Les coups de cœur
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Passage en poche de ce roman marquant d'Anna Kavan. Chef-d'oeuvre de science-fiction littéraire, mise en garde contre le changement climatique et le totalitarisme, exploration féministe de la violence, Neige est le livre culte et justement sauvé de l'oubli de la grande écrivaine britannique du XXe siècle Anna Kavan, admirée par Anaïs Nin, Doris Lessing, Patti Smith...
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ReSisters - Un roman graphique écoféministe 2030. Dans un univers légèrement dystopique et pourtant terriblement familier, marqué par la course au profit, l'épuisement des ressources et la restriction des libertés, sept personnages tâchent de vivre leur vie. Lila et Mehdi élèvent leur bébé, Naëll, sous le regard malicieux du chat Archimède ; Parvati est venue d'Inde pour ses études ; Sandy fait le ménage dans les locaux de l'entreprise où Pierre travaille comme cadre. Un jour, Pierre commence à recevoir d'énigmatiques messages, signés d'un mystérieux logo en forme d'abeille. Lila décide de mener l'enquête. Elle atterrit alors chez les ReSisters, une communauté en rupture avec le système capitaliste patriarcal néocolonial où s'invente un mode de vie inspiré des idéaux écoféministes. Refusant le sacro-saint progrès sans pour autant aspirer à un retour en arrière , les ReSisters explorent des idées, des rituels, des actions de désobéissance pour régénérer le monde à la lumière des enjeux contemporains. Tandis que Lila plonge dans cet espace parallèle, Pierre découvre la face cachée de notre système lors d'un voyage en Inde. Ces expériences vont bouleverser le quotidien de nos personnages. En toile de fond, une question : comment des personnes sans pouvoir ni argent peuvent-elles changer le monde et le rendre à nouveau désirable ? Entre quête initiatique et fiction philosophique, cette oeuvre chorale mêle narration, apports théoriques et illustrations foisonnantes pour présenter la richesse du mouvement écoféministe.
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La femme qui a tué les poissons et autres contes
Clarice Lispector
- Des femmes
- Fiction
- 2 Décembre 2021
- 9782721009319
Rappelant les légendes traditionnelles et les contes initiatiques, Clarice Lispector mêle le monde de l'enfance aux destins d'animaux. Ces derniers se voient pris dans un tourbillon d'évènements aussi anodins que mystérieux, inspirés de la vie quotidienne. Ainsi, le titre éponyme de ce recueil revient sur la mort de deux poissons rouges que son fils Paulo lui avait demandé de garder en son absence. Dans Comme si c'était vrai, on croise le chien Ulysse au regard humain, fidèle compagnon de Clarice Lispector, qu'elle ne remplaça jamais après sa mort. C'est avec un mélange exquis d'humour et de simplicité, de douce ironie et d'amour maternel, que C. Lispector déploie l'appréhension sensible et émotionnelle du monde, la recherche du sens ou le renoncement à le trouver. La maternité et l'enfance sont au centre de son oeuvre : chez cette autrice incomparable, nulle opposition entre son rôle de mère et son travail d'écrivain. En témoigne son fils cadet, Paulo Gurgel Valente, qui se souvient de sa mère « avec une machine à écrire sur les genoux, tapant avec application au milieu de la pièce principale de la maison, au milieu des bruits des enfants [...] ».
Après avoir publié en 2004 La vie intime de Laura suivi du Mystère du lapin pensant, les éditions des femmes-Antoinette Fouque présentent une nouvelle édition de ces deux contes, réunis en un volume auquel viennent s'ajouter deux titres : une nouvelle traduction de La femme qui a tué les poissons (Ramsay, 1990 et Seuil, 1997) et un conte inédit en français et publié pour la première fois, Comme si c'était vrai. Ce recueil est illustré par l'artiste graveuse Julia Chausson.
« Parce qu'au début et au milieu je vais vous raconter des histoires sur les animaux que j'ai eus, pour vous montrer que je ne pourrais pas avoir tué les poissons autrement que sans le faire exprès. J'ai bon espoir qu'à la fin de ce livre vous me connaissiez mieux et que vous m'accordiez le pardon que je demande pour la mort de deux «tyrougets» - c'est comme ça qu'on les appelait à la maison, «tyrougets» ». C.L
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Une femme porte en permanence un ruban vert autour du cou et refuse que son mari le touche.
Une autre fait l'« inventaire » de ses amant(e)s tandis qu'un fléau plonge les États-Unis dans l'angoisse.
Tour à tour fantastiques ou fantaisistes, les nouvelles de Carmen Maria Machado racontent le trouble, l'ombre et fourmillent d'inventivité. Elles partagent surtout une ambition commune : dire la réalité de l'expérience des femmes et la violence qui s'exerce sur leurs corps.
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« J'ai perdu le sommeil. Je me suis retournée sur mes pas et il ne me suivait plus. Il s'était détaché de moi, et j'errai sans lui dans la nuit. » Marie Darrieussecq souffre d'insomnie depuis des années, comme beaucoup d'entre nous. Elle raconte dans ce livre l'aboutissement de vingt ans de voyage et de panique dans la littérature et dans les nuits. Vingt ans de recours désespérés et curieux, parfois très drôles, à toutes sortes de remèdes, pharmacopée, somnifères, barbituriques, méditation, exercice physique, tests, chamanisme, technologie, recettes et expédients divers... Mais ce livre est surtout hanté par une question magnifique : « Qui est-ce qui ne dort pas quand je ne dors pas ? ». Pas dormir est ainsi une autobiographie d'un genre nouveau : raconter « l'autre qui ne dort pas » et qui est aussi soi. Marie Darrieussecq mène évidemment l'enquête dans la littérature : « J'ouvre les livres et tous me parlent d'insomnie. Woolf ! Gide ! Pavese ! Plath ! Sontag ! Kafka ! Dostoïevski ! Darwich !
Murakami ! Césaire ! Borges ! U Tam'si ! Sur tous les continents, la littérature ne parle que de ça. Comme si écrire c'était ne pas dormir. » Elle raconte ses voyages dans le monde entier, les chambres d'hôtel où le sommeil ne vient pas. Jusqu'au Rwanda, où la mémoire vive du génocide témoigne d'une autre insomnie : devant l'horreur.
L'insomnie nous éveille à l'altérité du monde : présences effacées, fantômes, espèces vivantes en voie de disparition, mondes perdus : « D'autres êtres ont les yeux ouverts. D'autres yeux regardent. L'insomnie se nourrit de ce sentiment confus : il y a autre chose ».
De nombreuses photos et reproductions de documents accompagnent le récit.
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Désobéissantes
Adina Rosetti, Victoria Patrascu, Iulia Iordan, Laura Grunberg, Cristina Andone
- Belleville
- 19 Novembre 2021
- 9791095604389
Libres, indociles et indépendantes : les Désobéissantes font voler en éclats les préjugés ! Ces histoires féministes d'Europe de l'Est, inspirées de faits et personnages réels, dressent des portraits de femmes qui ont brillé. Comme Vera Atkins, l'espionne qui a participé au débarquement en Normandie en 1944 et a reçu la Légion d'honneur ; ou bien Simona Halep, grande joueuse de tennis, classée numéro 1 mondiale en 2018 ; mais aussi Lizica Codreanu, à l'avant-garde de la danse contemporaine, qui a ouvert l'un des premiers centres de yoga à Paris en 1938 ; et encore Diana Dragomir, astronome-physicienne qui a découvert une planète, merci du peu ! Parmi tant d'autres... À travers des récits pleins de poésie et superbement illustrés par une dizaine d'artistes roumaines, nous est contée une nouvelle vision, plus intime et plus à l'est, de l'histoire de la femme, qu'elle soit artiste, entrepreneuse, exploratrice, qu'elle décide d'écrire ou encore d'escalader l'Everest, toujours en réinventant son destin et sans se soucier de ce que peuvent en penser les hommes, les femmes, la société
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La vérité sur la lumière
Audur Ava Olafsdóttir
Coup de coeur- Zulma
- Litterature
- 7 Octobre 2021
- 9791038700642
Dýja descend d'une lignée de sages-femmes islandaises. Seules sa mère et sa soeur y échappent : l'une travaille dans les pompes funèbres, l'autre est météorologue - naître, mourir, entre les deux quelques tempêtes. Elle aide à mettre au monde son 1922e bébé, et note à quel point le plus difficile est toujours de s'habituer à la lumière. Alors qu'un ouragan d'une force inouïe menace l'île, elle apprivoise l'appartement mal fichu hérité de sa grand-tante, avec ses meubles qui font doublon, des ampoules qui clignotent sous la menace d'un court-circuit et un carton à bananes rempli de manuscrits. La transmission sera aussi littéraire, Tante Fífa ayant poursuivi le grand oeuvre de l'arrière-grand-mère : recueillir les récits, pensées et témoignages des sages-femmes (« mères de la lumière » en islandais) qui parcouraient la lande sous le blizzard et dans la nuit noire. Aujourd'hui comme hier, le fil ténu qui relie à la vie est aussi fugace et fragile qu'une aurore boréale. Sous la mansarde, au dernier étage de l'immeuble, un touriste australien égaré semble venu des antipodes simplement pour réfléchir. Décidément, l'être humain reste l'animal le plus vulnérable de la Terre. Drôle, poétique et grave, le nouveau roman d'Auður Ava Ólafsdóttir est une splendeur.