D'où tu parles ? : l'interjection bien connue des amphis de 1968 se trouve ici prise au sérieux, comme une invitation à dire non un état ou une situation, et moins encore un bilan, mais une trajectoire, une dynamique. Forte d'une oeuvre philosophique qui déploie les enjeux de la pensée féministe, Geneviève Fraisse relie ses différents points d'articulation - la redécouverte des révolutionnaires de 1848, les rapports femmes/raison, l'historicité des sexes, les notions de genre , de consentement ou d' habeas corpus - et ses résonances biographiques ou implications pratiques, avec le MLF d'abord et jusqu'au Parlement européen. Elle met ainsi en relief une conception de la recherche visant, loin des solutions toutes faites, à augmenter le problème .
Si, à la suite du mouvement #MeToo, la prise de parole des femmes s'est exprimée avec une ampleur inattendue, aujourd'hui à qui incombe concrètement tant la charge matérielle que mentale du « service domestique » ?
Cette nouvelle édition de l'ouvrage précurseur de Geneviève Fraisse retrace la généalogie de la notion de service - de la domesticité au paradigme du care, de la question de l'emploi et de la hiérarchie sociale entre femmes à celle de la solidarité, du service « à la personne » à la construction d'une société commune aux deux sexes.
Rendre au mot de « service » toute sa polysémie, analyser l'histoire du travail des femmes et de leur émancipation à travers une pensée de l'égalité et de la justice, telle est la grande originalité de ce livre.
Honni par une droite réactionnaire qui se cherche une identité, célébré par une gauche intellectuelle qui a pourtant tardé à en entreprendre l'étude, le genre fait toujours polémique. En désaccord avec les uns et les autres, Geneviève Fraisse s'emploie à explorer cette promesse conceptuelle soucieuse d'un nouvel objet philosophique en construction, dans la droite ligne de ses travaux sur l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes.
Il sera question de vérité, où l'Un, le Deux et le Multiple font face à l'exigence « queer » qui cherche à se définir. « Genre » est un mot en excès, car la question qu'il traite - l'égalité des sexes et la sexualité humaine - déborde toujours l'ordre établi.