Décidée à vendre la maison du Finistère, où depuis l'enfance, elle passait ses vacances en famille, parce que restée seule, elle n'en a plus l'usage, et surtout parce que les souvenirs qu'elle garde de ce temps sont loin d'être heureux, Claire prend un congé d'une semaine de son bureau parisien pour régler l'affaire. Elle se rend sur place en voiture un dimanche d'octobre. Arrivée chez elle, une bien mauvaise surprise l'attend. Son projet va en être bouleversé. Cela pourrait être le début d'un roman policier. Il n'en est rien ou presque. L'enquête à laquelle la narratrice se voit soumise n'est que prétexte à une remontée des souvenirs attachés à cette maison autrement dramatique pour elle.
Et si, à près de cinquante ans, elle faisait enfin le point sur elle-même et les siens ?
Dans La Maison de Bretagne, Marie Sizun reprend le fil de sa trajectoire littéraire et retrouve le thème dans lequel elle excelle : les histoires de famille. Il suffit d'une maison, lieu de souvenirs s'il en est, pour que le passé non réglé refasse surface. L'énigme d'une mère, l'absence d'un père, les rapports houleux avec une soeur, voici la manière vivante de ce livre. Mais comme son titre l'indique, c'est aussi une déclaration d'amour à la Bretagne, à ses ciels chahutés et sa lumière grandiose, à l'ambiance hors du temps de ce village du bout des terres, face à l'Océan, où le sentiment de familiarité se mêle à l'étrangeté due à une longue absence.
Les petits personnages qui donnent vie à ce recueil de nouvelles (ou de courts textes) sont ceux que l'on voit, minuscules, secondaires, presque inutiles, dans un tableau dont l'objet principal est un paysage. Figures quasi anonymes dont la présence ne se justifie que par le désir du peintre de donner vie à un décor figé ou d'exprimer le contraste entre leur petitesse et la vastitude du lieu où ils se trouvent. Marie Sizun décide de leur insuffler un nouveau souffle de vie, leur inventant à chacun une histoire, des sentiments, des regrets ou des espoirs, bref, d'en faire les personnages principaux de ces trente-trois nouvelles qui déclinent tout l'univers romanesque de l'auteur. Une femme qui se hâte sur une plage, un enfant solitaire qui joue dans un jardin, un couple au bord de la rupture, des amoureux, une adolescente qui rêve de liberté, tous ces petits personnages s'échappent de la toile pour aller vers leur destin.Le choix des peintures est très large mais reflète au plus juste la sensibilité de Marie Sizun. Des Très riches heures du Duc de Berry à Moser ou Ensor, de Fragonard à Van Gogh, de Vallotton à Monet, Marquet ou Turner, elle réussit chaque fois à trouver le ton juste et la parfaite adéquation entre ce que l'on voit et ce que l'on entend. Racontant la peinture, ou plutôt la prolongeant en imagination, elle nous donne à la voir autrement.
Il est toujours étrange et parfois douloureux de retrouver le cadre de son enfance.
Soucieuse d'éviter " l'immeuble de briques rouges " du huis clos familial, avec ses secrets et ses drames, Marie Sizun nous mène par les rues, pour elle si familières, du XXe arrondissement de Paris, de la porte des Lilas à la place des Fêtes. Surgissent alors les souvenirs en autant d'éclats lumineux, qui ressuscitent le Paris des années 1950 et disent les émotions et les rêves qui font passer de l'enfance à l'adolescence et orientent définitivement les choix de l'adulte.
Ce récit authentique et poignant, mais toujours retenu, Marie Sizun l'a conçu comme un roman, et il se lit comme un roman.
Le monde de la petite marion vacille.
Elle aime sa mère, fanny, mais une dissonance s'installe dans leur relation. une voix un peu trop haute, des emportements inexplicables, un silence embarrassé à propos de ce père allemand dont marion ne sait rien ou presque. avec le temps, marion apprend : fanny est maniaco-dépressive. les rôles s'inversent alors. l'adolescente endosse cette raison qui doucement quitte sa mère. elle la protège, la couvre en taisant ses excès.
Mais l'amour ne suffit pas pour terrasser la folie. nous retrouvons dans ce texte magnifique et douloureux le talent que marie sizun a déployé dans le père de la petite pour dire avec émotion et pudeur l'amour qui rapproche et sépare les êtres.