Roman «Ils nageaient côte, à côte, lui plus blanc de peau, la tête noire et ronde sous ses cheveux mouillés, elle brûlée comme une blonde, coiffée d'un foulard bleu. Le bain quotidien, joie silencieuse et complète, rendait à leur âge difficile la paix et l'enfance, toutes les deux en péril.» Comme tous les étés, Vinca, quinze ans, et Philippe, seize ans, passent leurs vacances ensemble en Bretagne. Cet été-là, leur amitié de toujours se transforme en amour grandissant et cette sensation nouvelle vient bousculer leur naïveté d'enfants. De la complicité et l'insouciance qui les unissaient, il ne reste plus que souffrance, incompréhension et trahison.
En luttant contre leurs sentiments confus, ils quittent peu à peu le monde de l'enfance et découvrent, amers, les tourments de l'adolescence.
Malgré une différence d'âge entre eux, Léa de Lonval est la maîtresse de Fred Peloux, surnommé Chéri. Léa ressent les moindres effets d'une passion qu'elle pense être la dernière. Il suffira à Chéri d'épouser la jeune Edmée pour comprendre que la rupture avec Léa ne va pas sans regrets. Peinture narquoise d'un certain milieu demi-mondain.
Colette Sido suivi de Les Vrilles de la vigne Dans Sido, la première partie du livre, Colette évoque le souvenir de sa mère tant aimée. Elle nous parle aussi de son père, « le capitaine », second mari de Sido, de sa soeur aînée, « l'étrangère », et de ses deux frères, « les sauvages », de l'amour qui unissait ses parents et de son enfance heureuse.
Des confidences, des anecdotes, des dialogues sur tous les thèmes chers à Colette : l'amour, l'indépendance, la solitude, les souvenirs, les bêtes, la nature, composent Les Vrilles de la vigne, la seconde partie du volume.
Grâce à ce style dru, savoureux, propre à Colette, ces récits, d'une extraordinaire poésie, sont parmi les plus beaux de notre littérature.
Présentation d'Alain Brunet.
Histoire ténue, roman profond. L'histoire : Alain se marie. Il emmène sa chatte dans l'appartement conjugal. Camille, son épouse, en éprouve une jalousie qui rapidement la submerge. Alain devra choisir. Le roman : Alain ne peut supporter la force, la vitalité que manifeste sa jeune épouse, ni le « monde moderne » qu'elle représente. Camille heurte la pudeur d'Alain, « une pudeur d'homme presque toujours plus délicate, plus sincère que la nôtre», dit ailleurs Colette - qui aurait pu intituler ce roman La Pure et l'Impure. « Il y avait dans ce sujet matière à deux cents lignes. Colette l'a développé en deux cents pages. Le miracle est qu'on ne songe pas à s'en plaindre. Son beau génie sensuel a transposé l'anecdote. Il en a fait le roman d'une cristallisation amoureuse qui échoue, d'une intimité conjugale qui rate » (André Billy).
« KIKI-LA-DOUCETTE : Elle a voulu - j'étais petit - me purger avec l'huile. Je l'ai si bien griffée et mordue qu'Elle n'a pas recommencé. Elle a cru, une minute, tenir le démon sur ses genoux. Je me suis roulé en spirale, j'ai soufflé du feu, j'ai multiplié mes vingt griffes par cent, mes dents par mille, et j'ai fui, comme par magie.
TOBY-CHIEN : Je n'oserais pas. Je l'aime, tu comprends. Je l'aime assez pour lui pardonner même le supplice du bain. »
Au large de Brindisi, un bateau recueille un naufragé qui ne parvient à dire qu'un mot, dans une langue inconnue. A la Maison-Blanche, on découvre sur des photos-satellite la mystérieuse maladie qui s'est attaquée aux blés soviétiques, compromettant dramatiquement la récolte à venir. A Londres, un employé d'origine ukrainienne rêve d'abattre les maîtres du Kremlin.
A Stockholm, le marin Thor Larsen se dispose à prendre le commandement du plus gigantesque pétrolier jamais construit. A Moscou, Adam Munro, employé de l'ambassade britannique et agent secret, voit ressurgir Valentina...
Apparemment sans rapports entre eux, ces faits et gestes convergent pourtant. Et leur intrication va placer le président américain Bill Matthews devant le plus terrifiant dilemme. L'alternative du diable...
Un récit haletant, brillant, compact, raconté dans un style vif, à coups de courts paragraphes, aiguisés comme des dagues. Le meilleur des Forsyth, il me semble.
Renée Néré, double transparent de Colette, confie ses souffrances et son courage, sa passion pour son jeu de mime, de danseuse et de comédienne, qu'elle exécute avec un sens aigu de sa beauté, de son extraordinaire pouvoir de fascination et de sa supériorité de femme. Colette, libérée de la contrainte de Willy, réapprend à vivre et retrouve les fils qui tissent son identité : ceux qui la ramènent à l'enfant de Saint-Sauveur avec ses « royales tresses et sa silencieuse humeur de nymphe des bois », ceux qui la rendent aux « merveilles de la terre » et à la féerie du printemps, ceux qui la conduisent jusqu'aux rives de la solitude et de la liberté.
Les pages de La Vagabonde, qui voient se fermer les chemins de la soumission et s'ouvrir ceux de la liberté, portent le signe de la première métamorphose de Colette et chantent sa « première victoire ».
Oeuvre de la maturité, paraissant lorsque Colette a trente-sept ans et qu'elle est essentiellement connue comme l'écrivain des Claudine, La Vagabonde rompt avec ce que ses premiers livres avaient pu contenir de frivolité, d'immoralité ou d'amoralité.
Préface de Nicole Ferrier-Caverivière.
Colette, le plus grand écrivain français naturel.
Henry de Montherlant Préface de Claude Pichois
«À maintes reprises, pendant la guerre, en sortant d'un long sommeil sans rêves ou d'un repos à chaqueminute rompu, il lui était arrivé de s'éveiller hors du présent, dépouillé de son passé le plus récent, rendu à l'enfance, - rendu à Léa.»La fin de la guerre 1914-1918 n'annonce pas de réjouissances pour Chéri. Démobilisé, il peine à vivre au présent. Il se désintéresse de l'amour de sa femme, et la fascination qu'il entretient dans ses souvenirs pour son ancienne maîtresse Léa disparaît lorsqu'il la revoit vieillie. La reconnaissant à peine, il perçoit dans son visage le reflet de sa propre déchéance. Explorant les souvenirs de moments passés qui ne reviendront jamais, Chéri entame une longue descente aux enfers.La Fin de Chéri témoigne avant tout des ravages de la guerre sur les hommes. Au cours du récit, Colette laisse la parole à Chéri qui exprime une profonde solitude et un immense désespoir.
«Crois-moi, il se peut que je cesse d'exister à cause de ton absence, puisque je t'aime.»Renée regarde l'amour comme une aventure légère et agréable, quoiqu'un peu douloureuse parfois. Comme une parenthèse, jamais comme une entrave.Mais elle rencontre Jean et, bien vite, elle sent le poids de cet homme peser sur son coeur. Elle résiste, tente de préserver sa liberté. Mais doit-elle lutter? Ne doit-elle pas accepter de se plier à ce nouvel amour, si différent de tous les autres? A-t-elle seulement le choix?Journal intime de la métamorphose d'une femme qui apprend à accepter sa dépendance vis-à-vis de son amant, L'Entrave est l'un des romans les plus touchants de Colette.
Colette entre dans la Pléiade. L'édition, qui comprendra quatre volumes, offrira non seulement la plupart des romans et des nouvelles, mais aussi les essais principaux, les souvenirs, les dialogues de bêtes. On a tenu aussi à reprendre en appendices des pages publiées par Colette dans des journaux et des revues et qu'elle n'avait pas cru bon de rassembler dans ses oeuvres complètes, au Fleuron. Textes mineurs, certes, mais qui jettent parfois un singulier éclairage sur le roman ou la nouvelle.
Si nous nous sommes tout d'abord particulièrement attaché à procurer un texte sûr - très souvent en effet de graves fautes étaient venues le corrompre au cours des réimpressions -, nous avons surtout tenté de comprendre - et d'expliquer - comment le roman, ou la nouvelle, était né. Une notice propre à chacun des textes en retrace la genèse et s'efforce de retrouver le monde dans lequel ces pages ont été écrites. Claudine à l'école parut en 1900, quelques jours avant l'inauguration de l'Exposition universelle de Paris. Ce monde-là appartient au passé ; aussi nous a-t-il fallu le faire revivre en éclairant de nombreuses allusions aux moeurs et aux personnes - dont certaines sont devenues des personnages de l'oeuvre - disparues.
On a pu parfois disposer des manuscrits. C'est donc la première fois que le lecteur pourra mesurer le travail de Colette et, pour trois de ses romans, la part que Willy avait prise ou voulu prendre. Le tome I contient les oeuvres qui vont de la première Claudine à La Vagabonde. Les tomes II, III et IV présenteront les oeuvres dans l'ordre chronologique de publication. Pour chacun des tomes, une préface qui retracera la période retenue, une chronologie et une bibliographie détaillée viendront compléter l'ensemble de l'appareil critique.
Le tome I commençait avec le siècle (Claudine à l'école, paru en 1900) et s'achevait avec La Vagabonde (1910), qui prouvait qu'après des années tumultueuses Colette Willy était déjà simplement Colette. Ces années tumultueuses, qui l'ont vue sur les planches aussi souvent qu'à son écritoire, le tome II en offre des reflets avec L'Envers du music-hall et L'Entrave, suite de La Vagabonde. Mais il s'ouvre sur ce qui a été une constante chez Colette : l'intérêt passionné porté aux animaux. Ces textes animaliers sont groupés depuis Les Dialogues de bêtes de 1904, le premier livre qu'elle n'ait pas été obligée de signer Willy, jusqu'à des portraits et observations qui appartiennent aux années 1930.
Le tome II est en partie consacré à l'activité du grand journaliste qu'elle a été, notamment au Matin et à Excelsior. Elle a elle-même recueilli ses articles, écrits avant, pendant et après la Première Guerre mondiale, dans Les Heures longues, Dans la foule, La Chambre éclairée. De ses «Impressions d'Italie» on a retrouvé la première version, d'étonnant primesaut, qui avait été maladroitement incorporée dans le tardif Journal intermittent.
Le volume contient ensuite et enfin les grandes oeuvres de la maturité (1920-1923) : Chéri, La Maison de Claudine, Le Voyage égoïste, Le Blé en herbe. Deux des romans qui assurent sa gloire. Les premiers souvenirs d'une femme qui a cinquante ans en 1923, des poèmes en prose, essais et croquis, éclairés par les commentaires ou même - c'est le cas de Chéri - par les éléments d'un dossier qui suit ce projet depuis sa première conception, antérieure à 1914, jusqu'à la pièce reprise triomphalement en 1982. Et chaque fois qu'il a été possible on a recouru aux manuscrits pour que le lecteur puisse participer à la création.
Chacun des quatre tomes dont se composent ces oeuvres de Colette est précédé d'une préface qui retrace la vie de l'écrivain pendant la période définie, d'une chronologie et d'une bibliographie détaillée, qui complètent l'ensemble de l'appareil critique.
Son mouvement libéra le mari inquiet, qui, rendu à une jalousie active et normale, recommença de penser et se leva sans précipitation pour suivre sa femme.
Elle est ici pour quelqu'un, avec quelqu'un. dans moins d'une heure, je saurai tout. cent cagoules, violettes ou vertes, lui garantissaient qu'il ne serait ni remarqué, ni reconnu.
Au cours d'une soirée où se rend le Tout-Paris de la Belle Époque, en 1905, Colette rencontre la marquise de Morny, dite « Missy ». Celle-ci, divorcée et à la tête d'une grande fortune, vit pleinement sa préférence sexuelle. Cheveux courts, pantalon, bottes et complets-vestons : son personnage inclassable dérange et effraie son époque. Un an plus tard, Colette divorce de Willy et va vivre avec Missy une intense histoire d'amour qui durera jusqu'en 1911. Après leur rupture, leurs lettres témoignent d'une indéfectible complicité. Cette relation est fondatrice dans la vie de Colette, dans sa construction personnelle autant que dans son oeuvre littéraire.
Ce livre audio, une sélection parmi le recueil de nouvelles "La Maison de Claudine" paru en 1922, s'ouvre sur « Ma mère et les bêtes » lu par Colette elle-même en 1947. Sa voix aux couleurs de sa terre et ses voluptueux « r » roulés ensoleillent les oreilles. Puis la chaleureuse Anny Duperey prend sa suite avec panache pour nous lire comme autant de contes « La Petite », « La Noce », « Où sont les enfants ? », « Maternité », « Le Rire » et « La Noisette creuse ».
« Que tout était féerique et simple, parmi cette faune de la maison natale... Vous ne pensiez pas qu'un chat mangeât des fraises ? Mais je sais bien, pour l'avoir vu tant de fois, que ce Satan noir, Babou, interminable et sinueux comme une anguille, choisissait en gourmet, dans le potager de Mme Pomié, les plus mûres des "caprons blancs" et des "belles-de-juin". C'est le même qui respirait, poétique, absorbé, des violettes épanouies. » C.
Noël et le jour de l'An sont l'occasion pour Colette de retrouver ses réveillons d'autrefois. De ressusciter par l'écriture l'attente de la dernière heure de l'année ou l'avènement de sa première aube, son enfance villageoise, sa maison heureuse et, bien sûr, celle qui en est l'âme, Sido, sa mère. De 1909 à l'automne 1948, c'est presque toute la carrière littéraire de Colette qui est jalonnée d'évocations de ces moments privilégiés. En femme qui sait et a compris la vie, elle se livre à une vraie méditation sur le monde de l'enfance et invite ses lecteurs à retrouver les « vraies fleurs de décembre que sont Noël et le premier Janvier ».
Temps arrêté, rythme immuable, cycle des saisons. Dans ses textes sur les fêtes de fin d'année, Colette exprime sinon une philosophie de la vie, du moins une conduite de vie : recommencer et non répéter. Renaître à soi-même. Se transformer. En 1952, à 79 ans, deux ans avant de mourir, Colette confiait dans une note conservée à la Bibliothèque national de France : « Je voudrais : 1° recommencer 2° recommencer 3° recommencer... ». Ultime confidence d'une femme et d'un écrivain - impossible dans son cas de séparer les deux existences - qui voulut sans cesse éclore et qui trouva dans son enfance la source d'une éternelle re-création : « Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée, toute mon existence, sur les éclosions. C'est là pour moi que réside le drame essentiel, mieux que dans la mort qui n'est qu'une banale défaite... L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin, et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre. »
Cette correspondance régulière à Moune et au Toutounet commence en septembre 1929 pour s'achever au printemps 1954, à la fin de la vie de Colette. « Moune » est le surnom de Hélène Jourdan-Morhange, qui, d'abord violoniste, devint critique musicale sur les conseils de Colette et écrivit notamment un Ravel et Nous, dédié à ce musicien dont elle avait été l'élève préférée. Le « Toutounet » est Luc-Albert Moreau, dont on connaît bien les nombreuses lithographies et, précisément, les portraits qu'il fit de Colette, ainsi que les gravures de la Treille-Muscate.
Ces vingt-cinq années sont pour Colette celles de l'épanouissement et de la gloire littéraire. Quelque temps durant, elle fut également « marchande de secrets de beauté », comme se plaisait à le dire Cocteau. Puis commence une longue maladie et c'est au cours de ces journées que Colette écrit à Moune : « Aujourd'hui je ne vaux rien. » En 1954, « elle s'éteint comme un soleil qui sombre », dit Maurice Goudeket.
Cest une part importante de l'½uvre qui se trouve conservée dans les archives de la presse française. Une part qui échappait jusquà présent aux nombreux lecteurs de lécrivain. Une part dautant plus significative que Colette se sert souvent de la presse comme dune sorte de banc dessai, esquissant dans ses chroniques des thèmes et des idées quelle développera ensuite dans son ½uvre romanesque ou autobiographique ; et quelle ne considérait pas cette activité journalistique comme une besogne alimentaire, mais comme un pan de son ½uvre. De sorte quon y retrouve les mêmes bonheurs décriture, la même alacrité. Ces articles qui, pour l'essentiel, datent des années 1930 et début 1940, montrent une Colette en prise directe avec son époque. Quil sagisse dun procès dassises, de la traversée inaugurale du paquebot Normandie, de la représentation dune pièce de Guitry, dun portrait du Président de la République Albert Lebrun, dune séance de music-hall avec Mistinguett, on sapercevra quaucun spectacle terrestre ne la laisse indifférente. Acuité du regard, précision du style, souci du lecteur, bonne longueur ni trop long ni trop court. Quelle meilleure définition du journalisme pourrait-on donner ?
Gérard Bonal est spécialiste de Colette et reconnu comme tel, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, il est également président de la société des Amis de Colette. Frédéric Maget, professeur de français, est lauteur de nombreux écrits sur Colette dont il a également édité les Lettres à Missy (Flammarion, 2009)
A Paris, dans les années 1905, Colette fait scandale au music-hall. Simultanément elle devient un écrivain reconnu. Elle gagne sa vie grâce au journalisme et les spectacles l'accaparent. Il y a là une frénésie qui la concerne de près, c'est une question de mouvement, de jeu, de rythme, de variations, de gravité aussi. Elle assiste aux succès du vaudeville Guitry, Labiche, Feydeau comme elle est curieuse des Ballets russes, d'Ibsen et d'Artaud (Les Cenci). Elle dessine les portraits de Marguerite Moreno, Mistinguett, Raimu, Michel Simon, sans oublier ses " souvenirs de Pâques ". Intelligence des situations, émotion discrète, acuité du style : telles sont ces chroniques retrouvées.
« C'est très simple, je voudrais retrouver le moment où soudain Marguerite s'est arrêtée de me parler et que tout s'est suspendu. Nous étions assises l'une en face de l'autre, Marguerite Duras et moi, un après-midi d'automne, chez elle, rue Saint-Benoît numéro 5, je portais un gilet en grosse laine rouge et blanc et un petit foulard de soie léopard tacheté noir et blanc. À un moment, et c'est celui-là précisément que je voudrais retrouver, elle m'a fixée, légèrement absente, la beauté de son visage, ses yeux bleus et purs, son air unique et souverain de Marguerite D. « Tu vois, j'étais exactement comme toi. Le même foulard, les mêmes couleurs, pareille.» Entre nous, sur la table, des feuilles de papier, un magnéto, des stylos, et le livre ouvert : Emily L.
J'étais venue pour qu'elle me parle d'elle. »
Kyoto song a la forme d'un voyage qui contiendrait tous les voyages : un désir, une brûlure, un élan souverain, une danse. Et sur le chemin, je voulais retrouver de manière aléatoire des scènes perdues, ou, comme on dit à la radio, restées en l'air : tant que je serais vivante et que l'envie de marcher sans avoir peur me guiderait, je resterais à Kyoto.
Mais je ne suis pas venue seule au Japon, une petite fille m'accompagne, Lisa. Elle a dix ans. C'est elle qui m'a poussée à être là. Elle dit toujours que son chiffre magique est le 5 mais elle ne sait pas comment l'expliquer, régulièrement, elle lance des choses comme ça, et moi je la crois.
Willy et Colette Claudine à l'école Un titre bien sage pour un roman qui l'est moins. Claudine le reconnaît : « Vrai, cette école n'est pas banale ! » Comment pourrait-elle l'être ? Les élèves ont des personnalités peu communes : la grande Anaïs, que Claudine qualifie de menteuse, filouteuse, flagorneuse, traîtresse, possède en outre « une véritable science du comique » ; les Jaubert sont agaçantes à force de sagesse ; Marie Belhomme, « bébête, mais si gaie » ; Luce, charmeuse autant que sournoise ; et les autres, « c'est le vil peuple ». Quant aux maîtresses. Mlle Sergent, « la rousse bien faite », aussi intelligente que laide, est tout yeux pour son assistante, Mlle Aimée, la bien nommée. Ajoutez les instituteurs des garçons, le pâle Duplessis et le vaniteux Rabastens, le médecin scolaire, le Dr Dutertre, aux dents de loup, qui aime s'attarder auprès des grandes. et vous obtenez un mélange détonant.
Pour parfaire l'ensemble, c'est une Claudine débordante de vitalité, excessive dans ses élans, qui mène la ronde.