Depuis sa publication, en 2014, ce petit livre a largement contribué à légitimer les efforts visant à rendre la langue française plus souple, plus inclusive, plus égalitaire. Simple et accessible, il démontre que dès sa mise en place, au XVIIe siècle, la masculinisation de la langue française a suscité de vives résistances. Et expose avec humour la misogynie cultivée des siècles durant dans ces chasses gardées de l'entre-soi masculin que furent les cercles de lettrés, les hauts lieux du pouvoir politique, les institutions chargées de veiller sur les arts et les lettres. Il faut beaucoup de mauvaise foi pour oser réfuter ses arguments, largement fondés sur des exemples historiques, et pourtant sa parution a attisé les polémiques autour du langage non sexiste. Vendu à des milliers d'exemplaires, il est aujourd'hui présenté avec une préface de Diane Lamoureux, autrice et chercheuse québécoise dont l'éclairage ramène à ses justes proportions cette querelle très franco-française.
Depuis quand, et comment, et pourquoi le mot « homme » en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ? Au fil d'une passionnante analyse sur l'usage historique de ce terme, son étymologie, la plus-value sémantique qu'il a progressivement acquise, Éliane Viennot retrace l'histoire d'un abus de langage qui gonfle « l'Homme » à la dimension de l'humanité. Au pays du Musée de l'Homme, de la Maison des Sciences de l'Homme, des Droits de l'homme et du citoyen, cette histoire-là relève d'une exception française qui sent fort l'imposture masculiniste. Il est temps que « l'homme » se couche, sémantiquement parlant, qu'il regagne son lit de mâle humain et laisse place aux autres individus du genre Homo, aux personnes humaines.
La violente polémique surgie en France à l'automne 2017autour de l'écriture inclusive a conduit Eliane Viennot à élargir la question au « langage inclusif ». L'autrice de Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! expose dans ce petit guide les bonnes raisons de débarrasser la langue des normes et des règles masculinistes pour dire et écrire un monde où chacun-e aurait sa place, à égalité. Les outils existent : l'acccord de proximité, les féminins des noms de fonctions, le point milieu, la création de néologismes opportuns, etc., sont autant de moyens détaillés dans ces pages, à la portée de tous-tes.
À partir de la fin du Moyen Âge, l'Europe et en particulier la France furent le théâtre d'une gigantesque polémique sur la place et le rôle des femmes. Feutrée ou violente, la querelle en appelle à la raison ou aux émotions, s'exprime en traités, pamphlets, oeuvres d'art... et porte sur tous les sujets, du pouvoir aux relations amoureuses en passant par le travail, le mariage, l'éducation, le corps, l'art, la langue, la religion.
Cette histoire s'est développée en écho aux efforts visant à empêcher ou à faciliter l'accès des femmes et des hommes aux mêmes activités, aux mêmes droits, à la même reconnaissance. Elle a durablement formaté nos sociétés et nos esprits quant aux manières de penser.
Quatrième étape d'une étude magistrale sur La France, les femmes et le pouvoir depuis le Ve ?siècle, ce volume explore les six premières décennies du XIXe?siècle. D'un empire à l'autre, en passant par le retour de la monarchie et celui de la République, la période a vu se consolider la domination des hommes sur les femmes à un point jamais atteint jusqu'alors en France. Entreprise difficile et conflictuelle, dans une société où la question de l'égalité des sexes était débattue depuis la fin du Moyen Âge, et où tant de femmes en avaient fait la démonstration.
D'où le déploiement sans précédent de constitutions, de lois, de mesures règlementaires, de théories pseudo-scientifiques, de discours historiques délibérément muets sur les femmes, mais aussi de violences verbales, physiques et symboliques destinées à asseoir le nouvel ordre et à confiner le sexe dit «?faible?» dans les emplois les plus déqualifiés, loin des lieux de pouvoir et d'excellence. Le tout sans parvenir à désarmer celles et ceux qui pensaient qu'une autre société était possible, et qui, exploitant toutes les failles du système, se donnèrent peu à peu les moyens de changer la donne, pour que l'égalité, la liberté, ne restent pas le bien des frères.
Le deuxième volume de cette grande enquête au coeur de l'exception française commence avec l'arrivée au pouvoir d'Henri IV, premier roi à parvenir sur le trône au nom de la " loi salique ". Il se termine deux siècles plus tard, à la veille de la Révolution française. Croisant les différents domaines où se jouent les rapports de force entre hommes et femmes (politique, économie, droit, culture, religion...), Eliane Viennot met en lumière le double mouvement, très conflictuel, qui caractérise toute cette période : d'une part le début de la " longue marche " vers l'égalité ; d'autre part la nouvelle offensive qui se met en place pour bloquer cette perspective, au nom du respect prétendu de la " différence naturelle des sexes ". Que la querelle sur les femmes soit ancienne, nous le savions déjà. Qu'elle ait rebondi avec cette vigueur d'une génération à l'autre, de l'égalité des droits à la masculinisation de la langue française, en passant par l'accès au savoir et la capacité des femmes à gouverner, voilà qui n'avait encore jamais été montré.
jamais l'histoire de la loi salique - cette disposition française empêchant les femmes d'hériter et de transmettre la couronne - n'avait été faite ; celle des relations entre les hommes et les femmes du point de vue du pouvoir non plus.
un manque, une absence qui se révèlent au grand jour alors que la france peine toujours à faire de la place aux femmes dans les positions décisionnelles. pourtant ce qu'on a pu qualifier d'exception française n'a pas toujours eu le visage qu'on lui connaît. reprenant l'histoire de france à ses origines (les francs saliens, clovis), eliane viennot a cherché à comprendre les raisons de cette exclusion consacrée avec l'arrivée au pouvoir des bourbons (henri iv), les premiers à devoir leur trône à la loi salique.
le résultat est surprenant. mieux, il va à l'encontre des idées reçues. ce travail mené comme une enquête oú les bons et les méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit, oú les faux en écriture, mensonges et omissions abondent, met en lumière la remarquable mixité des pouvoirs pratiquée à certaines époques de l'ancien régime, avant que la loi salique ne constitue une étape centrale dans l'éviction des femmes des sphères du pouvoir.
initié au xiiie siècle, ce processus ne se fit pas sans résistances. les acteurs et les actrices de ce long conflit méritaient à coup sûr cette étude passionnante, en attendant peut-être de trouver une place dans les manuels scolaires.