Filtrer
Pépites à redécouvrir
-
« Délicatesse à deux c'est : être d'accord pour ne jamais parler d'une chose secrète que nous partageons - parce qu'elle est si fragile. Mais être d'accord sans un mot ; l'accord aussi est silencieux.
Parce que l'entente sublime c'est de s'accorder le plein silence : le don du sans-mot.
Délicatesse du silence plein de ce que l'on pourrait dire. Parce que le bonheur ce n'est pas de dire : c'est de pouvoir dire...
Penser : chacune nous pensons : mais un jour à la fin nous nous dirons tous les signes que nous nous sommes adressés sans dire mot ? Le dernier jour ? Nous nous dirons tout : d'un seul sourire. Ne dirons rien tant qu'un seul sourire ne suffira pas ?
En pensée nous nous disons tout cela, tout ce que nous ne disons pas, et aussi le silence, silencieusement nous en parlons... » H.C.
-
La Lise ou l'enlisement des forces de vie et de l'amour d'une femme en ces plages de brume et de Nord hantées par les récifs tenaces d'un passé jamais clos. Fuite impossible et dérive au fil des mots et des phrases, flux et reflux polyphonique de toutes les voix intérieures qui se mêlent, troublées par les irruptions dissonantes du réel. Brigitte Favresse réalise là son premier roman, d'une écriture étonnamment organique et moderne, à couleur de musique sérielle.
« La Lise, c'est un poème, l'arrachement des phrases, une à une, du fond d'un terrain douteux, obscur, du fond des boues qui voudraient empêcher les mots qui, comme les vagues, ont tendance à s'enfler, puis s'émietter, disparaître. La Lise, c'est nulle part, c'est un endroit blanc, c'est un désert, c'est la descente à l'intérieur de soi où rien n'est beau, ni séduisant, ni simple, c'est une lutte mot à mot, pour exister, pour naître. » B.F
-
La ville d'Istanbul sert de décor, deux personnages homosexuels auxquels une femme s'accroche soutiennent la trame narrative de cet écrit qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour « avoir un sexe », être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, les villes putrides toutes semblables à Istanbul, les travestis, il faut entrer dans la mascarade, revêtir leurs oripeaux brillants, mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère. Les femmes n'ont aucune place en tant que telles dans ce paradis luxuriant et putride orchestré par les hommes. C'est ce que fait apparaître ce livre avec une violence percutante et désespérée.
-
« J'ai préféré partir de la fin : m'asseoir à ma table, et repenser le film, scène après scène. Il en est sorti un texte étrange qui est un peu mon interprétation personnelle de l'histoire... Ce n'est plus un canevas, pas non plus un récit. Il est très fidèle au film : il rend très précisément compte des cadrages, des mouvements de caméra, des dialogues, de la musique, des bruitages, etc. [...] Dans le film, il est question d'un rapport entre deux femmes (mère-fille) dont le combat métaphorique est presque mortel... Je commence à comprendre maintenant, le film terminé, que cette ambivalence maternelle... au fond, ce pourrait être ma mauvaise foi inconsciente... [...] J'ai voulu faire un film sur la subjectivité maternelle, et, ce qui est apparu, c'est une mère, vue à travers les yeux d'une fille. [...] Carla Gravina a interprété le rôle féminin de la mère... Nous avons fait ensemble un travail « sur le féminin », et elle est l'auteure de cette mère souterraine autant que moi. » G.G.
-
« Je porte en mon coeur toute l'enfance des campagnes, toute l'ignorance du sexe, toute la magie du rêve. J'aime cette cour qui tourne inlassablement sur elle-même, comme un vivant tableau. Je suis muette d'émotion. Des mains se touchent, des corps se rapprochent, des billets s'échangent, vite, très vite. Les yeux brillent. » « Agnès, quatre années, ça compte. Quatre années là-bas, de nos douze ans à nos seize ans... Toutes les lettres que je t'ai écrites étaient d'amour, mais je ne le savais pas. Toi, ma très chère, tu n'y as jamais répondu. » Gisèle Bienne