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Christine Angot
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«- Vu l'ancienneté des faits, il sera sans doute compliqué de les faire établir, et vraisemblablement, votre père ne sera pas condamné... - Alors, il y a des faits plus récents, qui ont eu lieu à Nancy, à Nice, à Paris et à Tende, il y a deux ans. Ce serait peut-être plus facile... - Certainement. - Mais j'étais majeure. - Ça reste des viols par ascendant, madame. Et qui ont eu un commencement d'exécution quand vous étiez mineure. Moi, je vais le faire convoquer dans un commissariat de Strasbourg. Il aura une grosse frayeur. Il sera difficile d'apporter les preuves. Il y aura sans doute un non-lieu...»
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« Faut se calmer, essayer d'être ce qu'on est c'est-à-dire pas grand-chose. Mettre tout ça à peu près en ordre, déjà, déjà ce serait pas mal. Tout sera dans le bon ordre à partir de là, et dans le bonheur peut-être un jour. Et puis je vais essayer d'être polie. Précise, logique et claire pour une fois. »
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«Je traversais la rue... Vincent passait sur le trottoir d'en face. Je me suis arrêtée au milieu du carrefour. J'étais là, figée. Le coeur battant. Je regardais son dos qui s'éloignait. Torse large, hanches étroites, il avait une stature impressionnante. J'aurais pu courir, le rattraper. Il a tourné au coin de la rue. Je suis restée debout, les jambes coupées. Les yeux fixés sur la direction qu'il avait prise. Je tremblais. Je n'arrivais plus à respirer. J'ai pris mon téléphone dans mon sac, j'ai appelé une amie.»
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Des hommes, des femmes, jeunes, vieux, ou entre deux âges, riches, puissants, pauvres, ou ni l'un ni l'autre. Christine Angot, en radiologue du genre humain, confronte leurs similitudes et leurs différences, déchiffre leurs émotions, leurs solitudes et leurs caractères. Elle offre un dessin implacable de la société française contemporaine.
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En 1993, Christine Angot est encore un auteur inconnu. Elle publie un roman consacré à un enfant, Léonore, qui a huit mois. Ça prend la forme d'un journal, daté du lundi 8 mars au mercredi 31 mars. La narratrice parle de l'enfant et se projette dans toutes sortes de futurs possibles pour la petite fille. Mais on est loin d'un texte doucereux. Au contraire, Angot dit ce que personne ne dit. En fait, elle dit très exactement ce qu'il ne faut pas dire, elle dit ce qui est inadmissible. Le lecteur est un peu comme un baigneur dans une eau tiède qui brusquement sent des courants d'eau froide. Mais la particularité et la force d'Angot est de ne jamais être provocatrice, ce qui serait au fond plus acceptable ou assimilable. Elle dit, simplement, la vérité. Sans se censurer, sans renoncer à ce qui peut choquer.
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À l'occasion de la sortie du film Pourquoi [pas] le Brésil de Laetitia Masson, le 15 septembre 2004 avec Elsa Zylberstein Pourquoi le Brésiloe est peut-être le premier roman d'amour de Christine Angot. Quand on est seule, vraiment seule, et vraiment perdue, vidée et épuisée, prête à renoncer à tout, même au plus important - c'est-à-dire à l'amour - les gens, les autres, l'entourage, les amis, les ennemis, dont tous prêts à vous rassurer. Ils vous demandent gentiment d'y croire encore, de ne pas abandonner. A ce moment-là, si le miracle se produit, si la personne tant espérée, tant attendue, arrive enfin, sera-t-on capable de la reconnaître et d'être reconnueoe Christine Angot décrit depuis toujours les mécanismes de l'être humain : la peur de s'engager, la difficulté de communiquer et de savoir vivre. Les thèmes essentiels de son oeuvre prennent dans cette histoire d'élan et de rejet amoureux une force et un relief inédits. A-t-on jamais observé avec autant de justesse et de témérité l'intimité d'une relation naissante, dans ses remous et ses passions, ses incompréhensions et ses très grandes violences ?
Peut-on enfin se dire que l'être aimé fera un jour en sorte que plus rien ne sera comme avant. Est-ce que l'amour le plus considérable au monde peut permettre à une jeune femme de quarante ans de relire avec distance les lettres que son père Pierre Angot lui écrivait quand elle était encore petite fille ?
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«Les anges ne sont pas tous blancs. Nous n'avons pas le sens de la gravité des choses. Anciens traumatisés pris entre enfance et éternité, nous n'avons pas la sensibilité d'en bas. En général, nos vues, entre ciel et terre, indisposent les humains. Qui n'aiment pas nos livres. Beaucoup trop froids. Ils supportent mal notre humour. Alors, je destine ce livre aux anges et à Dieu et ne souhaite à aucun mortel de l'ouvrir accidentellement.»
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Un homme, dans la dernière phase d'une maladie mortelle, est prostré sur un lit d'hôpital. Il ne doit cesser de penser, sous peine de mourir : «Un vide dans ma tête aurait l'effet d'une embolie.» Le père, la mère, des vieux dont il s'occupait, le personnel soignant se succèdent à son chevet ; les bruits du monde lui parviennent par la télévision, les bribes de conversation dans le couloir. Lui ne pense qu'à Muriel, sa femme.Un monde se reconstruit. Souvenirs, peurs, obsessions, délires remontent en désordre, là, devant nous, sur la page, sur l'écran d'une conscience bouleversée, portée à son point d'incandescence. L'homme parvenu à cet état limite est le maître d'un étrange ballet où les danseurs qu'il convoque sortent des coulisses de la mémoire, changent de partenaires et dansent avec les ombres. C'est l'instant où la vie et la mort se font face, se défient et s'enlacent, c'est l'instant où s'accouplent l'obscène et le sublime.
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Pierre et Rachel vivent une liaison courte mais intense à Châteauroux à la fin des années 1950. Pierre, érudit, issu d'une famille bourgeoise, fascine Rachel, employée à la Sécurité sociale. Refusant de l'épouser, il décide pourtant de lui faire un enfant, Christine, qu'il ne verra qu'épisodiquement. Rachel n'apprend que plus tard qu'il la viole depuis des années. Le choc est immense. Un sentiment de culpabilité larvé s'immisce progressivement entre la mère et la fille. Christine Angot entreprend ici de mettre à nu une relation des plus complexes, entre amour inconditionnel pour la mère et ressentiment, dépeignant sans concession une guerre sociale amoureuse et le parcours de cette femme, détruite par ce péché originel ? : la passion vouée à l'homme qui aura finalement anéanti tous les repères qu'elle s'était construits.
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Un homme, noir, et une femme, blanche, tombent amoureux l'un de l'autre.
Les sentiments ont la force de l'évidence mais aussi celle du défi: ils incarnent deux mondes qui ne se connaissent pas, ne se comprennent pas. La bourgeoisie environnante se moque de leur amour, le refuse, le nie. Et triomphera peut-être...
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« peau d'âne ne connaissait rien, elle habitait une petite ville du centre de la france et n'avait rien vu de très extraordinaire. sa mère, qui était très belle, l'aimait. sa mère était d'origine juive, mais elle avait demandé à être baptisée, pour être comme ses copines janine mouchel, janine busseron. il y avait un mimétisme entre peau d'âne et sa mère.
Un jour, le directeur financier de l'hôpital psychiatrique rattaché à la sécurité sociale où travaillait sa mère, avait dit, à la suite du noël de gireugne, puisque c'était le nom de cet hôpital : c'est incroyable le mimétisme. on était alors dans les années 70, ou à la fin des années 60, c'était la mode des jupes à godets, en tweed, et des pulls chaussettes, et bien sûr des manteaux maxi. la mère de peau d'âne l'habillait toujours dans le même magasin, avec beaucoup de soins, chez caroline. souvent c'était pour prendre des uniformes bleu marine, des jupes bleu marine, des pulls bleu marine, des chemisiers blancs, et pas de pantalons, ces petites filles n'avaient pas droit aux pantalons, sauf s'ils étaient portés sous les jupes, l'hiver. les pantalons étaient considérés comme indécents à cette époque. la mère de peau d'âne n'avait pas le droit d'en porter non plus au début à la sécurité sociale, le directeur, monsieur feignon, l'avait interdit. avec la mère de peau d'âne monsieur feignon avait essayé, elle l'appelait le père feignon, elle ne l'aimait pas.
L'école de peau d'âne était une école de filles, une école privée. pourquoi ? parce que sa mère, qui était si belle, n'était pas mariée avec le père de peau d'âne, et à l'époque c'était extrêmement rare. »
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"Cette fois, j'espère qu'on ne va pas me faire changer les noms, je ne dis rien de mal, je ne dis que la vérité, ce que je sais, ce qui est vrai. Et tellement sur tellement de gens, qui pourraient m'accuser, me porter au tribunal, à moins d'un regroupement, improbable, à moins d'une communauté, lâchons le mot, inavouable. Pas dans le sens de référence, mais le sens : vous ne devriez pas l'avouer que vous êtes une communauté de lâches."