Est-ce que notre aptitude à juger, à distinguer le bien du mal, le beau du laid, est dépendante de notre faculté de penser ? Tant d'années après le procès Eichmann, Hannah Arendt revient dans ce bref essai, écrit en 1970, à la question du mal. Eichmann n'était ni monstrueux ni démoniaque, et la seule caractéristique décelable dans son passé comme dans son comportement durant le procès et l'interrogatoire était un fait négatif : ce n'était pas de la stupidité mais une extraordinaire superficialité. La question que Hannah Arendt pose est : l'activité de penser en elle-même, l'habitude de tout examiner et de réfléchir à tout ce qui arrive, sans égard au contenu spécifique, et sans souci des conséquences, cette activité peut-elle être de nature telle qu'elle conditionne les hommes à ne pas faire le mal ? Est-ce que le désastreux manque de ce que nous nommons conscience n'est pas finalement qu'une inaptitude à penser ?
La poésie fut la grande affaire de sa vie : pendant près de quarante ans, de 1924 à 1961, moment du procès Eichmann, Hannah Arendt ne cessa d'en écrire. Ses poèmes, où l'on croisera les figures de Martin Heidegger et de Walter Benjamin, parlent d'exil, d'amour et de mort, de nature et de nostalgie. Rassemblés ici pour la première fois, souvent totalement inédits, ils nous font pénétrer dans le jardin secret de la plus grande philosophe du XXe siècle.
Le charisme de Hitler, la responsabilité politique, le nationalisme, la nature du totalitarisme, le fascisme, l'art de terroriser les populations : ce nouveau recueil de la grande philosophe, dont certains textes sont inédits en français, complète «La Philosophie de l'existence» et manifeste, à chaque page, ce qui l'anima toute sa vie : la passion de comprendre.