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La côte normande en 2004. Un couple, Tiberden et la narratrice, habite une maison isolée sur les dunes, à côté d'un blockhaus. La désolation des lieux, les absences répétées et le caractère taciturne de Tiberden dépriment la jeune femme, réduite à attendre. Alors, à travers le sable, l'eau et la lumière des paysages marins, les souvenirs inoubliables des plages deviennent peu à peu plus présents que le vide de son existence : Tyrannie de la mémoire collective, elle vous dépossède de vous-même, de votre propre expérience, pour la remplacer par le souvenir qu'elle vous impose, dans vos frémissements, au plus profond, là où tout s'unifie, amplifié, mugissant. Les cris des soldats en feu passent, repassent, écho de vos viscères. Vous revoyez les cibles humaines brulant comme du carburant se jeter pour mettre fin à leur agonie, dans cette mort bestiale qui régnait sans partage sur des malheureux abandonnés de tous, dont le cerveau explosé retombait sur le sable, en pluie de sang et de chair broyée. Parfois le choc est si tenace que c'est comme si, historiquement, la mémoire collective faisait de nous les victimes des victimes. Avec la sensibilité d'une langue émotive, charnelle, et les accents d'une moderne Chanson de Roland, Chantal Chawaf, dans Sable noir, nous permet de revivre l'héroïsme du débarquement et de comprendre la grande épopée, jusque dans ses conséquences lointaines et inattendues.