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Isabelle Stengers
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Notre nouvelle nature : Guide de terrain de l'anthropocène
Anna Lowenhaupt Tsing, Jennifer Deger, Alder Keleman Saxena, Feifei Zhou
- Le Seuil
- Ecocène
- 2 Mai 2025
- 9782021585445
Ce guide pratique et manifeste théorique, lu dans le monde entier, renouvelle en profondeur les sciences sociales et notre compréhension des dérèglements en cours de notre planète.
Il est impossible de saisir ce qu'on appelle l'Anthropocène au seul niveau global. Il nous faut réapprendre à redécouvrir notre Terre, la nouvelle nature où nous vivons désormais, territoire après territoire (ce qu'Anna Tsing appelle des patchs), en suivant aussi bien les dynamiques non humaines que celle des êtres humains.
Ce guide de terrain nous apprend à envisager les effets de nos infrastructures, à en étudier toutes les conséquences, souvent inattendues ou passées sous silence par leurs initiateurs, ce qu'Anna Tsing et son équipe appellent les effets « féraux ».
De la mutation des moustiques sur les navires transportant les esclaves d'Afrique vers les Antilles, devenus ainsi porteurs de la dengue, à la mer Noire privée de poissons, car envahie par les méduses transportées dans les ballasts des navires et favorisées par les insecticides et le réchauffement climatique, en passant par l'envahissante mérule, ce livre fourmille de mille exemples concrets. -
À partir de son expérience dans le mouvement altermondialiste, Starhawk, féministe et sorcière, aborde dans cet ouvrage des questions cruciales qui sont toujours celles des mouvements sociaux aujourd'hui. Elle y examine tour à tour la relation à la nature et aux lieux, l'organisation d'une démocratie directe, les problèmes posés pour construire un mouvement plus diversifié, la question de l'appropriation culturelle, l'importance de repenser la non-violence, le lien entre la spiritualité et l'action... Il s'agit, comme le souligne la philosophe belge Isabelle Stengers, de « participer au travail de connexion, non seulement entre celles et ceux qui résistent et luttent aujourd'hui, mais aussi entre le passé et le présent. Car, s'il n'est pas nourri par l'expérience du passé, le présent s'étiole comme une plante que le sol ne nourrit pas. [...] Starhawk nous demande d'accepter de penser avec l'image du Titanic : nous y sommes, en route vers la collision, et s'il doit y avoir une chance d'avenir, c'est nous, maintenant, qui devons entre-accepter nos divergences et agir ensemble ».
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Chroniques altermondialistes : Tisser la toile du soulèvement global
Starhawk
- Cambourakis
- Sorcières
- 1 Mai 2024
- 9782366248920
Après Rêver l'obscur. Femmes, magie et politique, dans lequel elle racontait sa participation à de nombreux mouvements antimilitaristes et antinucléaires aux États-Unis dans les années 1975-1982, on retrouve Starhawk vingt ans plus tard en première ligne du combat contre la globalisation financière portée par l'OMC, le FMI et la Banque mondiale. Ces chroniques ont été écrites « en direct de la rue », lors des contre-sommets altermondialistes, de Seattle en 1999 à Gênes en 2001, en passant par Québec et le Forum Social de Porto Alegre. Starhawk a été une chroniqueuse autant qu'une visionnaire de ce mouvement, jusqu'au 11 septembre 2001 qui survient alors que le FMI et la Banque mondiale devaient se réunir à Washington et que de nouvelles manifestations y étaient prévues.
De ce mouvement est directement issu le mouvement actuel pour la justice climatique, qui continue de clamer haut et fort, comme ce fut le cas en décembre 2021 à Paris à l'occasion de la COP 21, ce que Starhawk n'a jamais cessé d'écrire : Un autre monde est possible ! -
Réactiver le sens commun ; lecture de Whitehead en temps de débâcle
Isabelle Stengers
- Les Empêcheurs de penser en rond
- 9 Janvier 2020
- 9782359251685
Opposer les scientifiques à un " public prêt à croire n'importe quoi " - et qu'il faut maintenir à distance - est un désastre politique. " Ceux qui savent " deviennent les bergers d'un troupeau tenu pour foncièrement irrationnel. Aujourd'hui, une partie du troupeau semble avoir bel et bien perdu le sens commun, mais n'est-ce pas parce qu'il a été humilié, poussé à faire cause commune avec ce qui affole leurs bergers ? Quant aux autres, indociles et rebelles, qui s'activent à faire germer d'autres mondes possibles, ils sont traités en ennemis.
Si la science est une " aventure " - selon la formule du philosophe Whitehead -, ce désastre est aussi scientifique car les scientifiques ont besoin d'un milieu qui rumine (" oui... mais quand même ") ou résiste et objecte. Quand le sens commun devient l'ennemi, c'est le monde qui s'appauvrit, c'est l'imagination qui disparaît. Là pourrait être le rôle de la philosophie : souder le sens commun à l'imagination, le réactiver, civiliser une science qui confond ses réussites avec l'accomplissement du destin humain.
Depuis Whitehead le monde a changé, la débâcle a succédé au déclin qui, selon lui, caractérisait " notre " civilisation. Il faut apprendre à vivre sans la sécurité de nos démonstrations, consentir à un monde devenu problématique, où aucune autorité n'a le pouvoir d'arbitrer, mais où il s'agit d'apprendre à faire sens en commun. -
Une autre science est possible ! manifeste pour un ralentissement des sciences
Thierry Drumm, Isabelle Stengers
- La découverte
- Poche Sciences Humaines
- 9 Novembre 2017
- 9782707197696
Le compromis qui a longtemps assuré aux chercheurs le minimum d'indépendance vitale est mort. L'économie de la connaissance est dépendante des intérêts privés. Un plaidoyer pour la slow science auquel répond, en miroir, et à un siècle de distance, un brillant pamphlet du philosophe William James.
Comme le fast food, la fast science, c'est vite fait, pas bon et pas très digeste ! Une économie spéculative - avec ses bulles et ses krachs - s'est emparée de la recherche scientifique : les chercheurs doivent intéresser des partenaires industriels, participer aux jeux guerriers de l'économie compétitive. Conformisme, compétitivité, opportunisme et flexibilité : c'est la formule de l'excellence. Mais comment poser publiquement la question d'un désastre lorsque l'on ne veut pas que le public perde confiance en sa science ? Les mots d'ordre comme Sauvons la recherche font consensus, alors qu'ils ne posent surtout pas la bonne question : Mais de quoi faut-il la sauver ?
Ce livre montre que les chercheurs doivent cesser de se prendre pour le cerveau pensant, rationnel, de l'humanité , refuser que leur expertise serve à faire taire l'inquiétude de l'opinion, à propager la croyance en un progrès scientifique inéluctable capable de résoudre les grands problèmes de société. Et qu'ils auraient avantage à nouer des liens avec un public potentiellement intelligent et curieux, c'est-à-dire aussi à produire des savoirs dignes de cette ambition.