou Constance Mayer, aux côtés de nombreuses autres plasticiennes célébrées en leur temps : Angélique Mongez, Henriette Lorimier, Pauline Auzou, Hortense Haudebourt-Lescot Adèle Romany, Joséphine Sarazin de Belmont etc. Les conditions de la pratique artistique pour les peintres femmes à cette époque, leur accès à la formation, leur insertion dans le milieu professionnel grâce aux réseaux de sociabilité, la réception critique et publique de leur présence aux Salons méritent d'être redécouverts pour que soit enfin réévalué le rôle, actif et déterminant qu'en tant qu'artistes elles ont tenu dans l'histoire de l'art de la Révolution à la Restauration. N'est-il pas temps de les voir en peintres puisque tel fut leur choix ?