«Au-delà, on n'apercevait de la mer et du ciel qu'une seule masse grise, informe, agitée de profonds remous. J'aurais aimé peindre cela. Cette informité. Cette force aveugle. Ce chaos.»En route pour le Finistère, Claire est décidée à vendre la vieille maison de l'Île-Tudy où, depuis l'enfance, elle passait ses vacances. À son arrivée, une bien mauvaise surprise l'attend, et la police doit ouvrir une enquête. Les souvenirs attachés à cette maison remontent alors:l'énigme d'une mère, la disparition d'un père, une soeur détestée... Autant de silences et questions en suspens qui trouveront peu à peu leurs réponses sur cette île du bout des terres.
Les petits personnages qui donnent vie à ce recueil de nouvelles (ou de courts textes) sont ceux que l'on voit, minuscules, secondaires, presque inutiles, dans un tableau dont l'objet principal est un paysage. Figures quasi anonymes dont la présence ne se justifie que par le désir du peintre de donner vie à un décor figé ou d'exprimer le contraste entre leur petitesse et la vastitude du lieu où ils se trouvent. Marie Sizun décide de leur insuffler un nouveau souffle de vie, leur inventant à chacun une histoire, des sentiments, des regrets ou des espoirs, bref, d'en faire les personnages principaux de ces trente-trois nouvelles qui déclinent tout l'univers romanesque de l'auteur. Une femme qui se hâte sur une plage, un enfant solitaire qui joue dans un jardin, un couple au bord de la rupture, des amoureux, une adolescente qui rêve de liberté, tous ces petits personnages s'échappent de la toile pour aller vers leur destin.Le choix des peintures est très large mais reflète au plus juste la sensibilité de Marie Sizun. Des Très riches heures du Duc de Berry à Moser ou Ensor, de Fragonard à Van Gogh, de Vallotton à Monet, Marquet ou Turner, elle réussit chaque fois à trouver le ton juste et la parfaite adéquation entre ce que l'on voit et ce que l'on entend. Racontant la peinture, ou plutôt la prolongeant en imagination, elle nous donne à la voir autrement.
En 1877, à la mort tragique de Hulda, la jeune épouse suédoise de Léonard, l'avenir de leurs cinq enfants est incertain. Ils sont traumatisés par la mort de leur mère et la découverte du drame familial qui en est la cause : la liaison de leur père avec Livia, la gouvernante. Si les garçons, envoyés en pension, trouvent leur voie, il n'en va pas de même pour les trois soeurs, que leur père entraîne avec lui dans le dernier parcours aventureux de la vie.
Echapperont-elles à l'autorité de ce père adoré mais abusif ? Passant du XIXe siècle, qui les a vues naître, au XXe, les soeurs vont faire, de façon souvent douloureuse mais magnifique, l'apprentissage de la liberté. Etonnant roman, fertile en rebondissements, Les Soeurs aux yeux bleus nous montre une société en pleine évolution et la dignité nouvelle trouvée par les femmes.
Paris 1944. Une fillette de quatre ans vit seule avec sa mère, femme fantasque qu'elle adore. Lorsque le père - qu'elle n'a jamais vu - rentre de sa captivité en Allemagne, l'existence de celle qu'on appelle « la petite » est bouleversée. Elle éprouve d'abord pour cet « intrus » de la haine, puis elle se met à l'aimer d'un amour absolu. Mais elle sera à l'origine d'un drame familial, dont l'ombre se dessinait dès les premières pages du livre.
Qu'est-ce qu'un père ? C'est la question qui court tout au long de cette remontée de souvenirs, poignants mais distanciés, écrits à la troisième personne et dans une grande économie de style. La réponse, lumineuse, nous sera donnée dans les tout derniers mots du texte.
Il est toujours étrange et parfois douloureux de retrouver le cadre de son enfance.
Soucieuse d'éviter " l'immeuble de briques rouges " du huis clos familial, avec ses secrets et ses drames, Marie Sizun nous mène par les rues, pour elle si familières, du XXe arrondissement de Paris, de la porte des Lilas à la place des Fêtes. Surgissent alors les souvenirs en autant d'éclats lumineux, qui ressuscitent le Paris des années 1950 et disent les émotions et les rêves qui font passer de l'enfance à l'adolescence et orientent définitivement les choix de l'adulte.
Ce récit authentique et poignant, mais toujours retenu, Marie Sizun l'a conçu comme un roman, et il se lit comme un roman.
Le monde de la petite marion vacille.
Elle aime sa mère, fanny, mais une dissonance s'installe dans leur relation. une voix un peu trop haute, des emportements inexplicables, un silence embarrassé à propos de ce père allemand dont marion ne sait rien ou presque. avec le temps, marion apprend : fanny est maniaco-dépressive. les rôles s'inversent alors. l'adolescente endosse cette raison qui doucement quitte sa mère. elle la protège, la couvre en taisant ses excès.
Mais l'amour ne suffit pas pour terrasser la folie. nous retrouvons dans ce texte magnifique et douloureux le talent que marie sizun a déployé dans le père de la petite pour dire avec émotion et pudeur l'amour qui rapproche et sépare les êtres.