S'il est un terreau fertile pour les idées reçues, c'est bien le féminisme et son histoire. Préjugés innocents ou délibérément antiféministes, ces idées reçues ont la vie dure et nourrissent les malentendus et les attaques qui impactent les luttes et les disqualifient.
Des suffragettes à Nous toutes, en passant par l'incontournable MLF, ce livre dévoile des combats passionnés et passionnants, au coeur de controverses essentielles dans le débat public. Les divergences politiques et philosophiques traversant également les mouvements féministes, l'autrice entre dans le vif des querelles pour en expliciter le sens. Qu'il s'agisse de la laïcité, de la parité, de l'écologie, des normes corporelles, de la révolution sexuelle ou encore de l'écriture inclusive, des féminismes pluriels apportent des réponses plurielles, présentées ici avec nuance et pédagogie.
Christine Bard est professeure d'histoire contemporaine à l'université d'Angers, membre du laboratoire TEMOS et membre senior de l'Institut universitaire de France. Elle travaille sur l'histoire politique, sociale et culturelle des femmes et du genre. Elle préside l'association Archives du féminisme et dirige la collection « Archives du féminisme » aux Presses universitaires de Rennes.
Christine Bard se fait l'historienne des trajectoires familiales et de son vécu dans L'histoire traverse nos peaux douces, cycle qui comprendra quatre volumes et s'ouvre avec ce premier livre, Jack. Un portrait complexe et tout en nuances de son père - fils d'ouvrier du Nord, instituteur et poète, secret, pudique, intriguant.
L'histoire qui traverse nos peaux douces est celle de la lutte des classes, des sexes, et des bouleversements apportés par les guerres, celle d'Algérie et les deux grands conflits « mondiaux ». Ces luttes ont affecté les vies, suscité des résistances, des compromis, des échappées. Entre histoire et autobiographie, Christine Bard explore, avec tendresse, les traces du passé dans le présent.
Figure phare des «Années folles», la garçonne a gravé dans l'imaginaire collectif sa silhouette androgyne et ses cheveux courts. Symbole d'une émancipation controversée, elle cristallise les tensions d'une société ébranlée par la guerre, partagée entre fièvre de liberté et retour à l'ordre moral.En nous propulsant au coeur d'une décennie fantasmée, Christine Bard analyse une révolution des représentations. Elle en saisit les déclinaisons, de l'univers de la mode à la scène lesbienne en passant par la littérature et le célèbre roman de Victor Margueritte. La garçonne incarne avec force l'ambivalence d'un monde en plein bouleversement.L'essai réunit la culture des apparences, l'histoire politique et l'histoire sociale pour mieux cerner la puissance de cette figure entre subversion et modernité.
Successeur de la culotte, le pantalon symbolise la masculinité et, partant, le pouvoir. Au cours de la Révolution, il se charge d'une signification plus précise en exprimant les valeurs républicaines et devient un élément-clé du nouvel ordre politique. Mais les femmes, privées de droits, assignées à résidence dans leur genre, restent interdites de pantalon.
Rien de tel qu'un interdit pour susciter le désir. Surchargé de fantasmes, le pantalon accompagne toutes les transgressions qui jalonnent la route de l'émancipation des femmes. Artistes, féministes, révolutionnaires, voyageuses, actrices, lesbiennes, sportives, elles s'approprient l'habit masculin. Il faut attendre les années 1960-1970 pour que le pantalon soit féminisé, pour qu'il devienne un vêtement mixte.
Fin de l'histoire ? Pas vraiment. Pourquoi les collégiennes ne portent-elles plus que des pantalons ? Pourquoi une « journée de la jupe » ? L'actualité des questions de sexe et de genre gagne à être située dans l'histoire longue de la peur de la confusion des rôles et de la contestation du pouvoir masculin.
Alors que la jupe a longtemps été subie et vécue comme l'attribut d'une féminité imposée, elle est aujourd'hui reconquise par les femmes, mais aussi par les hommes.
Symbole des stéréotypes de genre pour les uns, symbole d'une libération nouvelle pour les autres. Le Girl Power, Ni putes ni soumises, le Printemps de la jupe et du respect sont autant de manifestations d'une mutation à l'oeuvre : la jupe est-elle forcément le signe de la soumission à l'ordre masculin ? Pour résister à la stigmatisation et au sexisme, pourquoi certaines filles choisissent-elles la jupe, et d'autres le pantalon ? Que penser des pressions diverses pour contrôler, voire réglementer le vêtement à l'école, au travail ou dans l'espace public? Et que dire de la jupe pour homme? Provocation pure et simple, ou désir d'égalité entre les sexes ? Identités, transgressions, résistances...
La jupe est à l'évidence au coeur des débats sur les identités de genre. Vêtus d'un tailleur, d'une mini, d'une jupe punk ou d'un kilt, les enfants et petits-enfants de Mai 68, garçons et filles, qu'ils soient hétéros, homosexuels ou transgenres, réinventent le port de la jupe, pour séduire, provoquer, pour cacher ou pour montrer...
" A la vérité, ce n'est pas une insignifiante besogne que celle qui consiste à rechercher, à apprendre ce qui a été fait, dit, obtenu avant nous.
C'est un long travail de recherches, de lectures, de comparaisons, de méditations qui n'est pas à la portée de tous ". Ainsi s exprimait, il y a un siècle. Marguerite Durand, militante féministe, directrice d'un célèbre quotidien, La Fronde, et fondatrice de la bibliothèque parisienne qui porte aujourd'hui son nom. Les recherches sur les féminismes en France seront désormais plus faciles grâce à ce guide des sources, premier du genre.
Fruit d'un travail collectif lancé par l'association Archives du féminisme, soutenu par le ministère de la Parité et de l'Egalité professionnelle, il a bénéficié de nombreuses contributions bénévoles. II donne une vision à peu près exhaustive des ressources existantes, dont beaucoup sont méconnues. " Féminisme " est entendu ici au sens large : le guide retient tout ce qui renseigne l'émancipation des femmes.
Au-delà du mouvement féministe avec ses associations, sa presse, ses militant-e-s, t il inclut donc les formes politiques, syndicales, associatives, culturelles de l'émancipation des femmes. On y retrouve les femmes dans la résistance, les commissions féminines (dans les partis, les syndicats et les associations non féministes), ainsi que des personnalités liées à ce combat. En nombre conséquent (presque une centaine).
Les centres, archives nationales, départementales, communales, bibliothèques municipales ou universitaires, associations détenant des archives sont présentés. avec la liste de leurs fonds. La nature des documents qu'ils conservent est explicitée. archives imprimées ou manuscrites, documents iconographiques, objets, films... Les descriptifs des fonds sont particulièrement instructifs et peuvent se lire comme une introduction à l'histoire du féminisme.
On trouve notamment un état complet des richesses conservées dans les deux bibliothèques historiques spécialisées : Bibliothèque Marguerite Durand et Centre des Archives du féminisme. Enfin, ce guide propose une webographie, une bibliographie, une liste des périodiques. une liste des associations et un index onomastique. On mesure ainsi la grande diversité des féminismes en France, ainsi que le chemin qui reste à parcourir pour mieux les connaître.
Invitation à la recherche, ce guide vous réserve surprises et découvertes.
« Définir » le féminisme est illusoire. Il plonge ses racines dans une contestation large, celle de l'inégalité des sexes, pour donner naissance à une multitude de réalisations, depuis les salons d'un Ancien Régime policé, jusqu'aux Femen d'un XXIe siècle revendicatif. C'est la raison pour laquelle cette définition prend ici la forme de 550 entrées. Elles sont biographiques, car le féminisme est fait de grandes figures, égéries conscientes ou non de la cause, et thématiques, car il est porteur d'une identité politique et culturelle qui a marqué la plupart des grands mouvements sociaux, politiques et philosophiques.
Le féminisme a sans nul doute accompagné l'histoire de France en affirmant la volonté d'émancipation née des Lumières. Il fait aujourd'hui encore, par nécessité, partie de l'histoire en mouvement. C'est ce que nous démontrent les 200 collaborateurs de cet ouvrage, qui parcourt l'ensemble des thèmes liés à la cause des femmes, réaffirmant, parce qu'il le faut, qu'aucune question sociale ne se résoudra sans elles.
L'antiféminisme n'est pas une tare du passé. En ont récemment témoigné le « Printemps des pères », la « Manif pour tous », l'opposition à la « théorie du genre » ou encore, de manière tragique, l'attentat, à Toronto, d'un homme se réclamant du mouvement des « célibataires involontaires ». Ces phénomènes, pour être compris et combattus, doivent aujourd'hui être situés dans une perspective historique.
En analysant différentes expressions de l'antiféminisme depuis le XIXe siècle, dont celui porté par des femmes, les auteurs réunis autour de Christine Bard démontrent la vitalité historique du combat contre les droits des femmes et ses divers points de contact avec l'homophobie et le racisme. Une attention particulière est portée aux controverses provoquées par le masculinisme, volontiers victimaire, au sujet des « droits des pères » et des violences entre les sexes.
L'ensemble constitue une réponse inédite et nécessaire à un phénomène en pleine expansion.
Spécialisée dans l'histoire des femmes depuis ses premiers travaux universitaires à la fin des années 1990, C. Bard témoigne de son parcours d'historienne s'efforçant de renouveler les approches dans ce domaine et s'attachant à des objets inédits comme les antiféminismes, les garçonnes, les travesties ou encore le pantalon et la jupe. Elle évoque également les enjeux contemporains du féminisme.
Avec les mots, avec le corps, le genre s'impose. En ouvrant la bouche ou en nous habillant le matin, nous portons les marques du genre.
Nos moyens d'expression sont genrés. Nous en jouons et, ce faisant, nous élaborons un imaginaire de la différence sexuelle. Le plus souvent, nous nous contentons d'activer des stéréotypes. Étudier ces marques du genre est donc un vaste chantier, auquel cet ouvrage collectif entend contribuer.
Les mots d'abord. La langue continue à véhiculer de redoutables préjugés sexistes. En témoigne la règle apprise à l'école : « Le masculin l'emporte sur le féminin. » Mais l'écriture inclusive aujourd'hui proposée s'insurge contre la prééminence du masculin sur le féminin dans la langue française.
Et l'histoire des langues et des oeuvres littéraires donne bien des exemples de résistance à ce masculin qui s'impose comme neutre et universel.
Le corps ensuite. Des espaces de liberté se sont ouverts, mais les normes traditionnelles n'ont pas disparu. Le corps vêtu continue de dire le genre.
À moins de perturber le regard avec un travestissement, des pilosités inattendues ou une gestuelle inhabituelle, s'« attaquer » au genre, à son binarisme obligatoire et hiérarchisé, n'est pas chose facile.
Peut-on dépasser le genre ? L'annuler ? Créer du neutre ?
Explicite ou insidieux, ordinaire ou passionnel, l'antiféminisme s'est manifesté tout au long du xxe siècle. récusant l'égalité des sexes, il a surgi avec violence chaque fois que des femmes tentaient de s'aventurer sur des territoires depuis longtemps réservés aux hommes, celui de la création intellectuelle ou celui de l'action politique en particulier. toujours présent, ou sous-jacent, il puise dans une tradition archaïque, mais n'a cessé de s'adapter sous l'influence de bouleversements qu'a connus la société française.
Sous une forme ou sous une autre, l'antiféminisme traduit des angoisses réelles, et à ce titre son histoire appartient à l'histoire des peurs collectives et individuelles. car, depuis la fin du xixe siècle, l'émancipation des femmes a suscité toutes sortes de fantasmes, souvent teintés de misogynie, mais aussi la crainte de l'indifférenciation des sexes. les antiféministes se croyaient menacés par les nouveaux rôles revendiqués par les femmes. les uns jugeaient le féminisme "contre nature" et "immoral", d'autres au contraire "puritain" et "bourgeois". certains y voyaient même une menace pour la survie de la nation et l'harmonie de la société. mais ils n'ont pu empêcher l'émancipation des femmes, même si l'un d'entre eux récusait le vote des femmes, prétextant que le geste était "laid".
Ont participé à cet ouvrage : christine bard, valérie brunetière, luc capdevila, sylvie chaperon, colette cosnier, mireille dottin-orsini, erika flahault, françoise gaspard, anne-marie houdebine-gravaud, dominique loiseau, marie-victoire louis, annelise maugue, pierre michel, janine mossuz-lavau, martin o'shaughnessy, michelle perrot, siân reynolds, florence rochefort, brigitte rollet, geneviève sellier, rita thalmann, françoise thébaud, fiametta venner, fabrice virgili.