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Jeanne Hyvrard
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Un manque mine nos sociétés depuis les Temps Modernes, il est ici interprété comme le refoulement, comme l'oubli absolu du lien primordial avec la mère ; sur cet abandon prospèrent le totalitarisme, le négationnisme et le révisionnisme, trois versions de l'instrumentalisation de la mémoire occultée de la mère. Ressaisir ce laissé-pour-compte de notre philosophie, mettre en lumière ses implications psychologiques, économiques, juridiques et sociales est le projet qui anime les pages de cet essai philosophique.
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Lara, qui a reçu d'Hermine, sa mère adoptive, une éducation scientifique, n'admet pas l'appauvrissement de notre langue et enquête sur la perte du mot fichu, cet ancêtre primordial. Jalonnant son aventure, les personnages se succèdent, drôles, agaçants ou attachants.
« On entendait fréquemment les filles dire qu'elles étaient mal fichues ou, quand l'une d'entre elles passait, qu'elle était bien ou pas bien fichue. Le terme flottait au-dessus de la mêlée sociale, sans parvenir à s'inscrire quelque part de façon décisive. Tant et si bien qu'en dépit de ses efforts et de ses hypothèses, elle ne parvenait pas à tirer les choses au clair... de façon rigoureuse. Fichu restait pluriel, flou, hétérogène et chaotique. L'inverse même d'une science exacte. » J.H.
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Face par laquelle deux pains s'accolent dans le four du boulanger, la « baisure » est ici ce qui soude et déchire les corps : corps séparés, hostiles et fusionnels des amants de toujours. Saintes et pèlerins, princesses et conquérants - Mathilde et Guillaume, Aliénor et Louis - mais aussi, dans notre modernité dévastatrice, un homme et une femme, tous et toutes racontent la lutte de la « puissance » et de la « mémoire », l'inextricable affrontement de l'amour et de la haine, de la vie et de la mort. Meurtri, cependant, le corps de vie, corps de nature ou de femme, garde ses capacités de révolte : ainsi l'emporte ou survit la vie, ainsi naissent les mots régénérateurs de la poésie. La Baisure est suivie de son versant d'une vérité encore mythique ou à venir : Que se partagent encore les eaux, poème qui en appelle, cette fois, à la préhistoire et à une autre genèse, à une différence qui ne soit plus mortelle.
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« "Je te demande le mot qui manque entre logos et nomos, entre le récit et la coutume, entre la raison et la terre, entre la parole et la loi. Je te demande le mot qu'il faudrait entre le principe et le fonctionnement, l'ordre et l'organisation. Formatage ! Dis-tu." Au fil des ans, la digue s'assouplit ouvrant un passage.
Ainsi dans l'ordre et le désordre, le dictionnaire philosophique, La Pensée corps, le portulan de la pensée cybernétique, la description des ports en 324 articles, et des côtes dans les connexions connectantes, les articulations des continents, l'ontologie, l'économie, la démocratie et toute la mise en ordre de la Cité.
Et chacun voyant l'amer baliser le détroit, peut faire sa route dans la Terra Incognita du temps qui vient. Au milieu de la Mer Océane, dans le magma informe du vent et des images, se constitue le grand corail des milliards d'animacules, vidéocorps fragmentés et congelés, installés dans les noeuds du réseau informatisé. » J.H.
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Le cercan ; essai sur un long et douloureux dialogue de sourds
Jeanne Hyvrard
- Des Femmes
- 15 Juin 1987
- 9782721003324
« Vous me regardiez comme si j'étais l'Apocalypse, porteuse à moi seule de la mort en sa totalité et lorsque je vous montrais mains et visage sans plaie ni blessure vous me disiez que quand même j'étais condamnée. » Qui parle ? La bouche organisée de mille cellules folles, la voix sans voix de la longue et douloureuse maladie. Tu n'oses pas l'appeler par son nom, terrifié de ce que tu pourrais découvrir. Pourtant tu l'as, toi ou les tiens. D'où vient alors que les revenants soient murés dans les lazerets de l'exclusion sociale, comme les antiques lépreux qu'on castrait avant de réciter l'office des morts ? La moitié des cancérés guérissent. Ils se cachent. Tu leur interdis d'être ce qu'ils sont. Tu ne veux pas entendre les séquelles des traitements que tu leur as infligés. Tu nies les mutilations qu'ils produisent comme des crimes de lèse-majesté qui mettraient en cause la toute-puissance médicale... J.H.
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Recits de la desherence (icelui/fragments du tiers drame/la convention d'intimite)
Jeanne Hyvrard
- Les Aretes
- 23 Mai 2011
- 9782915886184
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Ici, de courts textes sont assemblés sous forme de collage, comme les voix parfois dissonantes d'un concert de kiosque un soir d'été. Dissonantes parce qu'il s'agit d'illustrer l'absurdité, la cruauté du monde contemporain : le racisme, la torture, la bêtise...
Au fil des pages, aux angles de Beaubourg, les couples se défont, une femme professeur se décourage, les hommes meurent. L'été du titre est celui de la langueur hypocrite, de la déliquescence d'un univers qui se défait... l'écriture, comme la voix ténue et flûtée d'un mirliton d'enfant, vient alors comme un effort pour rassembler le monde et se rassembler soi-même. « Il tue, j'écris. Il tue, j'écris. Il tue, il tue, j'écris, il tue, j'écris, j'écris... » Dans la cacophonie désespérante, une femme écrit comme marche un somnambule : « pour que ça soit efficace, il ne fallait pas faiblir ». Et sa voix finit par être entendue.
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« "L'homme ne peut pas penser à la fusion, né de la femme, il est dès le début dans la contrairation. La femme ne peut pas dire la fusion, car née de la femme, elle n'est jamais tout à fait née." Onze ans d'écriture pour ces deux phrases. Huit livres déjà pour ce drame. Quarante ans de survie pour ce constat. Le champ de l'homme et le chant de la femme ne se recouvrent plus. Traité du désordre, le livre qui manque entre le champ et le chant. Terra incognita, le nom du manque sur les cartes du monde. Et pourtant un autre ordre est à l'oeuvre, la congélation, la satellisation, la mondialisation. Un ordre que tu ne connais pas. Celui de la lusion. Mais si, tu le connais depuis toujours. » J.H.