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Martine Reid
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«Si vous deveniez auteur vous perdriez la bienveillance des femmes, l'appui des hommes, vous sortiriez de votre classe sans être admise dans la leur. Ils n'adopteront jamais une femme auteur à mérite égal, ils en seront plus jaloux que d'un homme. Ils ne nous permettront jamais de les égaler, ni dans les sciences, ni dans la littérature ; car, avec l'éducation que nous recevons, ce serait les surpasser.» «Gouverneur» des enfants d'Orléans avant la Révolution, Caroline-Stéphanie-Félicité du Crest, comtesse de Genlis (1746-1830), est l'auteur d'une oeuvre considérable, presque entièrement oubliée aujourd'hui à l'exception de ses célèbres Mémoires publiés en 1825. Dans La Femme auteur, nouvelle sentimentale parue sous l'Empire, elle met en garde les femmes qui souhaitent sortir de leur condition et devenir célèbres grâce à la littérature.
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En 1923, avec Le Blé en herbe, Colette signe pour la première fois un livre du nom qu'elle s'est choisi. Sidonie Gabrielle Colette est enfin devenue Colette. Il lui aura fallu un demi-siècle pour se faire un nom et trouver sa place en littérature. Martine Reid retrace le long chemin qui a conduit Colette à s'émanciper de la tutelle familiale et masculine, à réaliser sa propre carrière artistique et à «devenir soi». Elle analyse les places multiples qu'occupe Colette dans la vie privée (enfant, mariée, divorcée) et dans la vie publique (auteure d'abord dissimulée derrière Willy, journaliste, mime et danseuse, modèle de photographes et conférencière). Si, tour à tour femme-enfant, sauvageonne ou figure maternelle, elle se révèle pétrie de contradictions, Colette est avant tout une femme éprise de liberté et avide de défis, dont l'identité, jamais figée, évolue au gré des rencontres et des expériences. Cet essai interroge les faits de la vie, les oeuvres produites et les positions prises. Les replaçant dans un contexte historique et littéraire précis, il fait émerger une «Colette avant Colette» dans toute sa complexité. Il fait également ressurgir un débat qui n'a rien perdu de son actualité : comment exister comme femme dans un milieu littéraire masculin, quelle place y occuper, comment s'y faire un nom, et à quel prix ?
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«Je suis l'enfant de mon siècle; j'ai subi ses maux, j'ai partagé ses erreurs, j'ai bu à toutes ses sources de vie et de mort.» Amandine-Aurore-Lucile Dupin (1804-1876), devenue George Sand en 1832, avec la publication d'Indiana, fut, dès l'enfance imprégnée des traditions et des légendes de son Berry natal. Observatrice attentive de son temps, elle fume la pipe, s'habille en homme, affiche ses convictions républicaines, est l'amante enflammée de Musset et de Chopin, en un mot fait scandale. Son oeuvre, de Consuelo à La Mare au diable, en passant par La Petite Fadette, culmine dans Histoire de ma vie, et fonde un genre littéraire:l'autobiographie au féminin. Amoureuse éperdue de la vie, George Sand écrit en 1831 à Sainte-Beuve:«Vivre! Que c'est bon! malgré les chagrins, les maris, l'ennui, les dettes, les parents, les cancans, malgré les poignantes douleurs.»
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Félicité de Genlis : la pédagogue des Lumières
Martine Reid
- Tallandier
- Libre A Elles
- 20 Janvier 2022
- 9791021041837
Félicité de Genlis (1746-1830) est l'une des femmes les plus exceptionnelles de la fin du XVIIIe et du début du siècle suivant. Pédagogue à la destinée hors pair, elle est aussi une femme de lettres à l'oeuvre prolifique et diversifiée.
De petite noblesse provinciale, Mme de Genlis abandonne une vie aisée pour une domination qui la place au sommet de la société. D'abord dame pour accompagner de la duchesse de Chartres, épouse de Philippe, fils aîné du duc d'Orléans et futur Philippe Égalité, elle est officiellement désignée « gouverneur » de leurs trois enfants, situation unique dans l'histoire de l'éducation des princes de sang.
La Révolution vient mettre un terme à une entreprise pédagogique dont l'inventivité et l'avant-gardisme forcent l'admiration. Après neuf ans sur les routes de l'émigration en Angleterre, puis en Suisse et en Allemagne, Félicité rentre à Paris ruinée, et gagne désormais sa vie grâce à la littérature. Protégée par Napoléon, elle assiste en 1830 au couronnement de Louis-Philippe, le fils aîné du duc d'Orléans, dont elle a fait l'éducation.
Témoin capital des transformations d'une société où les régimes politiques se sont succédé, Mme de Genlis est profondément moderne dans sa manière de prendre la défense des femmes, de promouvoir la nécessité de l'éducation pour les filles ou de vivre librement de sa plume.