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1839. «Le roi des romanciers modernes, c'est une femme», déclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'ôter sa couronne à Balzac, dont il n'a pas aimé Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, «le roi») est sincère, et partagée : par Balzac lui-même, puis par Flaubert, qui comparera son amie à un grand fleuve d'Amérique : «Énormité et Douceur.» Voilà ce que fut la romancière pour ses contemporains. On est loin de la considération réticente dont se contentera longtemps la postérité, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalité qui rayonna sur plusieurs scènes littéraire, politique, sociale. Sand a publié plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont été choisis pour leurs qualités propres et parce qu'ils illustrent ses différentes manières. Indiana, immense succès, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poème de Lélia - révolte métaphysique et sexualité féminine en 1833 - fait scandale. Mauprat échappe aux qualificatifs ou les mérite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social... Pauline est un «roman de l'artiste», veine à laquelle appartient aussi, le diptyque constitué de Lucrezia Floriani et du Château des Désertes. Isidora surprend par sa modernité, forme et fond. Le triptyque champêtre, La Mare au Diable, François le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionnière de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les Maîtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman «industriel» à la fois réaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal débusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin récrit l'histoire de la Révolution en donnant la parole à une paysanne. «Je fais des romans, parce que c'est une manière de vivre hors de moi», dit Sand, prompte à se glisser «dans la peau de [s]es bonshommes», comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quête inquiète et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l'«un de ces grands esprits plein d'inquiétudes qui cherchent leur voie». Quadriller le monde social est nécessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice...), le bon roman exige que soient mêlés «le réel et le poétique». Ainsi naît le romanesque, principe de liberté : c'est l'artiste qui crée le réel, «son réel à lui». Le roman chez Sand a un effet sur «l'emploi de la vie». De lumineuses figures de femmes y mènent un combat pour l'idéal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : énormité et douceur.
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La forêt de Fontainebleau
George Sand
- Reliefs Éditions
- Bibliothèque Illustrée
- 25 Octobre 2024
- 9782380362015
La Bibliothèque illustrée de Reliefs accueille une nouvelle collection de titres engagés :
- Un ouvrage dans l'univers de Reliefs, illustré par Louise Collet, préfacé et réalisé avec soin
- Un texte court et percutant montrant la persistance des enjeux de l'écologie politique
La forêt de Fontainebleau, écrit en 1872, est un texte de soutien de George Sand à une pétition du comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau appelant à l'« assimil[er] aux monuments nationaux et historiques ». Refusant l'élitisme des nantis, des artistes et des penseurs, George Sand insiste sur l'universalité du besoin de nature. Elle poursuit ainsi le combat des peintres de l'école de Barbizon, menés par Théodore Rousseau, offrant un exemple de désobéissance civile avant la lettre. -
1839. «Le roi des romanciers modernes, c'est une femme», déclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'ôter sa couronne à Balzac, dont il n'a pas aimé Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, «le roi») est sincère, et partagée : par Balzac lui-même, puis par Flaubert, qui comparera son amie à un grand fleuve d'Amérique : «Énormité et Douceur.» Voilà ce que fut la romancière pour ses contemporains. On est loin de la considération réticente dont se contentera longtemps la postérité, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalité qui rayonna sur plusieurs scènes littéraire, politique, sociale. Sand a publié plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont été choisis pour leurs qualités propres et parce qu'ils illustrent ses différentes manières. Indiana, immense succès, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poème de Lélia - révolte métaphysique et sexualité féminine en 1833 - fait scandale. Mauprat échappe aux qualificatifs ou les mérite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social... Pauline est un «roman de l'artiste», veine à laquelle appartient aussi, le diptyque constitué de Lucrezia Floriani et du Château des Désertes. Isidora surprend par sa modernité, forme et fond. Le triptyque champêtre, La Mare au Diable, François le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionnière de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les Maîtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman «industriel» à la fois réaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal débusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin récrit l'histoire de la Révolution en donnant la parole à une paysanne. «Je fais des romans, parce que c'est une manière de vivre hors de moi», dit Sand, prompte à se glisser «dans la peau de [s]es bonshommes», comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quête inquiète et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l'«un de ces grands esprits plein d'inquiétudes qui cherchent leur voie». Quadriller le monde social est nécessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice...), le bon roman exige que soient mêlés «le réel et le poétique». Ainsi naît le romanesque, principe de liberté : c'est l'artiste qui crée le réel, «son réel à lui». Le roman chez Sand a un effet sur «l'emploi de la vie». De lumineuses figures de femmes y mènent un combat pour l'idéal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : énormité et douceur.
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Oeuvres autobiographiques (Tome 2-Histoire de ma vie (1822-1832) - Lettres d'un voyageur - Un hiver à Majorque - Journal intime destiné à Musset - etc.)
George Sand
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 26 Mai 1971
- 9782070106448
«Il y a beaucoup à cueillir dans cette oeuvre trop longtemps négligée. Les pages de synthèse dans lesquelles George Sand brosse à grands traits le visage et les transformations de son siècle sont pleines d' aperçus profonds et dignes d'un historien. L'évocation des guerres de la Révolution et de l'Empire, la peinture de la vie des camps, où s'intercalent en contraste les croquis amusants des intrigues de la Cour et des salons, nous conduisent de Cologne à Marengo, du camp de Boulogne à Austerlitz, dans une odeur de poudre et un cliquetis de sabres qui restituent à merveille l'atmosphère de ces temps héroïques, où toute l'Europe vibrait du galop de nos armées. On voit à nu l'évolution d'une jeune âme, au moment où l'adolescence se pose tant de questions, oscillant entre la foi et le doute, cherchant
désespérément et n'obtenant pas de réponse ; et peut-être ne trouvera-t-on nulle part de plus pénétrante description clinique du mal du siècle. Tout cela se mêle de tableaux délicieux, d'anecdotes charmantes, de portraits vivants et pittoresques, malicieux parfois, le tout dans un certain désordre dont on peut discuter s'il est l'effet ou la cause de l'art. Les pages sur Nohant, sur les romans entre quatre chaises, et les promenades à Chaillot, les chapitres sur la vie au couvent des Anglaises, le récit de la voiture perdue dans la brande, au chant des grenouilles : autant de morceaux qui ne s'oublient pas quand on les a lus une fois.» Georges Lubin. -
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont publiées ici intégralement pour la première fois.
Plus de 260 correspondants - dont une cinquantaine de nouveaux - sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires...
On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. -
Dans "Le Dernier Amour", dédié à Gustave Flaubert, George Sand continue à s'interroger sur le mariage, l'amour et la passion. Une jeune femme s'y trouve déchirée entre la passion orageuse et mauvaise qu'elle éprouve pour un tout jeune homme qui pourrait être son fils et un amour raisonnable pour un homme plus âgé qu'elle, son honnête et sage mari. Dans ces contradictions s'affrontent des désirs contraires : désir d'appartenance à une société et contestation d'un ordre qui opprime les femmes. Publié en 1866, ce roman n'avait jamais été réédité.
« Il y avait en elle des cordes brisées ou détendues : l'instrument, exquis par lui-même, ne pouvait être d'accord. Le son déchirant m'en était pénible. Parfois cependant une belle note pure produisait une impression délicieuse. J'éprouvais le besoin de la plaindre ; mais elle ne permettait pas l'amitié et ne semblait pas la connaître. Son attachement pour les siens avait le caractère d'un devoir accompli avec passion, jamais avec tendresse. » G.S.
Mireille Bossis est écrivaine. Elle enseigne à l'université de Paris VII. Elle a soutenu une thèse de doctorat d'État, intitulée À la recherche de George Sand. Écriture romanesque et expression de soi.
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Nouvelles ; la Marquise, Lavinia, Metella, Mattea, Pauline
George Sand
- Des femmes
- Fiction
- 11 Juin 1986
- 9782721002990
« C'est la première fois que l'on réunit en volume ces nouvelles écrites en différents pays et à différentes époques. Si quelques-unes sont des fantaisies du moment, d'autres sont des études un peu plus approfondies et mieux faites pour résister aux changements de mode ou d'opportunité dans la forme et la donnée...
Les nouvelles qu'on va lire appartiennent presque toutes à une jeunesse de l'auteure, et on est toujours indulgent pour la jeunesse. On sent qu'il serait injuste de conclure dogmatiquement contre ce qui est spontané, par conséquent naïf. » G.S., Préface à la première édition.
George Sand n'avait pas encore trente ans lorsqu'elle écrivit ces cinq nouvelles qui marquèrent le début de sa carrière d'écrivaine. Beaucoup plus tard, en 1861, elle réunit pour les publier ces oeuvres de jeunesse qu'elle aimait tout particulièrement et qui, depuis, ne furent plus rééditées.
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Ce recueil réunit une série d'articles, initialement publiés dans Le Temps. George Sand s'y abandonne librement à l'écriture. Politique, religion, nature, place dans l'univers... sont autant de domaines ou sujets dans lesquels s'exerce une réflexion profonde et précise portée par une langue d'une très grande beauté.
« Tout ce qui est, est réceptacle ou effusion, élément ou aliment de vie. Il faut la respiration de tous les êtres pour que chacun de nous ait sa dose d'air respirable. Les nuages sont la sueur de la terre, il faut que tout y transpire pour que nous ne soyons pas desséchés. Il faut que le plus petit astre de la voie lactée fonctionne dans le mode d'existence qui lui est départi pour que l'univers subsiste. Comme la goutte d'eau que le soleil irise, nous avons des reflets, des projections immenses dans l'espace. Et moi, pauvre atome, quand je me sens arc-en-ciel et voie lactée, je ne fais pas un vain rêve. Il y a de moi en tout, il y a de tout en moi. » G. S.
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Cette vierge gauloise, ce type d'Holbein, ou de Jeanne d'Arc ignorée, qui se confondaient dans ma pensée, j'essayai d'en faire une création développée et complète.
Mais où la trouver dans la société moderne ? Je crus ne pouvoir la trouver qu'aux champs, pas même aux champs, au désert, sur une lande inculte, sur une terre primitive qui porte les stigmates mystérieuses de notre plus antique civilisation. Ces coins sacrés où la charrue n'a jamais passé, où la nature est sauvage, grandiose ou morne, où la tradition est encore debout, ou l'homme semble avoir conservé son type gaulois et ses croyances fantastiques, ne sont pas aussi rares en France qu'on devrait le croire après tant de révolutions, de travaux et de découvertes.
Quand on se trouve dans une de ces solitudes où semble régner le sauvage génie du passé, cette pensée banale vient à tout le monde ; "On se croirait ici à deux mille lieues des villes et de la société." On pourrait dire aussi bien qu'on s'y sent à deux mille ans de la vie actuelle.
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Théâtre Tome 7 ; la femme battue (1836) ; le début de colombine (1856)
George Sand
- Indigo Cote Femmes
- 20 Mars 2007
- 9782914378529
Comédie inédite En annexe le fac-similé du manuscrit de George Sand.
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« Aujourd'hui, rien n'entrave plus les déluges qui pèlent le sol et l'entraînent à la mer, tandis que dans les temps secs, les sources, privées d'ombre, tarissent et que l'aridité se propage. Si la France ne daigne pas intervenir, ou si les colons ne se rendent pas aux plus simples calculs de la prévoyance, on peut prédire la ruine et l'abandon prochains de cette perle des mers que les anciens navigateurs saluèrent du nom d'Eden, et qui, épuisée et mutilée par la main de l'homme, secouera son joug et rentrera dans le domaine de Dieu. » G.S.
Les Nouvelles Lettres d'un voyageur sont parues en 1877 après la mort de George Sand.
Avec cette édition posthume, la voyageuse George Sand termine son exploration passionnée du monde. Ces textes, où s'expriment son amour profond de la nature et son souci de la préserver, révèlent une pensée étonnamment moderne, voire prémonitoire.
Ève Sourian est professeure de français au City College Of New York. Spécialiste de George Sand, elle a fait rééditer quelques-unes de ses oeuvres, peu connues mais qui révèlent une grande modernité.
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Botanique : de très nombreux éléments relient George Sand à Jean-Jacques Rousseau, dont la lecture a été déterminante dans sa formation, et qu'elle a souvent évoqué dans son oeuvre. En 1863, elle eut le projet de lui consacrer un roman, Mémoires de Jean Paille, interrompu au bout d'une centaine de feuillets, et jusqu'alors resté inédit.
A un tournant du Second Empire, Sand voulait dans ce roman politique et historique suivre un descendant du philosophe, un "petit-fils de Jean-Jacques", à travers les grandes crises révolutionnaires de son temps. Quel est l'héritage d'un écrivain qui, pour Sand, a changé la vie de ses contemporains autant qu'il a renouvelé la pensée philosophique et politique, et la littérature ? Quelle action a-t-il eu sur les hommes du XIXe siècle, et de qui ceux-ci peuvent-ils se dire les fils ? Telles sont quelques-unes des questions qui hantent ce roman inachevé? comme le long article "A propos des Charmettes" que Sand publie la même année dans la Revue des Deux Mondes.
Le volume est complété par un autre article de Sand de 1841, "Quelques réflexions sur Jean-Jacques Rousseau", par des extraits de son autobiographie, Histoire de ma vie, et par divers documents.
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" Je hais le mariage, je hais tous les hommes, je hais les engagements éternels, les promesses, les projets, l'avenir arrangé à l'avance par des contrats et des marchés dont le destin se rit toujours. Je n'aime plus que les voyages, la rêverie, la solitude, le bruit du monde, pour le traverser et en rire, puis la poésie pour supporter le passé, et Dieu pour espérer l'avenir. " - Lavinia À seize ans, Lavinia a passionnément aimé Lionel qui l'a abandonnée. Désormais veuve d'un vieux lord anglais qui lui a rendu un peu de respectabilité, Lavinia apprend que Lionel, qui va se marier, séjourne dans la même ville qu'elle. Elle lui rend ses lettres. Les anciens amants se revoient, Lionel retombe amoureux...
Les premières lignes : " Puisque vous allez vous marier, Lionel, ne serait-il pas convenable de nous rendre mutuellement nos lettres et nos portraits ? Cela est facile, puisque le hasard nous rapproche, et qu'après dix ans écoulés sous des cieux différents nous voilà aujourd'hui à quelques lieues l'un de l'autre... "