«Le destin de mes parents aurait pu me servir d'avertissement. Mais leur exemple ne put rien contre notre disposition naturelle. Le mal venimeux du mensonge serpente sur les branches de ma famille, tant paternelle que maternelle.»À la mort de sa mère adoptive, Elisa reconstitue son histoire familiale. Une histoire dominée par un homme au charme ténébreux, Edoardo Cerentano di Paruta. Dans la Sicile de toutes les magies, ce noble et riche héritier tisse sournoisement les trames du destin, séduisant puis dédaignant sa cousine, la belle Anna, manipulant son ami Francesco, attisant les jalousies et élaborant de cruels stratagèmes. L'ombre du «Cousin» hantera ceux qu'il a envoûtés jusqu'au drame.
«Un jour de janvier de l'an 1941 un soldat allemand marchait dans le quartier de San Lorenzo à Rome. Il savait en tout 4 mots d'italien et du monde ne savait que peu de chose ou rien. Son prénom était Gunther. Son nom de famille demeure inconnu.» Dans cette fresque à la fois historique et populaire, Elsa Morante fait revivre à travers l'histoire d'Useppe, fruit d'un viol commis par un soldat allemand ivre, et de sa mère, les horreurs de la guerre, cet «interminable assassinat».
L'Île d'Arturo, c'est tout l'univers secret de l'enfance et de l'adolescence, mais c'est également, dans le golfe de Naples, l'île de Procida. Arturo y a grandi solitaire et sauvage. Au monde merveilleux des mythes de son enfance, Arturo va peu à peu voir se substituer celui, hostile et pourtant exaltant, des réalités.Et ce sera dans une atmosphère captivante où la comédie côtoie souvent le drame, à travers des aventures que baigne de poésie le talent d'Elsa Morante, une initiation, qui va jusqu'à l'ultime épreuve, jusqu'à la révélation du dernier et du plus cruel des mystères de la vie.
«Montrez à un enfant un chandelier allumé : il ouvrira de grands yeux, agitera les mains, et fera une fête comme s'il voyait une merveille de la nature. Avec le temps, il s'habituera aux grâces de la vie, et il lui faudra quelque chose de rare pour lui donner de l'étonnement et du plaisir. Il n'en était pas de même pour Donna Amalia ; elle restait toujours une novice, et le monde, pour elle, était un théâtre d'Opéra toujours ouvert, avec toutes ses lumières allumées. Par exemple : qu'y a-t-il de plus commun, de plus connu que le soleil et la lune ? Eh bien, devant chaque soleil, devant chaque lune, Donna Amalia s'enthousiasmait, se prenait de curiosité, et elle se tourmentait d'envie comme si elle voyait passer le cortège de la Reine de Saba.» Trois nouvelles oniriques par la grande plume italienne de La Storia.
Nouvelle édition en 2020
Par l'auteur de La Storia, quatorze nouvelles sur le monde imaginaire de l'enfance et de l'adolescence. «Le châle andalou» évoque les tourments d'un garçon partagé entre une adoration éperdue pour l'univers des adultes, incarné par sa mère, et la peur de la réalité. Dans «Le jeu secret», trois enfants, la nuit, s'identifient à des personnages romanesques de leur invention. Dans chaque texte de ce recueil, Elsa Morante nous offre la clé d'un domaine enchanté.
Elsa Morante ne s'est pas soustraite au débat politique qui agita l'Italie dans les années 1960 et 1970. Elle fut une observatrice attentive, inquiète et scrupuleuse des transformations de son pays mais aussi du destin de la révolution et de son idée. C'est sans doute en 1970 qu'elle rédige ce «Petit manifeste des communistes (sans classe ni parti)», publié pour la première fois en 1988, trois ans après sa mort. En treize courtes proses qui vont de l'aphorisme au pamphlet, la romancière affronte les motifs et les mots d'ordre de la révolution, elle reconnaît ses valeurs - l'honneur, la liberté d'esprit, la beauté, l'éthique -, mais aussi ses ennemis : le pouvoir, le parti, la force instituée. C'est ici toute une conception de l'histoire qui se retrouve énoncée avec force.
À Milan, en 1975, un homme d'une quarantaine d'années, mal dans sa peau et dans la société, décide d'entreprendre un voyage en Andalousie à la recherche de l'unique femme de sa vie, celle qui l'a à jamais fasciné, sorcière et fée, madone et putain, l'aimante, la belle et rebelle Aracoeli:sa mère. Entre l'agonie de Franco et l'assassinat de Pasolini, plus meurtri par son enfance que par la sanglante Histoire, Manuele reparcourt ainsi, à travers le temps et l'espace, dans ses lumières et ses ombres, ses sortilèges et ses mensonges, l'existence d'Aracoeli. Dans sa descente vertigineuse aux entrailles de sa mère, Manuele, Orphée et Oedipe à la fois, verra surgir des replis secrets de sa mémoire, telle une idole dévoilée, celle dont le nom, Aracoeli, signifie «Autel-du-Ciel», où lui, le fils, en une terrible passion, s'est laissé immoler.Roman des amours inguérissables, Aracoeli est le plus déchirant portrait de femme que la littérature contemporaine nous ait donné.
«Du 19 janvier au 30 juillet 1938, Elsa Morante a reporté ses rêves sur un cahier d'écolier. Dans son état cruel, tendre et émouvant, le manuscrit trouvé après la mort de son auteur est bien un journal intime à l'érotisme perlé, mais d'un genre plus unique que rare : il est fait de rêves, il n'est pas le fruit de veilles mais de sommeils, il n'est pas diurne mais nocturne... Une matière première qui est un document exceptionnel, en soi d'abord, et puis en reflet viscéral de toute l'oeuvre d'Elsa Morante, cette biographie à peine déguisée d'elle-même et de notre siècle.» Jean-Noël Schifano.