Comment les femmes parlent-elles ? Comment se parlent-elles ? Comment leur parle-t-on ? Et comment parle-t-on d'elles ? Les femmes et les hommes parlent-ils la même langue ? Quel rôle jouent la métaphore sexuelle, les connotations dépréciatives, les insultes à caractère sexuel comme véhicules de l'idéologie sexiste ? Ce livre tente de cerner le langage dans sa diversité sexuelle posée comme culturelle et non pas "naturelle".
Jouer avec le langage, c'est en violer les règles, la norme, c'est tirer parti de ses points faibles, de l'ambiguïté, de l'homophonie. Mais calembours et contrepétries, mots-valises, charades, slogans, comptines manifestent tout autant et même plus que le discours conforme à la norme, la compétence linguistique des sujets parlants. Ne peut jouer de et avec la langue que celui qui la possède à fond. Le jeu, la déviance poétique, sont sous-tendus par une analyse linguistique inconsciente qui fait de tous les locuteurs des linguistes qui s'ignorent.
La linguistique est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls linguistes et c'est l'Alice de Lewis Carroll qui ouvre ici au lecteur la voie d'une réflexion non conformiste sur le langage, conduisant à un exposé des thèmes majeurs de la linguistique.
On peut tout apprendre du langage en général et des langues en particulier à travers l'humour, le jeu, la poésie. Telle est la conviction qui porte ce livre : il propose aux non-spécialistes une introduction inattendue mais rigoureuse à la science du langage.
La langue est-elle machiste ? Faut-il modifier le genre des mots par attachement à l'égalité des sexes ? Le débat est ancien mais toujours d'actualité. Pourquoi certains noms d'agent sont-ils privés de féminin (orateur, syndic, écrivain)? Pourquoi les termes " génériques " désignant des humains sont-ils masculins ? C'est à toutes ces questions et bien d'autres que Marina Yaguello répond dans ce livre, de façon érudite mais jamais pédante, fidèle à son credo selon lequel la linguistique n'est pas qu'une affaire de spécialistes.